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samedi 11 septembre 2021

LA LIBÉRATION DE NICE - 27/28 AOÛT 1944

UN BILLET À CONSERVER, ET À PARTAGER 

Le 27 août dernier l'AMEJDAM était présente à la cérémonie qui se tient traditionnellement devant le Palais Stella, boulevard de Cessole, à Nice – le lieu où la décision fut prise en ce même jour de 1944, par des Niçois courageux et déterminés, de libérer leur ville, avant même l'arrivée des Américains.

Afin de ne pas oublier les martyrs niçois qui moururent ces jours-là, leurs parcours respectifs sont retracés dans ce livre-là, dont nous vous recommandons vivement la lecture : 




    Auteurs :  

4ème de couverture :


Ce 29 août 1944, la ville de Nice s'éveille dans le calme de ses rues lourdes de chaleur et de silence. Quelques rares coups de feu tirés par des patriotes toujours présents sur leur lieu de combat rappellent qu'hier, la ville se soulevait pour chasser l'occupant allemand.

Dans l'après-midi, les patrouilles américaines du 551e Parachute Infantry Battalion sont acclamées par la foule. C'est l'aveuglement collectif d'une population qui oublie ses libérateurs : les résistants et les combattants niçois de la journée du 28 août 1944. Avec leur courage et la rage de vaincre, menés par des chefs de grande bravoure, seuls, ils ont libéré leur ville. Les Américains ont été fêtés pendant que les combattants découvrent leurs blessés et leurs martyrs, ils sont 34 !


* * * * * 

 
Ci-dessous, vous pourrez à présent lire le discours prononcé ce jour-là par Michel Goury, en présence du Professeur Jean-Louis Panicacci, de M. Jean-Marc Giaume, de nombreux membres de l'Association du Musée de la Résistance Azuréenne, et d'élus locaux. Ce texte est précieux, car il retrace la chronologie de cet événement, en répondant aux questions que nous pouvons encore nous poser quant à  son déroulement.  





Palais Stella, 27 août 2021

 

"Août 1944, la France recouvre sa liberté. Après deux jours de combats, Paris gagne sa bataille les 25 et 26. Le 27 août, les affrontements armés s’achèvent à Toulon. À Marseille, les luttes farouches commencées le 20 août conduisent à la reddition des Allemands le 28 août.

 

Ce 28 août 1944, Nice s’insurge et prend les armes contre un occupant prêt à quitter la ville. La ville, délaissée du soutien des soldats Américains, est alors abandonnée aux seuls courage et témérité de ses résistants.

Nous pouvons cependant nous interroger : quels sont les hommes à l’origine de cette journée insurrectionnelle ? Les acteurs de cette page d’histoire ont témoigné et les historiens ont compulsé les archives déclassifiées.


Qui a pris l’initiative de lancer l’insurrection niçoise ?


Rappelons d’abord que depuis le 9 novembre 1943, la capitale de la France combattante n’est plus Londres, mais Alger qui accueille le Gouvernement provisoire de la République française et le Comité français de la Libération nationale (CFLN).

En cette année 1944, certains savent le débarquement proche et pensent déjà à l’après libération, rejetant l’idée d’être administrés par les Alliés. 

C’est alors le temps des rivalités politiques, des ambitions personnelles et souvent divergentes des militants et des chefs. 

 

Le jeudi 24 août 1944, une organisation insurrectionnelle est créée à l’initiative du Parti communiste français et des Francs-tireurs et partisans. Elle portera le nom de Comité insurrectionnel. Les hommes qui le composent n’ont pas l’agrément des responsables d’Alger opposés à tout combat et mouvement populaire dans les villes. Néanmoins, ils se réuniront à plusieurs reprises pour décider des actions à mener.

Le lieu des rencontres ? Le Palais Stella, 20 boulevard de Cessole, ici-même. 

 

Qui sont-ils ?


René Houat alias Duchêne, Morin alias Bernardet, Pierre Durand alias commandant Georges, tous appartiennent au Parti communiste.

 

Philippe Giovannini alias commandant Souny, Jean Calsamiglia alias Jean-sans-peur et René Canta chef du groupe René relèvent des Francs-tireurs et partisans français. 

 

Alfredo Gambassi alias Ludovic fait partie des FTP-Main-d’Œuvre Immigrée.

Charles Andrieux alias Thibaud représente la CGT et Jean Allavena alias Armand est rattaché aux Milices patriotiques des entreprises. 

 

Tous ont refusé d’être asservis à l’État-français, tous ont bravé les occupants italiens et allemands.


Ces neuf résistants vont ainsi se réunir pour donner vie au mot liberté. 

