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mercredi 11 octobre 2017

NOTRE POSE DE PLAQUE À GOLFE-JUAN - LE 6 OCTOBRE 2017



C'est le travail essentiel de l'AMEJDAM que de poser des plaques dans les Alpes-Maritimes à la mémoire des enfants juifs qui y ont vécu avant leur déportation.

Habituellement nous plaçons ces plaques sur la façade d'une école, celle que ces enfants avaient fréquenté avant d'être arrêtés. 

Dans le cas de Golfe-Juan, cela n'a pas été possible, car l'école dont nous avions trouvé la trace n'en était pas vraiment une. En effet, ce "Centre École de Céramique" était hébergé par ce qui s'appelait, à l'époque du gouvernement de Vichy, un "Camp Moissons Nouvelles" (au singulier ou au pluriel selon les cas...). Ce centre pour jeunes travailleurs était  logé dans une grande villa entourée d'un jardin. Située Route d'Antibes, elle était nommée "Villa les Palmiers". 

Cette maison a été démolie depuis. Le lieu de mémoire n'existe plus, et personne n'avait plus la moindre idée  concernant l'existence de ce camp de jeunesse. Nous avons cherché, et encore cherché, sans succès. 

C'est la raison pour laquelle il a été décidé de poser cette plaque mémorielle près d'un jardin d'enfants, et du monument aux morts – à un endroit libre qui semblait l'attendre – et ce, grâce au soutien inconditionnel de Mme Michelle Salucki, Maire de Vallauris Golfe-Juan. 





Tous les détails de ces recherches et de leur aboutissement figureront dans les discours qui suivent, que nous publions dans leur intégralité. 

Mais auparavant, quelques mots sur ce qui a précédé la cérémonie.




Ce sont les enfants d'une classe de CM2 de l'école Marie-Louise Gachon qui ont travaillé en amont, afin de participer à cette cérémonie. Nous (Michèle & Feodor Merowka, Jacques Lefebvre-Lintezky & Cathie Fidler) leur avons rendu visite avant son début, dans leur classe, accueillis par Mme Patricia Surmont, la directrice du groupe scolaire, et leur enseignante, Mme Cécilia Barrot-Devroedt. 


À gauche des membres de l'AMEJDAM
Mme Barrot-Devroedt, et à droite Mme Surmont

Cette visite a été un moment d'émerveillement, qui a quelque peu apaisé le trac que nous éprouvions avant l'événement si important qui allait la suivre. 

Nous avons trouvé des enfants attentifs, bien préparés, curieux et informés. Ils nous ont posé des questions pertinentes, sous le regard bienveillant de leur professeure, dont nous avons ainsi pu  admirer le travail et l'implication. 


Ils savaient énormément de choses sur le sujet. Leurs questions étaient parfois des informations qu'ils et elles nous donnaient avec sérieux. D'autres fois ils tiraient les conclusions humaines de ce qu'ils ont appris. Nous avons admiré leur capacité d'attention, et les efforts qu'ils ont fourni afin, notamment, de prononcer ces noms bizarres que leur maîtresse avait écrits au tableau, pour qu'ils puissent les lire ensuite sur la plaque. 

En les quittant, nous avons compris qu'une fois encore notre travail avait été un germe planté dans ces jeunes esprits, et dans leur cœur. Ces enfants-là deviendront sûrement des adultes responsables, et humains. Ils n'oublieront pas où peut mener l'intolérance. Ainsi que l'a dit un des jeunes garçons de cette classe : "Ils n'avaient que 15 ans, ils n'avaient encore rien fait..." 
Rien de mal qui justifie leur sort, ni rien construit, encore : il a tout compris. 


À présent, voilà le déroulé de la cérémonie, accompagnée de quelques discours. 

Tout d'abord, la liste des présents, telle que l'a lue M. Molesti, l'adjoint de Mme le Maire – notre interlocuteur si disponible et efficace tout au long de cette préparation. 

