Le 31 octobre dernier, l’émission de l'AMEJDAM, , Au
Nom des enfants, était consacrée au judo et en particulier à celui qui a introduit le judo en France, Moshe Feldenkrais.
Jigoro Kano (1830 -1938)
Image empruntée ici
Jigoro Kano est le fondateur du ju-do, dérivé du Ju-Jitsu ou Voie
de la souplesse. En 1882, il a posé les principes fondateurs
de cette nouvelle discipline qui permet de vaincre la force grâce à la
souplesse.
Par
« souplesse», il faut comprendre « non-résistance » ou
« adaptation ». Le principe est de ne pas résister à la force de
l’adversaire, mais, bien au contraire, de profiter de sa force pour le
déséquilibrer et le faire chuter.
Le judo
commence à être enseigné au Japon en 1882 au Kodokan, le temple du judo à Tokyo.
Le judo repose
sur des principes bien établis
Image empruntée ici
La politesse,
c’est le respect d’autrui.
Le courage,
c’est faire ce qui est juste.
La sincérité,
c’est s’exprimer sans déguiser sa pensée.
L’honneur,
c’est être fidèle à la parole donnée.
La modestie,
c’est parler de soi-même sans orgueil.
Le respect,
sans respect aucune confiance ne peut naître.
Le contrôle de
soi, c’est savoir se taire lorsque monte sa colère.
L’amitié, c’est
le plus pur et le plus fort des sentiments humains.
Il faut être
deux pour pratiquer le judo : Tori, celui qui porte l’attaque et Uke,
celui qui subit l’attaque.
La méthode de
Kano comporte
quatre exercices fondamentaux
L’ukemi, permet
de chuter au sol sans se blesser.
Le randori,
exercice libre ou combat d’entraînement.
Les Kata,
démonstrations techniques codifiées.
Le shiai,
pratique compétitive finalisée par la victoire.
Les
grades : ceinture blanche pour les débutants, les six kyu sont les grades
intermédiaires à la ceinture noire et aux Dan.
Le judo se pratique dans un dojo
Le Dojo Hervé Allari à Saint-Laurent-du-Var, le plus beau dojo de la Côte d'Azur
© Jacques Lefebvre-Linetzky
Moshe
Feldenkrais est né en 1904. Il quitte la Russie après la Révolution de 1917 et
émigre en Palestine. C’est là qu’il découvre le jiu-jitsu et qu’il imagine une
nouvelle méthode de self-défense. En 1924, il se rend en France afin de
poursuivre des études de physique et devient l’assistant de Fréréric
Joliot-Curie à l’École Spéciale des Travaux Publics de Paris. Il inaugure en
ces lieux une salle de jiu-jitsu. C’est en 1933 qu’il découvre le judo lors
d’une démonstration de Jigoro Kano, qui présente sa méthode à travers le monde.
Feldenkrais fonde en 1936, le Jiu-Jitsu Club de France. C’est en fait la
naissance du judo français, dont les valeurs, on l'aura compris, font écho à celles de sa propre culture.
Moshe Feldenkrais à l'entraînement
Image empruntée ici
C'est grâce à Feldenkrais, entre autres, que le judo trouve son identité
propre. Il se différencie du jiu-jitsu et d’un usage strictement utilitaire de
self-défense. Il s’inscrit dans la philosophie de la méthode éducative de Jigoro
Kano et trouve sa place dans un climat général de découverte du sport. Feldenkrais édite en 1938 les deux premiers manuels de judo en France. Il
y affirme une conception humaniste du judo favorisant l’épanouissement de
l’individu.
Parmi les pionniers, on pourra également citer, Maurice Cottereau, Jean de Herdt et Henri Birnbaum dont l'action rayonnera essentiellement en Espagne.
Parmi les pionniers, on pourra également citer, Maurice Cottereau, Jean de Herdt et Henri Birnbaum dont l'action rayonnera essentiellement en Espagne.
