Hier
encore, ma jeunesse passée pleure Aznavour
Chanteur,
compositeur, poète, comédien, bête de scène. Il s’est éteint et sa lumière luit
en nous tant il nous a accompagné « au creux de notre cœur ». La presse
et la télévision, les média, comme on dit, nous ont tout raconté depuis sa
mort, la semaine dernière. Il y a eu, bien sûr, le bel hommage du président de
la République qui se terminait par ces mots : « En France, les poètes
ne meurent jamais ».
Pour
chacun et chacune d’entre nous, il représente un pan de notre histoire
personnelle, un souvenir, une émotion, un tremblement de l’âme. Sa voix nous
habite, une voix puissante venue d’un ailleurs trempé dans la souffrance et
l’exaltation, une voix couleur muraille qui nous arrache des larmes.
Il
a bien vieilli avec nous, son visage s’est buriné, les rides ont organisé une
géographie marquée par un tragique imprégné de gaieté. Télérama lui a consacré
un hors-série exemplaire. On le voit à différents stades de sa carrière. Le
noir et blanc lui sied bien. On feuillette les pages, on s’attarde, on découvre
ou on redécouvre des détails de sa vie et de sa carrière. Les portraits se
succèdent et ses yeux semblent nous inviter à ne pas l’oublier. Il y avait dans
les yeux d’Aznavour une tendresse infinie, une générosité discrète, une force
indomptable, une rage de vivre et de transmettre. Comme il nous manque déjà.
Jacques Lefebvre-Linetzky
L'ami des Juifs et d'Israël