Monsieur Le Préfet

Madame Michelle SALUCKI, Maire de Vallauris Golfe-Juan, Vice-Présidente de la Communauté d’Agglomération Sophia-Antipolis et du Conseil Départemental des ALPES-MARITIMES,

Monsieur Éric PAUGET, Député de la 7ème Circonscription des ALPES-MARITIMES,

Mesdames et Messieurs les Élus,

Messieurs les décorés de la Légion d’Honneur,

Messieurs les Titulaires de la Médaille Militaire,

Messieurs les Titulaires de l’Ordre National du Mérite,

Monsieur le Général Jean-Claude PARIZE,

Monsieur le Général Philippe SEPTIER,

Mesdames et Messieurs les représentants des Autorités Militaires,

Major RIEM Chef du commissariat subdivisionnaire de Vallauris Golfe-Juan
Monsieur le Président de l’U.F.A.C.,

Mesdames et Messieurs les Présidents des Associations Patriotiques et d’Anciens Combattants,

Mesdames et Messieurs les Portes Drapeaux,

Mesdames, Messieurs les Résistants, Déportés, Internés, les Anciens Combattants de France et d'Outre-Mer,

Mesdames et Messieurs les représentants de la Police Nationale et de la Police Municipale,

Mesdames, Messieurs les Membres des Corps des Sapeurs-Pompiers ,

Mme WILLEMS représentant Monsieur l’inspecteur d’académie des Alpes Maritimes

Madame la Directrice de l’École Marie-Louise GACHON, les Enseignants et les Élèves,
Mesdames et Messieurs,


C'est notre Présidente, Mme Michèle Merowka qui a ensuite pris la parole, après le salut au drapeau : 




"Monsieur le Préfet, 
Madame Michelle SALUCKI, Maire de Vallauris Golfe-Juan
Monsieur Éric PAUGET, Député de la 7ème circonscription des Alpes-Maritimes
Madame WILLEMS, représentant l'Inspecteur d'Académie
Mesdames et Messieurs les élus, 
Mesdames et Messieurs les présidents d'associations
Chers amis anciens combattants, Résistants, déportés et enfants cachés, 
Madame la Directrice de l'École Marie-Louise Gachon, Enseignants, et surtout vous, élève de cette école qui prenez une part active à cette cérémonie :

L'école s'appelle Marie-Louise GACHON pour rendre hommage à cette dame qui s’est distinguée pendant la Seconde Guerre mondiale, se dépensant sans compter pour les enfants de l’école de Golfe-Juan comme l’a fait le dirigeant de l’Ecole de Céramique pour six adolescents juifs qu’il n’a pas pu sauver.

Au nom de tous les membres de l’Association pour la mémoire des Enfants Juifs déportés des Alpes Maritimes, je voudrais vous dire mon émotion et mon sentiment de gratitude devant cette plaque qui va être dévoilée. 

Émotion de voir inscrits ces six noms d’adolescents juifs déportés qui avaient trouvé refuge dans votre belle ville, aux côtés des noms des héros des deux Guerres mondiales, ceux qui ont lutté pour que la France soit libérée.

Gratitude pour l’accueil de Mme la Maire et son soutien inconditionnel, et pour M. Molesti qui nous a aidés à préparer cette cérémonie. Mais aussi gratitude pour Cathie Fidler-Lefebvre sans qui cette plaque ne serait pas dévoilée aujourd’hui. Elle a mis toute son énergie dans les recherches, et réussi à surmonter les difficultés rencontrées. Il est vrai que Vallauris est une ville chère à son cœur : son père Eugène Fidler, peintre et céramiste, y a vécu et rencontré de nombreux artistes avec lesquels il partageait ses passions créatrices et son souvenir accompagnait sa fille tout au long de ce parcours mémoriel. Cathie je te laisse la parole en te remerciant pour tout le travail que tu as effectué."   