Contraint de s'exiler en Angleterre, en raison des persécutions nazies, Feldenkrais revient en France après la guerre, mais oriente ses recherches vers d’autres
domaines.
« De sa formation de physicien, il tire une conception du
corps comme réalité physique, des poids et des masses organisées dans l’espace,
un jeu de forces pour être debout et se mouvoir. De sa formation au Judo, il
tire une conception du mouvement efficace et harmonieux, utilisant l’énergie
minimale. De ses racines juives hassidiques, il garde le goût de poser des
questions et de réfléchir à un problème sous tous les angles. (...)
Une blessure au genou déterminera l’orientation de son travail :
face à l’incapacité du corps médical à lui assurer un fonctionnement normal de
son articulation blessée, il se tourne vers lui-même et ses propres
possibilités. Il se penche sur la mécanique interne de son corps. Il y découvre
un monde qu’il n’aura de cesse de parcourir en tous sens, toute sa vie, en
nourrissant sa recherche de toute les connaissances en neurosciences de son
époque.
Car il a constaté que sa capacité à se déplacer sans douleur
dépendait grandement de sa façon de faire, et que celle-ci pouvait être
réajustée grâce à un processus simple. Grâce à sa femme pédiatre, il découvre
le processus qu’utilisent les enfants pour apprendre à se mouvoir et s’en
inspire pour aider les adultes.
Après la seconde guerre mondiale, il abandonne progressivement
le monde de la Physique et de l’électronique, pour se consacrer entièrement à
la recherche qui aboutira à sa méthode. Il enseigne aussi bien en Europe, aux
États-Unis et en Australie qu’en Israël où il meurt en 1984. »
Israël et le judo
Le judo est l’un des sports les plus pratiqués au monde et
Israël figure en très bonne place au niveau international.
Récemment, le judo israélien à fait la une des journaux pour des
raisons bien éloignées de la philosophie de ce sport si noble.
La délégation israélienne a fait des merveilles lors du tournoi
de judo récemment organisé à Abou Dhabi. L’Émirat avait proscrit toute
référence à l’État d’Israël.
Tal Flicker
Image empruntée ici
Une vidéo saisissante compte des milliers de vues sur les
réseaux sociaux. L’israélien Tal Flicker, regarde, impavide, le drapeau de la
Fédération internationale de judo s’élever tandis que résonne la musique de
l’organisation sportive. Son kimono ne comporte aucun signe de sa nationalité,
seul figure l’acronyme de la fédération internationale, IJF (International Judo
Federation). Il est sur la plus haute marche, il vient de remporter la médaille
d’or des moins de 66 kg. Il n’écoute pas, il chante pour lui-même et pour tout
un peuple, la Hatikvah, l’hymne national d’Israël. C’était jeudi dernier, le 25
octobre 2017.
Pour voir la vidéo du CRIF, cliquez ici
Pour voir la vidéo du CRIF, cliquez ici
Le tournoi a été émaillé d’incidents où des compétitrices ont
refusé de serrer la main de leur adversaire.
Officiellement, les Émirats souhaitaient protéger les compétiteurs israéliens d'éventuels gestes antisémites. Samedi 28 octobre, les représentants de l’Émirat ont
présenté des excuses au nom de celles et ceux qui avaient refusé de serrer la main de leur adversaire.
On se souvient que lors des jeux de Rio en 2016, le judoka
égyptien, Islam el-Shehaby, avait refusé de serrer la main d’Or Sasson qui,
après avoir bousculé Teddy Riner, avait finalement obtenu une médaille de bronze.
Ces incidents qui fleurissent ici et là en disent long sur le
monde dans lequel nous vivons. La symbolique est forte, douloureuse. Après
avoir « marqué » les Juifs du sceau de l’infamie en leur imposant le
port de l’étoile jaune, des champions juifs ne peuvent combattre en arborant
l’étoile de leur pays.
Texte et mise en page: Jacques Lefebvre-Linetzky
Texte et mise en page: Jacques Lefebvre-Linetzky
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire