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dimanche 27 novembre 2016

DÉMONTER LES MÉCANISMES DE LA THÉORIE DU COMPLOT


Attention, théorie du complot sur la chaussée
Image empruntée ici


Il suffit de se promener sur la Toile pour constater à quel point les théories du complot envahissent notre espace quotidien. Depuis l’avènement d’Internet, les rumeurs et autres élucubrations maléfiques se répandent dans une sous-culture à laquelle adhèrent des esprits victimes de ce que Boris Cyrulnik appelle « la pensée paresseuse ». Le doute s’immisce à propos de tout, ce qui semble évident est remis en question. Plus c’est transparent, plus c’est douteux.  Il n’y a pas de fumée sans feu. On ne nous dit pas tout…

Comment définir la théorie du complot ?

Une théorie du complot est le récit d’un événement dont on pense qu’il est le fruit d’une conspiration. Cela consiste à interpréter cet événement à la lumière d’un plan concerté et instruit par un groupe, une société secrète ou un gouvernement dans le but de nuire et de contrôler la société.



Image empruntée ici

Le philosophe, politologue et historien des idées, Pierre-André Taguieff, propose la définition suivante :

lundi 21 novembre 2016

PASSERELLES: ÉCOUTER, CONSEILLER, GUIDER, SOUTENIR…



Photo © JL +L

Mardi 15 novembre 2015, j’ai eu le plaisir recevoir Jacqueline Parienté, correspondante régionale de Passerelles,  à l’antenne de RCN dans le cadre de l’émission de l’AMEJDAM, Au nom des enfants.
Jacqueline Parienté effectue un travail  essentiel au Centre Elie Wiesel de Nice. Souriante et dynamique, elle conseille, elle cherche des solutions aux problèmes que rencontrent ses interlocuteurs, elle est présente et chaleureuse. Sa formation de psychologue donne à son action une efficacité remarquable.

Laissons-lui la parole...


Le bassin aux nymphéas, harmonie verte, 
Claude Monet, 1899.
image empruntée ici



À l’écoute…



"Passerelles est le service d’écoute, d’aide et d’orientation pour les victimes de la Shoah et leurs enfants. Le Fonds Social Juif Unifié a été créé en 1950. Au lendemain de la guerre, il s’est occupé de venir en aide, d’accompagner tous les survivants de la Seconde Guerre mondiale, anciens enfants cachés, personnes déportées et leur famille.  Le FSJU est intervenu pour subvenir à des besoins matériels immédiats, essentiellement d’ordre financier. Immédiatement, on s’est aperçu que les personnes qui revenaient des camps ainsi que les anciens enfants cachés qui essayaient de reprendre une vie à peu près normale,  avaient des besoins d’écoute auxquels le Fonds Social ne pouvait pas répondre. Ces personnes éprouvaient beaucoup de difficulté à s’exprimer et lorsqu’elles tentaient de le faire, elles n’étaient pas entendues.

La Commission Mattéoli


Au fil des années, certains dispositifs ont été mis en place par le gouvernement français, notamment à la fin des années 90. En 1997, la Commission Mattéoli a enquêté sur les spoliations dont les Juifs ont été victimes durant l’Occupation. Cette commission a mis en évidence l’importance de ces spoliations. C’est en 2000 que la Commission d’indemnisation pour les victimes des spoliations a été créée en France. Elle indemnise toute personne qui fait une demande concernant des biens mobiliers ou immobiliers ou des biens bancaires restés en déshérence.

Pour en savoir davantage, cliquez ici


La Fondation pour la Mémoire de la Shoah




Dans ces mêmes années 2000, a été crée la Fondation pour le Mémoire de la Shoah, un partenaire essentiel du Fonds Social Juif Unifié, notamment du service Passerelles. Nous avons des liens réguliers, et chaque année, nous effectuons un bilan qui permet à Passerelles de recevoir des subventions du Mémorial. Une grande partie de mon salaire est assumée par la Fondation pour la Mémoire de la Shoah. Cette fondation est constituée de multiples départements qui ont pour but de transmettre l’histoire de la Shoah au plus grand nombre. Le département pédagogique propose des stages aux enseignants et s’adresse également au public scolaire.
La Fondation pour la Mémoire de la Shoah joue un rôle éminemment social et met à disposition un certain nombre de financements pour des maisons de retraite, pour des soins et des accompagnements divers.