Voilà ce que Cathie a ensuite expliqué :

"Monsieur le Préfet, Madame le Maire, Mesdames et Messieurs les représentants des différentes associations et communautés, chers professeurs et élèves de l’école Marie-Louise Gachon, chers amis.

C’est avec une grande émotion que je prends la parole ici au nom de l’AMEJDAM afin d’honorer enfin la mémoire de ces six jeunes gens dont les dernières semaines de vie « presque normale » se sont déroulées dans cette commune de Vallauris-Golfe-Juan.

Bien entendu, je souhaite remercier vivement Mme le Maire, qui nous a reçus avec une grande bienveillance quand nous sommes venus, l’an dernier lui exposer notre requête de pose de plaque, et également la directrice et les enfants de l’école Marie-Louise Gachon, qui sont ici aujourd’hui avec leur professeure.

Ayant obtenu l’accord total de Mme le Maire, nous avons terminé des recherches qui avaient été entamées par notre association il y a dix ans. En effet, c’est en 2007 que Feodor Merowka et Maurice Germain ont trouvé deux documents aux archives départementales des Alpes-Maritimes.

L’un était une lettre, en date du 6 octobre 1943, écrite par M. Subinaghi, de l’Association départementale d’enseignement libre professionnel des jeunes, de Nice. Ce courrier, adressé à M. le Préfet, réclamait la libération des frères Joseph et Maurice Joffo, ainsi que celle du jeune Georges Maccio. Le directeur y expliquait que ces jeunes qu’il hébergeait – dans son Centre de jeunes travailleurs, sis à Golfe Juan –, avaient été arrêtés en tant que juifs, et qu’il pouvait prouver qu’ils ne l’étaient pas.

Le second document, également rédigé par M. Subinaghi, comporte la liste des jeunes gens appartenant au « Centre École de Céramique » arrêtés les 2 et 4 octobre 1943.
Ce centre, installé dans une grande villa entourée d’un jardin dépendait d’un mouvement appelé « Moisson Nouvelle ». Celui-ci avait pour but de former la jeunesse française. C’était à l’origine un mouvement pétainiste, mais dans ce cas précis, le lieu semble avoir servi de refuge à des enfants de résistants, et à de jeunes Juifs. Il leur était enseigné les rudiments de divers métiers, dont celui de la céramique, grâce à l’aide d’un potier de Vallauris qui mettait son atelier à leur disposition.

« C’est théoriquement une organisation paramilitaire dépendant du gouvernement de Vichy, une sorte d’annexe des compagnons de France, en fait il s’agit d’autre chose, vous vous en apercevrez rapidement » aurait dit le père de Maurice et Joseph Joffo avant de les y placer, avec le souci de les protéger, comme l’avaient certainement fait les parents des autres jeunes gens dont les noms figurent sur cette plaque.

À partir de ces deux documents, et des listes élaborées par Serge Klarsfeld, nos recherches nous ont permis de découvrir que, mis à part les frères Joffo et Georges Maccio, les SIX autres jeunes clandestins qui étaient hébergés au Centre de Céramique de Golfe Juan, à l’adresse de la « Villa Les Palmiers » Route d’Antibes (ce qui semble correspondre à une adresse sur l’actuelle avenue de la Liberté, à Golfe Juan) ont été arrêtés et déportés depuis Nice via Drancy vers le camp d’extermination d’Auschwitz par le convoi numéro 61, du 28 octobre 1943.

Nous savons tout cela grâce aux fiches du camp de Drancy qui, préservées au Mémorial de la Shoah sont la preuve de leur déportation.

Les frères Joffo ont été sauvés grâce à l’évêque de Nice, Monseigneur Rémond, qui leur a procuré de faux certificats de baptême, avec l’aide du curé de l’église de la Buffa, (l’actuelle église Saint-Pierre d’Arène).  Ce curé les a extraits de l’hôtel Excelsior, où ils avaient déjà été emmenés. Ce lieu était l’antichambre de Drancy, et de la mort. Joseph Joffo a raconté cet épisode marquant de sa vie dans son livre « Un sac de billes », récemment adapté au cinéma pour la 2ème fois.  Le jeune Georges Maccio, lui, a pu sortir in extremis, et très choqué, du camp de Drancy. Il n’était pas juif.