 

Le Comité insurrectionnel s’organise immédiatement.

René Houat en est le président. Sa fonction de responsable départemental du PCF justifie son rôle de "politique" au sein du comité insurrectionnel qui doit également se définir comme une organisation à vocation militaire.

Un état-major FTP placé sous le commandement du commandant Souny, secondé par Jean-sans-peur, élargit alors le champ opérationnel de ce comité en lui donnant un rôle  "militaire".

 

Quelle date retenir pour déclencher les opérations de combat ?

 

Il faut d’abord apprécier la situation, puis définir l’organisation des actions de combat, enfin, avancer une date et une heure prévisionnelles des opérations.

 

La décision irrévocable des FTP-MOI d’investir les rues de Nice dès le 28 août oblige les membres du comité insurrectionnel à accepter cette date. 

 

L’état-major FTP propose alors aux membres du comité insurrectionnel un plan qui est longuement étudié et détaillé avant d’être accepté par tous.

 

Le déclenchement des opérations est fixé pour le 28 août.

 

Une nouvelle réunion est prévue pour le 27 août. 

 

Dimanche 27 août 1944, depuis les berges du Loup, les Américains reprennent leur lente progression vers le Var. Ils semblent vouloir délaisser Nice et René Houat le sait depuis la veille, informé par l’Antibois Jean Orbello. Dorénavant, la ville doit se reposer sur le courage de ses habitants et sur la pugnacité de ses patriotes ; elle a foi en la clairvoyance de l’état-major insurrectionnel niçois. Paris, Marseille, Toulouse, Toulon, villes libérées. 

 

Alors pourquoi ne pas espérer, Nice libre ?


Ce même jour, dimanche 27 août 1944 dans la matinée, au 8eétage du Palais Stella,une première réunion de l’état-major FTPF du comité insurrectionnelfixe de façon décisive les objectifs et l’heure du soulèvement. 

Un climat insurrectionnel voit ainsi le jour au cours des prises de décisions successives.

 

En fin d’après-midi, une seconde réunion se tient en ce même lieu. L’état-major FTPF lance le mot d’ordre de lutte ouverte contre les Allemands pour le lendemain, lundi 28 août à 6 h du matin, les principaux points d’appui à tenir et objectifs ont été désignés.

 

Quels sont les objectifs fixés pour libérer Nice ?


Le plan d’opération est arrêté, s’appuyant sur la détermination de la Résistance et de la population à vouloir se libérer par ses propres moyens. L’état-major est conscient que le succès dépendra essentiellement de la soudaineté de l’attaque sur tous les points spécifiés de la ville. Il faut créer la surprise et le désarroi chez l’occupant. Il s’agit de faire naître l’affolement et d’inspirer la peur chez le soldat allemand pour mieux le combattre. 

L’essentiel du plan, tel que rapporté par le commandant Souny, comporte plusieurs points : 

« - […] protection à tout prix des installations et équipements collectifs contre toute tentative de destruction par l’ennemi.

 

- Occupation avant 6 heures de toutes les voies de pénétrations et carrefours ;

 

- préparer les embuscades, récupérer armes, munitions et matériels à utiliser immédiatement contre l’ennemi. 

 

- organisation systématique des patrouilles et embuscades ;

 

 Éviter de s’attaquer aux blockhaus tant que l’armement ne le permet pas.

 

- Par proclamation écrite et haut-parleurs, appeler la population à soutenir l’action des patriotes pour prendre part aux combats libérateurs. »

 

Le plan opérationnel se transforme alors en ordre d’opération. L’insurrection s’organise sans attendre dans l’après-midi. 

 

18 heures 20. Un compte rendu de la Feldkommandantur 994 de Nice rapporte que la Moyenne corniche est occupée par des terroristes. À la suite de ce renseignement, les Allemands informent la Préfecture que l’artillerie va ouvrir le feu sur ces "bandits".

 

19 heures. La décision du comité insurrectionnel fait l’objet d’un communiqué aux organisations militaires de la mouvance gaulliste, à savoir les Corps Francs de la Libération Nationale (CFLN). Celui-ci précise que "Les représentants des CFLN, Milices patriotiques et FTP de la ville de Nice, réunis le 27 août 1944, décident de porter à la connaissance des troupes respectives, à la veille du combat sacré pour la libération, qu’elles ne doivent rivaliser que par l’ardeur dans la lutte contre l’ennemi et combattre au coude à coude fraternel et loyal dans un esprit purement patriotique."