Pour en savoir davantage, cliquez ici


Passerelles



C’est en 2002 que le service Passerelles a été créé, afin de proposer une écoute plus spécifique auprès des survivants de la Shoah. Il y a d’abord eu une plateforme à Paris. Ensuite, ce service a été implanté dans chaque délégation du Fonds Social Juif Unifié, à Paris, bien sûr,  à Toulouse, à Lyon, à Marseille, à Strasbourg et à Nice. Au départ, tous les appels ont été réceptionnés à Paris grâce à un numéro vert gratuit, le 0800 39 45 00. Ces appels étaient reçus par des écoutants qui, tous, avaient un lien avec la Shoah – anciens enfants cachés, anciens déportés… Au fur et à mesure, les appels étaient dispatchés en direction des correspondants régionaux dans les différentes régions concernées.  Certaines régions n’ont pas de délégation du FSJU et une collègue de Passerelles à Paris en a la charge.

Passerelles,  un lieu d’écoute et d’orientation accessible gratuitement au 0800 39 45 00 et sur passerelles@fsju.org

Pour en savoir davantage cliquez ici

Contact Nice Côte d’Azur:
Jacqueline Pariente
04 93 82 47 03
j.pariente@fsju.org


Le travail au quotidien

J’ai plusieurs "casquettes". J’accompagne et je reçois les personnes concernées à la permanence du FSJU. Quand elles ne peuvent pas se déplacer, je fais une visite  à domicile.  Mon secteur comprend les Alpes Maritimes, l’arrière-pays,  la Corse  et une partie du Var. Je les contacte ou elles me contactent par téléphone  et je les accompagne dans leurs dossiers d’indemnisation lorsque cela s’avère nécessaire. Les  anciens enfants cachés grâce à la Claims Conference et à l’État allemand, peuvent toucher une indemnisation mensuelle.  Cela concerne également certaines personnes de Tunisie et du Maroc depuis quelques années. L’allocation d’indemnisation n’est pas la même, la durée non plus. Celle des enfants cachés est une indemnisation à vie et mensuelle. Pour les personnes d’Afrique du Nord, de Tunisie ou du Maroc, à l’exclusion de l’Algérie, c’est une indemnisation forfaitaire. Nous avons également le souci  d’accompagner ce public qui est âgé dans sa majorité et qui peut souffrir de perte d’autonomie. Je travaille beaucoup avec le service social de Nice, le CASIN qui lui-même travaille en coordination avec les services sociaux de la ville pour aider ces personnes au maintien à domicile ou à les accompagner dans des maisons de retraite. Je m’occupe aussi de l’accompagnement en fin de vie afin d’assurer à ces personnes une vie décente. Il faut veiller à ce que les factures du quotidien (loyer, EDF, assurance, mutuelle) soient réglées. Nous les  aidons aussi à bénéficier de portage de repas par la ville de Nice.  Et nous faisons en sorte qu’elles puissent faire face à des frais médicaux prioritaires – appareils auditifs, lunettes, soins dentaires…  Nous assurons ce suivi régulièrement. Ces personnes peuvent bénéficier d’une bonne situation à un moment donné et au décès de leur conjoint, leur condition peut se dégrader très rapidement. Il faut ne pas les perdre de vue  et je les appelle régulièrement. Nous avons d’ailleurs un service dédié au FSJU dont s’occupe Sylvia Bruter. Il s’agit d’un service d’écoute, d’appels téléphoniques auquel participent deux bénévoles et qui, chaque semaine, appellent des personnes isolées afin de s’enquérir de l’évolution de leur situation. Il y a certaines personnes qui n’ont aucun lien avec la communauté, aucun lien avec qui que ce soit dans la cité et je suis en quelque sorte leur seul contact. Je pense à l’une d’entre elles, notamment à Cannes ;  je suis le seul lien que cette personne a avec la vie. Je ne peux pas me rendre à son domicile car elle refuse que je découvre son environnement. Nous nous voyons dans un café, c’est assez exceptionnel  et nous parlons, bien sûr de sa situation, mais  pas seulement – ce monsieur a envie de refaire le monde; il aime beaucoup la musique, le cinéma. L’écoute peut passer par là, bien sûr.