La villa Les Palmiers a été démolie depuis, mais ce qui nous importait, et qui a motivé notre long travail de recherche, c’est d’en savoir davantage sur les six jeunes gens qui ont été arrêtés il y a 74 ans, les 2 et 4 octobre 1943 (nous venons juste de dépasser ces dates anniversaires) puis déportés vers le camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau. Il reste quelques imprécisions à leur sujet, en raison des noms d’emprunt de certains d’entre eux, ou des changements de date de naissance, quand il leur fallait se vieillir, ou se rajeunir, selon la nécessité du moment. Mais voilà ce que nous avons trouvé à leur sujet :

1. Maurice BIQUET, était né le 16/1/1928 à Lille (59) ou à Boulay (57 Moselle), il a été arrêté Route d’Antibes, à Golfe-Juan.
Il n’y a pas de fiche de retour à son nom aux archives de Caen qui contiennent des informations sur le sort des victimes des conflits contemporains – lorsqu’il y a des informations. N’oublions pas que nombre de ces déportés, dont certains vivaient sous un nom d’emprunt, ont souvent disparu dans la nuit et le brouillard, sans que leur mort soit répertoriée nulle part. Maurice Biquet avait 17 ans.

2. Guy COLOM, était né le 25/01/1927 à Belfort. Il était indiqué à la rubrique profession qu’il était écolier. Il apparaît aussi avec le prénom de Guillaume.
Il habitait au Centre-école de céramique à Golfe Juan. 
Il n’y a pas de fiche de retour à son nom aux archives de Caen. Guy COLOM avait 16 ans.

3. Arnold FEIBUSCH alias Jean FEUILLET était né le 17/02/1928 à MERVILLE, selon les documents de l’époque, mais il était en fait né à ANVERS. Domicilié à l'École de Céramique, à GOLFE JUAN, il a été déporté comme les autres par le convoi n° 61 au départ de Drancy le 28/10/1943 avec le matricule 6141. Il avait 15 ans.
Les archives de Caen le signalent comme rapatrié, donc survivant à la fin de la guerre.
4. Salomon MANTEL alias Sylvain MANTEL, était né le 15 novembre 1926 à Lille (Nord). Il est noté comme décédé le 12 août 1945 en Allemagne –. Il est également noté comme décédé dans les fichiers des archives de Caen, et on trouve à son sujet un arrêté du 14 septembre 1994 apposant la mention « mort en déportation » sur son acte de décès. Salomon Mantel avait 17 ans.

5. Eric ROSENZWEIG, alias Henri ROSNOT (de nationalité polonaise était né le 05/06/1928 à Munich. Il a été arrêté à Nice, et déporté à Auschwitz le 28/10/1943. Il était noté que sa profession était « électricien »
Erich Rosenzweig a survécu à sa déportation. Nous avons retrouvé sa trace en 2002, aux USA où il vivait sous le nom de Eric Rosen.

6. Armin SZRAJER (Armand) alias Michel FAUCHET, était né le 12 mars 1926 à Dresde. Arrêté au centre de céramique, il a été déporté par le même convoi 61, le 28/10/1943.
Dans cette ville où tant d’artistes vivent et travaillent, il est important de parler de son arrière-plan familial. Le père de Armin était polonais, et peintre, donc artiste. Il avait quitté la Pologne après la Première Guerre mondiale, pour s’installer en Allemagne. Il était venu se réfugier en France dès 1933, avec sa femme et son jeune fils, Armin. Ce prénom si germanique laisse imaginer le désir d’intégration de cette famille originaire de Pologne. L’arrivée de Hitler au pouvoir fut, on s'en doute, une grande déception qui les amena à fuir vers la France, où il se porta volontaire pour combattre avec l’armée française en 1939. Il alla ensuite se réfugier dans le Midi de la France, et souhaita sans doute protéger son fils en le plaçant dans ce camp de jeunesse. Ce fils unique, Armand, lui-même un jeune peintre de talent, fut arrêté ici en 1943 et ne revint pas de déportation. Il est noté comme décédé le 2 novembre 1943 (sans doute gazé dès son arrivée). Armin Szrajer avait 17 ans.

