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dimanche 1 septembre 2019

LES DÉPORTÉS D'OPIO : LES INFORMATIONS MANQUANTES...


Il faut rajouter des informations manquantes, quand on les trouve, même si cela se produit tardivement...

Alors voilà celles qui manquaient concernant la famille Bocobza, et la manière dont ces détails me sont parvenus :

La veille même du dévoilement de cette plaque, j'ai découvert par hasard, en effectuant ma recherche, en anglais cette fois, l'existence d'un livre écrit pas une Anglaise, Maureen Emerson, qui était venue à la rencontre de ses lecteurs anglophones dans une librairie anglaise de Valbonne, The English Book Centre




Dans son livre, Escape to Provence, Maureen Emerson a retracé la vie d’Elisabeth Starr, une Américaine de Philadelphie qui s’était installée à Opio, et celle de Lady Winifred (Peggy) Fortescue, une Anglaise qui y a résidé avec elle jusqu'au début de la Seconde Guerre mondiale.
Lady Fortescue est devenue célèbre pour son propre livre intitulé Perfume from Provence 



Elisabeth Starr, aux origines américaine et Quaker, a  par la suite acquis la nationalité française. Elle a œuvré pour aider les soldats français de la 1ère, puis de la 2ndeGuerre mondiale, ainsi que des enfants malades de la tuberculose, avant de cacher... des enfants juifs. Mais nous y reviendrons, plus tard. 


J’ai donc contacté cette librairie de Valbonne, et obtenu que l’on communique mes coordonnées à Mme Maureen Emerson, en Angleterre. Celle-ci m’a gentiment appelée, et m'a ensuite offert la version électronique de son livre. 

C’est ainsi que je peux à présent réactualiser les informations précédemment recueillies sur la famille Bocobza à l’aide des paragraphes suivants, que j’ai traduits à l’attention des non-anglophones.

Précision topographique utile : il y avait quatre maisons dans le long d'une même rue, alors appelée la Rue de la Fontaine, et maintenant le Chemin du Château. 

La maison principale, dans cette rangée de quatre, à gauche sur le chemin du Château, était le Castello, où résidait Elisabeth Starr. Depuis le décès de cette dernière, en février 1943, le Castello était habité par Mademoiselle Diane Van Dommelen, dont il sera de nouveau question plus tard. 

La famille (juive) Perles occupait La Bastide, la maison de Mme Polly Cotton, une autre amie anglaise d’Elisabeth Starr. Mme le Dr Suzanne Perles avait notamment soigné Elisabeth Starr qui souffrait d’anémie. Ils étaient tous venus à Opio de Cannes, en pensant que le lieu serait plus sûr. 
NB. La famille Perles a échappé aux arrestations.  

Les Bocobza avaient loué San Peyre, la maison de Charles, 6ème Marquis d’Anglesey.

La maison de Lady Winifred Fortescue, Fort Escu était la dernière de la rue. 

Claude Marcus, qui a bien plus tard donné toutes les informations qui suivent à Mme Maureeen Emerson, était un ami des jeunes Perles. Il avait 19 ans à l'époque, mais avait noté 17 ans sur sa carte d'identité pour échapper au STO. 

Et voilà ce que révèle le livre de Maureen Emerson : 

« La maison de Charles Anglesey, San Peyre, avait également été louée. Les Bocobza venaient de Marseille, un endroit peu sûr, à tous égards. M. Bocobza était juif et son épouse catholique. Le plus jeune de leurs enfants (NB : Georges, né en 1926) avait eu la polio et était en partie paralysé. M. Bocobza est resté dans les mémoires pour sa gentillesse, et pour le fait qu’à chaque fois qu’il allait chercher du pain, il offrait des bonbons aux enfants qui traînaient autour de la boulangerie. 

(…) 

Un réveil brutal rompit la paix du lieu au petit matin du 23 décembre 1943.  Un des fils de la famille Bocobza arriva en courant le long des restanques, et prévint les Perles, à la Bastide, que les redoutables Citroën avaient gravi la colline jusqu’à San Peyre, et que la Gestapo y arrêtait tout le monde. Les autres membres de la famille Bocobza avaient tenté de se cacher dans un grand placard creusé dans le mur près de la cheminée du vaste salon, mais ils furent vite découverts. Jetés dans une camionnette qui attendait là, ils furent promptement emmenés vers un sort fatal. Seul le fils (NB : Robert) qui avait averti les Perles parviendrait à s’échapper et à survivre à la guerre. »


Voilà. Grâce à ce chapitre, nous savons que cette famille résidait à Opio, et qu'elle a été arrêtée en décembre 43. Nous apprenons avec tristesse le handicap majeur du jeune Georges. Nous comprenons mieux pourquoi la maman n'a pas été déportée. Étant catholique elle a sans doute pu être, au mieux, pas arrêtée  et au pire, relâchée. En revanche il nous manque encore des détails concernant ceux qui n'étaient pas les fils de Jacques... et leurs liens éventuels avec la Résistance... 
À suivre, donc, car l'Histoire est ainsi faite de découvertes permanentes. Il suffit de la creuser !


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Et, bien sûr, notre prochain billet sera consacré aux enfants sauvés à Opio. 

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Pour clore, je remercie vivement ici Maureen Emerson, qui a contribué à éclairer davantage cette douloureuse arrestation et son contexte. Son livre (en anglais) est disponible ici en "e-version", et je ne peux qu’en recommander la lecture, car elle y a peint un tableau passionnant de ces époques, en Provence comme en Angleterre, avec quelques incursions fascinantes à Philadelphie. Son érudition étonnante et sa plume déliée font nul doute de ce livre un classique à posséder. 

Cathie Fidler

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PS. Le 4 septembre 2019. 

Encore du nouveau : un habitant d'Opio, né en 1934, nous confie avoir souvent vu passer des membres de la famille Bocobza devant la porte de la maison de ses parents, qui habitaient à côté de "l'Abbaye" (qui appartenait aux Moines de Lérins). Les Bocobza allaient voir des amis juifs qui étaient cachés près de chez lui, chez un monsieur Jardon. Tout le monde savait qu'il logeait des Juifs... 

Ce témoin, alors âgé de 9 ans, se souvient en particulier de M. Bocobza père, et du gros cigare qu'il fumait. Ce monsieur était bien habillé, en costume, ce qui le faisait ressembler à Churchill. Il n'avait jamais vu personne habillé de cette manière, et cela l'a marqué ! 



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