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mardi 22 septembre 2020

L'ART ET LA MÉMOIRE, UN ENTRETIEN AVEC ALAIN KLEINMANN


Alain Kleinmann, un peintre d'exception


© Alain Kleinmann, DR. Image empruntée ici

Alain Kleinmann est peintre, c'est aussi un sculpteur, un collagiste, un assembleur d'objets, un dessinateur au trait subtil et évocateur. Il travaille à Paris. 
Il apprécie les mathématiques et la philosophie, il se rend souvent aux Puces afin de chiner des photos et des objets qui appartiennent à un passé révolu et il aime écrire - la peinture n'est-elle pas une forme d'écriture?  C'est un fou de Cuba et un adepte des arts martiaux.


© Alain Kleimann, DR. Image empruntée ici

Alain Kleinmann est un arpenteur du passé dont l'art est ancré dans le présent. Il affectionne les grands formats, le sépia et le blanc; il façonne ses toiles à la manière d'un orfèvre ou d'un enlumineur. Le terme lui va bien car il fait surgir la lumière des ténèbres en utilisant les tons dorés de Rembrandt. De nombreuses monographies et un énorme volume paru chez Somogy, nous permettent de voir et de revoir les images qu'il a confectionnées au fil des années. Il a exposé ses travaux dans le monde entier (plus de 200 expositions à son actif), son œuvre a été mise en scène au théâtre, notamment à La Havane. Sa capacité de production est impressionnante. 


© Alain Kleinmann, DR. Image empruntée ici

On dit souvent d'Alain Kleinmann qu'il est le peintre de la mémoire ou le peintre des mémoires. Il vient de participer à une table ronde le 13 septembre dernier dont le sujet est le suivant: Mémoire, transmission, création, Art, psychanalyse, pensée juive en marge d'une exposition intitulée Mémoires, au Centre Européen du Judaïsme qui vient d'être inauguré.

Enfin, on peut admirer ses œuvres dans les moindres recoins grâce à un site revu, corrigé et enrichi; il vous suffit de cliquer ici. Vous pourrez même vous procurer des œuvres en vous dirigeant vers la rubrique, boutique


© Alain Kleinmann, DR

La mémoire est un sujet complexe. Le travail de l'historien sur la mémoire n'est pas le même que celui du témoin; les recherches du sociologue sont différentes de celles du philosophe et que dire de cette archéologie de la mémoire que scrute le psychanalyste. 

L'art et la mémoire

Le 15 septembre dernier, Alain Kleinmann a accepté d'aborder ce sujet dans le cadre de notre émission, Au Nom des Enfants, sur RCN 89.3. Voici quelques extraits ce cet entretien. 

La mémoire familiale 


© Alain Kleinmann, DR. Image empruntée ici

"Je suis issu d'une famille ashkénaze. Ces familles ont migré de pays en pays et n'ont pas pu sauvegarder leurs albums de famille et leurs photos durant la dernière guerre. J'ai très peu de vrais documents de famille qui pourraient servir d'assise à une mémoire personnelle.Et c'est peut-être la raison pour laquelle je me suis senti comme le devoir de repeupler de manière imaginaire les albums qui m'avaient manqué. Je ne pense pas que cela m'appartienne uniquement, bien sûr. C'est quelque chose de générationnel pour des personnes dont l'histoire personnelle ressemble à la mienne. (...) Toutefois, le peintre utilise tout d'abord le vocabulaire de la peinture elle-même; ce sont des formes, des matières, des couleurs avant d'illustrer une thématique ou un discours sur un terme. Il y a toujours une distorsion entre le titre de l'œuvre, qui est une caricature, et l'œuvre elle-même. (...) Le peintre permet une approche sensible, plus ouvertes en termes d'énoncés. C'est un écran de projection sur lequel les spectateurs peuvent projeter leurs propres sentiments, leur propre mémoire. Je veille toujours à ce qu'il y ait toujours quelque chose d'un peu générique de manière à ce que chacun puisse avoir le sentiment de retrouver un arrière-grand-père imaginaire". 

Les matériaux de la mémoire


© Alain Kleinmann, DR

"Après un certain nombre d'années de travail, je me suis rendu compte que tout pouvait parler, que tout était un signe de langage en peinture. J'ai commencé de manière très classique avec de l'huile sans oser arracher un morceau de papier. Et puis, je me suis dit, pourquoi pas, essayons. Ce fut une sorte de déchirure très compliquée, très profonde. J'ai commencé à comprendre que beaucoup d'objets qui semblaient abandonnés dans des marchés au puces, chez des antiquaires, dans une poubelle au coin de la rue, finalement parlaient aussi de leur vie, de leur vécu. Assez naturellement, la jonction s'est faite entre les matériaux traditionnels des arts plastiques et l'adjonction de matériaux plus exogènes à ces habitudes-là et qui venaient les enrichir".