QUELQUES MOTS SUR CE CONVOI 61 :

Il comportait :
1000 déportés
613 ont été gazés à l’arrivée
284 hommes ont été sélectionnés pour le travail
Il y avait 103 femmes
Il y a eu 42 survivants, dont 3 femmes et 39 hommes

Deux de ces jeunes gens semblent avoir survécu à cette horreur.
Quatre des jeunes garçons dont les noms – grâce à nos volontés conjuguées – sont à présent gravés dans le marbre de cette plaque, ne sont jamais revenus.

Votre ville a contribué à rendre hommage à leurs souffrances, et à leur donner une sépulture. En leur nom, nous vous en remercions."




Ceci a été suivi du discours de Mme Michelle Salucki, Maire de Vallauris Golfe-Juan : 

"Tout d’abord, je tiens à m’associer à l’hommage rendu à Mesdames Merowka et Fidler sans qui l’histoire de ces enfants cachés à Golfe Juan, n’aurait jamais été connue. Vous êtes, Mesdames, des éveilleuses d’histoires oubliées mais aussi des gardiennes d’une mémoire collective que vous transmettez inlassablement, fidèles à des convictions humanistes que nous partageons.

Ils étaient neuf, hébergés à Golfe-Juan, dans un centre de jeunes travailleurs qui dépendait d'un mouvement appelé "Moisson Nouvelle" dans lequel était enseigné entre autres métiers, la céramique grâce à un potier de Vallauris. 

Arrêtés au Centre de Céramique de la Villa les Palmiers, seuls les frères Joffo, Joseph et Maurice – sauvés par l'évêque de Nice et le curé de la Buffa –, et Georges Maccio ont échappé aux camps. 

FAUCHET Michel, MANTEL Salomon, COLOM Guy, BIQUET Maurice sont morts en déportation. 
FEUILLET Jean et ROSNOT Erich ont survécu.

Au-delà de la terrible histoire de l’extermination d’enfants, d’hommes et de femmes et du jugement que nous pouvons porter sur la terrible et barbare période du nazisme avec son cortège de morts lâchement exterminés ou gazés.

Au-delà des émotions, du dégoût, de la colère que ces événements nous inspirent, l’interrogation du POURQUOI taraude chaque être sensé, au plus profond de son humanité.

Le sens est ce qui donne de la valeur à la vie. Je crains que parmi les plus grands penseurs, et malgré leurs quêtes, recherches ou études, pas un n’ait été en mesure de répondre à une telle question. 

Répondre reviendrait à argumenter, analyser, développer, c'est-à-dire chercher une cause, un motif à cette monstruosité, ce qui risquerait de justifier un geste barbare dans sa destruction systématique de l’autre, simplement parce qu’il est l’autre.

Tout individu doté d’une conscience morale lucide ne peut pas envisager, imaginer,  ou ne veut pas accepter que l’homme puisse être privé de discernement au point  de n’avoir aucune empathie pour son prochain.

Il faut se rendre à l’évidence, le mal est le mal. Il faut  accepter ce que l’on ne peut pas, ou plus changer, de manière à pouvoir, sans faiblir,  éradiquer ses causes dans l’œuf, avant que la bête immonde ne se réveille pour tuer sans pitié.

