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mardi 30 août 2022

OPIO 2022

UNE ÉMOUVANTE CÉRÉMONIE 

CE 24 AOÛT, À OPIO 


Les lecteurs et lectrices de ce blog connaissent bien à présent l'état de nos recherches sur les 5 membres de la famille Bocobza qui ont été arrêtés à Opio le 23 décembre 1943, et déportés sans retour... Pour rappel, vous pouvez cliquer sur ce lien si votre mémoire flanche un peu, et ensuite sur les liens qu'il contient, car c'est une enquête qui a eu de nombreux rebondissements !

Comme chaque année depuis 4 ans, et en présence de nombreux membres de notre association, nous avons donc déposé une gerbe de fleurs devant la plaque, tandis que M. Thierry Occelli, le maire d'Opio, et sa première adjointe y déposaient chacun une pierre, en signe de respect pour les traditions juives. Après quelques mots d'hommage et  de remerciement de notre Présidente, M. Occelli a  souligné l'implication de son village dans le rappel de ce tragique épisode. 

Photo ©Suzanne Beer

    Photo ©Jacques Lefebvre-Linetzky

Mais cette année, Monsieur le Maire nous a réservé une surprise : il a obtenu de Mme Veronika Fiala-Feurstein, la propriétaire actuelle du Castillo, qu'elle permette à notre groupe de visiter le jardin de sa propriété, dont on se souvient qu'elle avait appartenu à Mme Elisabeth Starr, une Américaine dévouée à la cause des Résistants, qui avait également aidé des soldats de la Première Guerre mondiale. Elle avait commencé à cacher des enfants juifs, et a tellement aidé les autres, en général, qu'elle en est morte de malnutrition, en 1942. 


Ci-dessus, un document exceptionnel que m'a confié Mme Maureen Emerson. Cette carte postale lui a été envoyée par la famille d'une femme qui avait servi avec Elisabeth Starr pendant la Première Guerre mondiale. Elisabeth avait noté, de son écriture si reconnaissable :
"Fermière un jour, fermière toujours" ! 
Il semblerait que c'est la seule fois, depuis la guerre, qu'elle apparaissait revêtue d'une jupe ! 
(Propos rédigés par Maureen Emerson)

On voit bien sur la photo ci-dessus l'état assez sommaire du Castello à l'époque, et le fait que le jardin ressemblait à celui d'une ferme. Ce n'est plus le cas actuellement !



Photos ©Jacques Lefebvre-Linetzky

C'est à la Bastide, une autre maison proche, que résidait la famille Perles, qui fut sauvée grâce à Robert Bocobza. Celui-ci avait couru depuis la Villa San Peyre, cavalant à travers les restanques pour avertir les Perles de l'arrivée des sinistres Citroën, dites 'tractions avant', et des miliciens qui allaient les arrêter. 

On comprend, sur les images ci-dessous, la position dominante des maisons de cette allée qui longe les restanques maintenant plantées de magnifiques oliviers. À l'époque on y cultivait de quoi subvenir aux besoins des habitants des quatre maisons de San Peyre.

Photo ©Cathie Fidler 

Photo ©Jacques Lefebvre-Linetzky

Nous avons pu imaginer la paix relative dont ont joui ces réfugiés, et nous nous sommes tous fait la réflexion que leurs derniers mois avaient dû être bien paisibles, malgré l'angoisse sous-jacente, et le danger permanent d'une arrestation.


Photo ©Suzanne Beer

Mme Veronika Fiala-Feurstein, entre notre présidente, 
Michèle Merowka (à droite) et Cathie Fidler


Un sympathique apéritif a ensuite été servi en cet endroit spectaculaire aux nombreux membres de l'AMEJDAM qui étaient présents, parfois venus de loin, et ce,  grâce à  M. le Maire et à son équipe. 

Pour clore, nous informons nos lecteurs assidus (et les autres) qu'un membre de la famille Bocobza nous a contactés l'an dernier, Robert ayant eu des descendants. 

À présent, un lieu de recueillement les attend à Opio, et c'est cela qui compte pour nous. Notre travail de mémoire est achevé. Cette histoire appartient désormais aussi à la Ville d'Opio, ainsi que l'a dit M. le Maire le matin, et également lors de la cérémonie dédiée à la Libération du Pays Grassois, qui a eu lieu le même jour à 18:30. Ceci est particulièrement important pour nous, et nous l'en remercions vivement. 

L'AMEJDAM est donc très satisfaite de cet épilogue, et d'avoir contribué, ainsi que le veut sa vocation, à la pérennité de la mémoire.  


POUR NE PAS LES OUBLIER 


* * * * * *


Ci-dessous le texte de la courte allocution que j'ai prononcée lors du dépôt de notre gerbe : 

Voilà, c’est la 4ème année que nous nous réunissons ici pour honorer la mémoire des 5 membres de cette famille Bocobza qui ont été arrêtés dans ce village et déportés sans retour. Je ne reviendrai pas sur le détail de cette tragique histoire, mais rappellerai juste qu’ils étaient venus de Marseille où le père était épicier, pour se réfugier ici. Hélas ils y ont été arrêtés en décembre 1943, à la villa San Peyre… là-haut sur la colline … Le plus jeune fils n’avait pas 18 ans et il était handicapé physiquement, partiellement paralysé, suite à la polio. Seuls ont survécu la maman qui était catholique, et un autre fils, Robert qui s’était échappé à temps pour prévenir une autre famille juive réfugiée un peu plus loin : grâce à lui ses membres ont survécu à cette tragédie. Chaque année nous honorons ici la mémoire de ces déportés et postons sur notre blog ce que nous avons découvert. L’an dernier nous avons finalement été contactés par une descendante de Robert, qui avait survécu. Nous espérons que cette plaque pourra servir de lieu de mémoire à cette famille ainsi qu’à tous les habitants d’Opio, dont bon nombre sont les descendants des villageois témoins de cette époque si tragique. C’est pour eux tous que cette plaque existe en ce lieu, afin de rappeler à quoi mènent les fanatismes. Je voudrais aussi rajouter une pensée reconnaissante pour Elisabeth Starr, qui repose ici à Opio : cette Américaine très francophile protégea les résistants et se dévoua à la cause des enfants juifs cachés. 

Merci, Monsieur le maire, d’avoir accompagné notre travail et permis à vos administrés de continuer à honorer ici la mémoire de ces déportés. Leur histoire fait aussi partie de la vôtre. Que leur souvenir soit source de paix et de fraternité. Je vous remercie. 


Cathie Fidler