 

20 heures. Le capitaine Paul, du groupe Parent, reçoit le mot d'ordre lancé par les FTPF : Attaquons demain matin 28 courant à 6 heures.[1]

 

Lucien Mercier commandant de la 38compagnie FTPF reçoit l’ordre de contacter tous ses chefs de détachement pour les prévenir que l’insurrection est prévue pour le 28 août à 6 heures 30 du matin. À 23 heures tous les chefs de détachements sont prêts au combat.

 

Dans la soirée du 27 août, le commandant Souny et Jean-sans-peur se rendent au presbytère de l’hôpital Pasteur où sont hébergés depuis 15 jours sous la protection de l’abbé Perrin, des hommes armés appartenant aux FTP. Au cours de la nuit, les groupes de combat sont constitués en tenant compte de l’importance et de la difficulté des actions à réaliser, chaque groupe étant chargé de missions précises avec objectifs à atteindre dès les premières heures de l’attaque. L’armement peu important est judicieusement réparti[2]

 

Signal d’un soulèvement proche, dans la nuit du 27 août, cinq hommes du groupe Bruni coupent une partie des lignes téléphoniques du central que l’ennemi a placé dans le quartier de Cimiez.[3]

 

Demain, 28 août, les hommes de Jean-sans-peur et ceux du groupe René se lanceront vers leurs objectifs respectifs.

 

Demain, les patriotes des Milices patriotiques qui occupent les grandes entreprises niçoises transformeront ces dernières en de véritables forteresses.

 

Les responsables des divers groupes de combat FTP et MOI seront avertis de l’attaque générale.

 

Tous ajustent leur brassard de couleurs, piqué à la machine à coudre, portant cousues les lettres de leur appartenance. 

 

 

À Pasteur, le commandant Souny s’isole dans la cuisine de l’abbé Perrin. Il s’enferme dans sa solitude. Il laisse s’enfuir la nuit, prenant conscience que demain ne sera plus comme avant

 

Et les années passèrent.

Pendant cinquante ans Nice s’endormit dans ses souvenirs.

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[1]MRA. Rapport du chef de groupe Paul.

[2]MRA. Compte rendu de la libération de Nice de Philippe Giovannini, alias commandant Souny. Dossier IE

[3]MRA Rapport du groupe Bruni. Il s’agit de Cadowski René, Laboris, Roscian Antoine, Roux Jean et Susini Pierre.

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Ne pas oublier. Le 28 août 1994, la commission jeune du musée de la Résistance azuréenne célébrait pour la première fois devant le Palais Stella la prise de décision du soulèvement de la ville, en présence notamment du Maire de Nice, Monsieur Jean-Paul Baréty et Monsieur Jean-Marc Giaume, alors responsable de la Commission Jeunes du musée de la Résistance, aujourd’hui adjoint au maire.

 

Ne pas oublier les 34 martyrs de la libération. Leurs noms sont gravés dans le marbre des plaques commémoratives. Chaque année, le « circuit de la Mémoire » organisé par la ville de Nice, rend hommage à ces combattants morts pour la France. 

 

Ne pas oublier le devoir de mémoire. Le 20 janvier 1988, quatre anciens résistants créent le musée de la Résistance azuréenne. Au fil des décennies celui-ci s’anime, s’enrichit des objets et archives confiés par les acteurs et témoins de ces années sombres.

Au fil des décennies, historiens et chercheurs compulsent les ouvrages et documents du centre de documentation qui s’ouvre sur notre passé récent.

Un musée qui s’offre aux visiteurs dans une région en mal de site d’histoire contemporaine.

 

Hier, musée de la mémoire de la Résistance.

 

Aujourd’hui, musée incertain de son avenir, locataire d’un local dont le bail n’est plus renouvelé. 

Demain, peut-être, de nouveau l’oubli d’une société détachée de ses valeurs. 

 

Demain espérer. Les 34 martyrs du 28 août 1944 ne mourront pas deux fois.

 

La ville de Nice a cependant pris conscience qu’un pan de son histoire ne doit pas et ne peut pas disparaître."


Michel Goury. 


* * * * *


L'AMEJDAM, COMME TOUJOURS, S'ASSOCIE À CES MOMENTS D'HOMMAGE ET DE SOUVENIR. 




JL Panicacci & Michel Goury ont

successivement pris la parole






NOUS REMERCIONS TOUS CEUX ET CELLES

QUI ONT PARTICIPÉ À CETTE CÉRÉMONIE, 

ET PRÉSENTONS TOUTES NOS EXCUSES 

AUX NOMBREUSES PERSONNES DONT

 LE NOM N'A PU ÊTRE CITÉ DANS CE BILLET.  

 

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