Le landau


© Alain Kleinmann, DR. Image empruntée ici

"Je suis constamment à la recherche d'objets dont il me semble qu'ils pourraient porter des traces de vie et le landau est un objet formidable. C'est "l'œuf fondateur" de ce que va devenir la vie du bébé, c'est le lieu premier de sa relation au monde. Ces landaus portent la trace de l'enfant qui y a passé les premières heures de sa vie. (...) Je me suis rendu compte qu'en mettant simplement quelques allusions à des souvenirs, à de vieilles photos, d'un seul coup, au lieu d'atterrir dans une poubelle, ce landau pouvait faire semblant de reprendre une forme de vie, une forme de mémoire, la trace d'un moment d'existence de l'enfant et de ceux qui l'ont accompagné". 

Les valises et les cages


© Alain Kleinmann, DR. Image empruntée ici


© Alain Kleinmann, DR. Image empruntée ici

"Aussi bien les valises que les cages sont des contenants. La valise peut représenter notre valise intérieure, celle que nous portons tous; elle est aussi l'objet qui accompagne nos voyages et dans le cas le plus tragique, elle représente les amas empilés dans les camps. L'objet est très puissant. C'est assez mystérieux parce qu'on ne sait pas ce qui se trouve à l'intérieur de la valise, comme on ne sait pas ce que contient le livre fermé. Quant aux cages, c'est un contenant qui emprisonne, bien sûr, mais, en même temps on voit au travers. (...) La valise qui a l'air plus calme me semble plus terrible parce qu'on ne voit pas ce qu'il y a dedans; la cage, qui est un lieu d'emprisonnement laisse quand même paraître le contenu". 


© Alain Kleinmann, DR. Image empruntée ici


Une table ronde au Centre Européen du Judaïsme


Cette table ronde a été organisée dans le cadre d'une séance exceptionnelle du séminaire Schibboleth. Le contenu était vaste et passionnant :
Mémoire, transmission, création, Art, psychanalyse, pensée juive
Ce fut également l'occasion de présenter un recueil d'articles, La transmission en question(s) sous la direction de Michel Gad Wolkowicz, en hommage à Michaël Bar Zvi et à Raphaël Draï. 

Ont participé à cette table ronde : Cyril Aslanov, Patrick Bantman, Georges Bensoussan, Pascal Bruckner, Evelyne Chauvet, Daniel Dayan, Roger-Paul Droit, Frédéric Encel, Daniel Epstein, Simon Epstein, Bernard Golse, Michaël Govrin, Michel Granek, Laurence Kahn, Francine Kaufmann, Alain Kleinmann, Rivon Krygier, Érice Marty, Thibault Moreau, Jean-Jacques Moscovitz, Alexis Nuselovivi-Nouss, Marc-Alain Ouaknin, Michaël Prazan, Daniel Sibony, Sam Tyano, Monique Vacquin, Philippe Val, Simone Wiener, Jean-Paul Winter... 


© Alain Kleinmann, DR



Pour prolonger votre réflexion

Et tu choisiras la vie... 

Marc-Alain Ouaknin, dans le cadre de son émission, Talmudiques, sur France Culture, a invité Michel Gad Wolkowicz, psychiatre et psychanalyste. Sur la page de l'émission vous trouverez des liens qui vous permettront d'écouter Raphaël Draï et Michaël Bar Zvi. 

Liens:


France Culture,Talmudiques, "Et tu choisiras la vie... " c'est ici.





Pour écouter ou réécouter l'émission, Au Nom des Enfants, consacrée à Alain Kleinmann, cliquez ici


© Alain Kleinmann, DR

L'AMEJDAM tient à remercier chaleureusement Alain Kleinmann de lui avoir consacré de son temps pour cet entretien et d'avoir autorisé la publication des images qui figurent sur ce blog. 


Mise en page et conception de ce billet : 
Jacques Lefebvre-Linetzky. 
























mardi 1 septembre 2020

LE 24 AOÛT À OPIO : HOMMAGE ET MÉMOIRE


Chaque année le village d'Opio célèbre la Libération d'août 1944, qui annonça la fin de la Seconde Guerre mondiale. Organisée de main de maître par son maire, M. Thierry Occelli, et son conseil municipal, cette importante cérémonie réunit également les maires de Châteauneuf-de-Grasse (M. Emmanuel Delmotte), du Bar-sur-Loup (M. François Wyszkowski) et du Rouret (M. Gérald Lombardo). 


Les lecteurs et lectrices de ce blog se souviennent sûrement que l'an dernier, à la même date, notre association a contribué à la pose d'une plaque commémorant les cinq membres d'une même famille juive qui y furent arrêtés, pour être ensuite déportés vers les camps de la mort. Pour mémoire, suivre CE LIEN


Cette année, nous avons eu l'honneur et le plaisir de recevoir une invitation du maire de ce village, M. Thierry Occelli, afin que nous soyons à nouveau présents sur les lieux, et que nous puissions fleurir à nouveau cette plaque en mémoire de la famille Bocobza. L'accueil de Monsieur le Maire et de ses adjoints a été particulièrement chaleureux. Nous avons été très sensibles à l'invitation "ouverte" qui nous a été faite de revenir à Opio chaque année, et de donner à notre commémoration l'ampleur que nous souhaiterons lui accorder.