Cette histoire nous renvoie à l’errance d’une humanité qui se cherche, perdue dans l’enfer de la haine de la différence. L’humanité doit-elle vivre les affres des extrêmes pour comprendre que l’homme peut être un loup pour l’homme ?
Le prix à payer pour ceux et celles qui en sont les victimes est trop lourd ; c’est pourquoi  nous devons porter avec eux la mémoire de ces atrocités, faire vivre avec eux cette mémoire, nous sommes tous et toutes impliqués dans ce devoir de mémoire.

Il est nécessaire de veiller, d’éveiller les consciences, de résister, de combattre   ceux qui veulent détruire notre humanité et ses valeurs positives. Les événements nous rappellent régulièrement que les visages et les méthodes changent, mais le fond est toujours aussi hideux.

Pour autant, les consciences s’ouvrent, la bonté et la solidarité perdurent. Aujourd’hui, ces enfants sortent de la nuit de l’oubli pour rejoindre la grande Lumière de l’histoire avec leurs noms gravés dans le marbre.

Nous sommes fiers de participer à cette renaissance, à l’éveil de cette mémoire,  de la même manière que nous sommes  fiers de toutes celles et de tous ceux qui ont sauvé  l’honneur de la France en résistant et en luttant contre cette idéologie monstrueuse.

Nous vous sommes reconnaissants, Mesdames, car vous êtes des porteuses et des passeuses de Lumière, cette Lumière si puissante qui brille dans le cœur des hommes et des femmes de bonne volonté , cette Lumière qui dépasse les clivages, les races et les religions.

Cette Lumière s’appelle  AMOUR et ne s’éteindra jamais."

Monsieur le Député de la 7ème circonscription a été le suivant à prendre la parole. Voilà ce qu'il a dit :






"Mme le Maire, ma chère Michèle, Mesdames et Messieurs les élus municipaux, Mesdames et Messieurs les représentants des autorités civiles et militaires, Mesdames et Messieurs les représentants des associations des anciens combattants, Messieurs les porte-drapeaux, Madame la Présidente de l’AMEJDAM, Mesdames, Messieurs les représentants des associations, Mesdames Messieurs, chers amis, et surtout chers enfants de l’école Gachon.

La mémoire est cette faculté qui nous fait retenir ce qui marque une vie, et que nous avons le devoir de transmettre. Elle a besoin d’entretien et de soin pour lutter contre l’oubli, l’ignorance et l’intolérable, pour que ne se répètent pas les tragédies du passé. Le nazisme et le régime de Vichy font partie de ces moments ô combien douloureux de notre histoire. Une extermination méthodique, programmée, d’une ampleur inouïe. La barbarie innommable a excellé dans la sophistication meurtrière. Furent poursuivis, massacrés, torturés femmes, hommes, enfants, pour leur simple appartenance, parce qu’ils étaient juifs. Il faut que nous nous souvenions de ces temps terribles, sans haine, mais avec la franchise nécessaire, car l’Histoire nous dit, hélas, l’inertie de certains face à l’ignominie. Mais elle nous dit aussi, dans un message d’espérance, le courage et l’abnégation dont ont fait preuve ceux pour lesquels la fraternité et la solidarité sont les valeurs cardinales de leur action. Pour que les porteurs de haine ne soient pas autorisés par l’oubli, libérés du jugement de l’Histoire, nous nous devons aujourd’hui d’honorer la mémoire de ces enfants et de ces jeunes Juifs déportés, et porter un message auprès des jeunes générations avec cette phrase d’Elie Wiesel, que je vous livre en conclusion : « Ceux qui ne connaissent pas leur histoire s’exposent à ce qu’elle recommence.
Je vous remercie." 


Il a ensuite été procédé au dévoilement de la plaque, avec l'aide des enfants de l'école Marie-Louise Gachon. 





