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mardi 28 juin 2016

EN SOUVENIR DE ROBERT BROUSSKI : DÉVOILEMENT D'UNE PLAQUE À L’ÉCOLE DU PORT


Ce 27 juin 2016, nous avons enfin pu honorer la mémoire d’un jeune déporté juif des Alpes-Maritimes.

Il a déjà été décrit sur ce blog la longue procédure qui précède cet événement : les recherches dans les archives, les vérifications que cela implique, puis la préparation par des professeurs dévoués des élèves de l’établissement concerné, le concours de son directeur (principal ou proviseur) et, last but not least, l’attente du feu vert des autorités, de leur disponibilité dans un calendrier toujours chargé, pour qu’enfin arrive le jour émouvant de ce dévoilement.

En ce qui concerne l’école du Port, située à Nice, Quai Papacino, ce travail a débuté il y a de nombreuses années, impulsé par des membres de l’AMEJDAM, Sylvie Tafani en premier, puis par Maurice Germain, à présent disparu, et Feodor Merowka, l’époux de notre présidente.

Un seul nom y a été retrouvé, celui de Robert Brousski. Un seul. Il est rassurant de penser que tous les autres enfants juifs scolarisés dans cette école (et il y en avait presque une trentaine au patronyme révélateur) ont évité son sort terrible. Et il est émouvant de constater que c’est pour lui, pour lui seul, que s’est déroulée cette cérémonie, sous le soleil de juin, et apaisant de voir son nom enfin gravé dans la pierre, sur une plaque – son ultime tombeau.

lundi 20 juin 2016

MANFRED BOCKELMANN, DESSINER CONTRE L'OUBLI




MAX BOCKELMANN,UN ARTISTE ENGAGÉ


Image empruntée ici

Manfred Bockelmann est né le 1er juillet 1943 à Klagenfurt en Autriche.

(C’est intéressant de le noter, car Klagenfurt, dans la partie sud de l’Autriche, était la petite ville où les Alliés, et notamment la 8ème Armée britannique, s’étaient installés à la fin la guerre. Ils y questionnaient les déportés libérés des camps, et recueillaient leur témoignage)

C’est un peintre, un photographe et un sculpteur de renommée internationale. Son frère, Udo Jürgens (1934-2014), est un chanteur très populaire qui a remporté le Concours de l’Eurovision en 1966.

Il est né d’une famille plutôt aisée de propriétaires terriens et, pendant la guerre, son père, maire du petit village d’Ottmanach, s’est accommodé au mieux de la situation sans pourtant être un fervent nazi.

Plus tard, à l’adolescence, Manfred Bockelmann cherchera à savoir quel rôle ses parents avaient joué pendant la guerre et il ne sera pas satisfait de leurs réponses évasives.

De 1962 à 1966, il étudie le graphisme et la photographie à Graz, Autriche. En 1966, il décide de s’établir à Munich où il se fait un nom dans le domaine de la photographie et de la publicité.  Dès le début des années 1970, il est reconnu en tant que peintre et photographe. De nombreuses expositions lui sont consacrées ainsi que des ouvrages portant sur son travail. C’est après un voyage en Afrique, au milieu des années 1970, qu’il invente le concept de « peinture du silence » qui sera sa marque de fabrique. Cela consiste en une synthèse entre des paysages peints et des paysages photographiés en de très grands formats proches de l’abstraction. Au fil des années, Bockelmann impose des images d’une beauté épurée. 


Image empruntée ici


dimanche 5 juin 2016

MARCEL NAVARRO, LA PASSION CHEVILLÉE AU CORPS

RUTH NAVARRO TÉMOIGNE À PROPOS DE L’ACTION DE SON PÈRE, MARCEL NAVARRO (1915-1981).


© Jacques Lefebvre-Linetzky


SALONIQUE



Image empruntée ici

Ma famille fait partie de ce qu’on appelle les Juifs de Salonique. Mes ancêtres ont été expulsés au 15e siècle par Isabelle la Catholique et se sont installés à Salonique que l’on appelait, la Jérusalem des Balkans. Mes deux parents y sont nés. Ils ont tous deux quitté Salonique très vite aux alentours des années 1918/1919. Mon père a tout d’abord vécu à Skopje en Yougoslavie – c’est désormais la Macédoine. C’est là qu’il a passé toute sa jeunesse et qu’il a fait ses études. Membre actif des Jeunesses Sionistes, il rêvait de partir pour la Palestine et d’y créer des kibboutz.


PREMIER SÉJOUR EN PALESTINE


Il s’y est donc rendu dans les années trente après quelques péripéties. En effet, comme à l’époque il fallait être marié pour être autorisé à émigrer en Palestine, il a contracté un mariage blanc. Il a crée un kibboutz qui s’appelait Shaar-Haamakim  au nord du pays. Il y est resté environ cinq ans et malheureusement, il a abandonné son rêve à la demande de sa mère qui voulait qu’il rentre en France, à Marseille,  pour mener une vie plus conforme. Aux yeux de sa mère, vivre en Palestine, ce n’était pas le « droit chemin ». Il a travaillé avec des oncles dans le commerce et puis il a rencontré celle qui allait devenir ma mère.

LES ANNÉES DE GUERRE

Mes parents se marient en pleine guerre. Maman disait que les cadeaux qu’on leur avaient fait, c’était essentiellement des boites de sardines. Ils vivaient à Marseille dans un petit appartement. La situation s’est vite aggravée, de nombreux membres de ma famille ont été  dénoncés et déportés. Ils sont partis se cacher dans le Vercors. Personne n’était au courant qu’ils étaient juifs sauf le curé du village et mes parents avaient appris à faire la prière, à se lever quand il fallait à l’église…  Ma sœur est née pendant la guerre dans un petit village du Vercors, à Mens en Vercors. Elle a été appelée Catherine – mes parents se sont dit : « Catherine, suivant à quelle sauce on sera mangé, ça ira… ». Elle a été « faussement » baptisée par le fameux curé du village de Mens.