La Claims Conference, voir lien ici
Le CASIN, voir lien ici


Les activités

Nice a été l’une des premières régions à mettre en place des actions. Le lundi est consacré aux ateliers en général. Nous avons un atelier judéo-espagnol pour les personnes issues du bassin méditerranéen, de Grèce, de Turquie qui parlent encore le fameux Ladino.  L’après-midi,  nous avons deux ateliers pour les Ashkénazes  qui parlent, eux, le yiddish à différents niveaux.  Certains le parlent très bien, d’autres  ne connaissent que quelques mots et se souviennent de bribes transmises par leurs parents qui préféraient qu’ils s’expriment en français afin de faciliter leur intégration. Ces cours sont très vivants ; les personnes qui sont là sont certes âgées, mais dynamiques et c’est un peu l’heure de récréation.



On a également mis en place un atelier d’écriture animé par Cathie Fidler depuis 7 ans. C’est un travail remarquable. L’été dernier, j’ai pu assister à un atelier et écouter tous les travaux des « élèves » qui ont progressé de manière impressionnante. Ils y trouvent énormément de plaisir et de réconfort de surcroît.

Le blog de Cathie Fidler, voir lien ici

Chaque mois, le lundi après-midi, en alternance avec les ateliers yiddish, nous recevons un invité. La dernière invitée a été Susie Morgenstern qui est venue présenter deux de ses derniers ouvrages. Prochainement, nous aurons un invité qui nous parlera du peintre Turner. L’année dernière Serge et Béate Klarsfeld sont venus à notre siège pour la sortie de leur autobiographie à quatre mains et il y avait plus de 100 à 120 personnes présentes dans nos locaux.


J.M.W. Turner, Alnwick Castle, 1829.
Image empruntée ici


Nous avons fait aussi une action conjointe avec le Mémorial de la Shoah.  Le service de la photothèque, en partenariat avec Passerelles, a recueilli des archives familiales dans différentes régions de France. Chaque famille qui le souhaitait a déposé  des photos, des lettres, des documents précieux témoignant de ce qui s’était passé pendant la Seconde Guerre mondiale. D’autres documents couvrant la période de l’avant-guerre et de l’après-guerre ont également été collectés."

Écouter est peut-être le plus beau cadeau que nous puissions faire à quelqu’un. D’une certaine façon, c’est lui dire : 
« Tu es important pour moi, tu es intéressant, je suis heureux que tu sois là. Je suis disponible à ta présence. Je me sens touché par ce que tu es, parce que tu dis. »

Jacques Salomé


 Texte et mise en page: Jacques Lefebvre-Linetzky




lundi 14 novembre 2016

HOMMAGE À REBECCA MARASCHEK


REBECCA MARASCHEK
A Yiddishe Mame

 
Photo © Catherine DELBOSC.


Une enfance fracassée par la guerre

Rebecca est née le 29 avril 1936 à Paris dans le 4ème arrondissement. Elle a été confrontée très jeune à la violence, à l’horreur, à la délation qui a provoqué l’internement de toute sa famille, en 1941, dans le camp de Drancy.

Maurice Behar, le père de Rebecca, est né à Constantinople en Turquie, le 3 avril 1906. La Turquie était alors alliée de l’Allemagne nazie* et Alois Brunner, qui dirigeait le camp de Drancy, a été contraint de libérer Maurice, son épouse Charlotte et ses deux enfants.

Cet épisode de sa vie avait tellement marqué Rebecca que son émotion était encore intense quand elle l’évoquait, d’autant plus qu’elle en portait une cicatrice dans sa chair : avant de les libérer, Aloïs Brunner, furieux de voir une famille juive lui échapper, a pris un malin plaisir à enfoncer le bout de son cigare incandescent dans le dos de la gracieuse petite fille,  provoquant une marque indélébile. Elle était très discrète sur ce passé douloureux.

 
Rebecca enfant
Photo ©Véronique Antuofermo
Après cette libération providentielle, la famille a quitté Paris, franchi la ligne de démarcation pour venir se réfugier dans le sud de la France, à Nice alors sous occupation italienne. Maurice Behar, engagé dans la Résistance, a été dénoncé ; il a été arrêté en novembre 1943 à Nice, envoyé à Drancy et déporté par le convoi 73, laissant sa femme et ses deux enfants dans un complet désarroi.