Sous notre regard attentif, les enfants ont lu les noms qui y sont inscrits, et ensuite, accompagnés à la guitare par leur professeure, Mme Cécilia Barrot-Devroedt, ils ont  chanté deux chansons, "Comme toi ", de Jean-Jacques Goldman, et "Mille colombes", popularisée par Mireille Matthieu, 

En voici des images :


De gauche à droite :
Mme le Maire, M. le Député, Cathie Fidler, Michèle Merowka, M. Molesti



Il a ensuite été procédé à un dépôt de gerbe, à l'exécution de la Marseillaise par les membres du Corps des Pompiers – reprise en chœur par l'assistance et les enfants – et, pour finir, tout le monde a posé pour les photos du souvenir. 



La cérémonie a été suivie d'un apéritif de l'amitié, offert par la Mairie, et de nombreux échanges chaleureux entre les différents participants. Tous les présents ont exprimé leur grande émotion et leur satisfaction d'avoir assisté à cet hommage rendu aux victimes de cet épisode de l'Occupation dont ils n'avaient jamais eu connaissance.  

Nous ajouterons que Joseph Joffo et son épouse, qui n'ont pas pu assister à cette cérémonie, nous ont prié de signaler qu'ils s'y sont associés en pensée, et de tout cœur. 
Petite surprise : La semaine prochaine vous pourrez entendre, dans le cadre de notre émission hebdomadaire "Au nom des enfants" – sur RCN 89.3 – l'interview que Joseph Joffo a accepté de nous donner à ce sujet. 

Quelques images encore, en guise de conclusion. 


À droite de Mme Salucki, Daniel Wancier, 
représentant ici le CRIF sud-est




À droite de M. Eric Pauget, Mme Willems, qui représentait
M. l'Inspecteur d'Académie
À côté de Michèle Merowka, Mme Denise Holstein,
ancienne déportée rescapée du camp d'Auschwitz.



En fin de cérémonie, le beau sourire de 
Mme Denise Holstein et de M. Feodor Merowka


L'AMEJDAM est fière et honorée de cette seizième pose de plaque dans les Alpes-Maritimes. Merci à tous ceux, nombreux, qui y ont assisté, et merci à vous, qui avez lu ce long billet jusqu'au bout. 

Rendez-vous donc pour la prochaine, à Nice, que nous espérons voir posée avant la fin de cette année scolaire...



~ ~ ~ ~ ~ ~ ~ ~



Crédits photographiques : © Jacques Lefebvre-Linetzky




A

Gr






7 commentaires:

  1. Merci jacques pour ce remarquable reportage. Je n'ai pas pu assister à la cérémonie et grâce à celui-ci j'ai eu l'impression dans vivre les moments les plus forts.
    Saluons également l'extraordinaire travail de lAMEJDAM qui sans relâche continue ses recherches ainsi que ces essentielles poses de plaques

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  2. Très belle cérémonie, malheureusement je n'ai pas pu y assistée mais nous n'oublieront jamais.

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  3. Ces recherches dévoilent des destins tragiques dont nous ignorions les détails. Belle cérémonie, utile en particulier pour les nouvelles générations.

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  4. Merci de votre action,plus nécessaire que jamais .

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  5. Je suis le fils de Arnold FEIBUSCH (alias Jean FEUILLET).
    Je viens de découvrir avec tres grande émotion que cette cérémonie à eu lieu en octobre dernier.
    Si j'en avais eu connaissance à l'avance je serais tres certainement venu y assister.
    Je vous remercie au nom de toute ma famille pour cette initiative.
    Mon père a survécu Auschwitz et la marche de la mort. Il a été libéré à Bergen-Belsen et est retourné à Anvers (Belgique).
    Je contacterai prochainement les personnes liées à cette commémoration.
    Merci.
    Sammy Feibusch
    Israel

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    1. Cher Monsieur, je me suis personnellement occupé de ce travail, et vous ai cherché, bien entendu, mais sans succès, car plutôt du côté d'Anvers... alors je suis très émue de vous lire ici. Au nom de l'AMEJDAM, je suis impatiente de communiquer avec vous. Voici mon email : cathie.fidler@gmail.com
      N'hésitez pas à me contacter très vite.

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