Après cette longue parenthèse estivale, c'est l'heure de la rentrée pour l'émission de l'AMEJDAM : AU NOM DES ENFANTS.
Pour cette reprise, nous vous proposons de
revenir sur quelques événements récents et de vous inviter à voir quelques
expositions.
©Bruno Bébert/Bestimage
27 août 2015 : Inauguration d’une stèle
commémorative en souvenir des juifs arrêtés à Monaco dans la nuit du 27 au 28
août 1942 en présence de S.A.S. le prince Albert II de Monaco et des autorités
monégasques, civiles et religieuses. Les représentants diplomatiques des pays
dont étaient originaires les Juifs déportés ainsi que leurs descendants ou
ayants-droits ont également été conviés. 45 Juifs ont été arrêtés à Monaco en
1942, 31 arrestations ont eu lieu en 1944. 16 Juifs résidant à Monaco ont été
arrêtés hors de la Principauté et ont été ensuite déportés. Sur ces 92 Juifs
arrêtés, il n’y eut que 9 survivants.
Lors de cette inauguration le prince Albert II
de Monaco a demandé pardon pour l’intervention de la police monégasque pendant
la rafle du 27 août 1942.
Etaient également présents, le grand Rabbin de
France, Haïm Korsia et Serge et Béate Klarsfeld.
C’est grâce au travail inlassable de Serge
Klarsfeld avec l’appui du prince Albert que
cette stèle a pu être inaugurée.
"Je suis sur ce
dossier depuis 25 ans. J’avais obtenu du Prince Rainier une première plaque
historique pour les juifs arrêtés à Monaco sous l’autorité ou la pression de
Vichy. Cette plaque a été suivie depuis 2006 par la volonté du Prince Albert
d’être transparent sur ce dossier et de faire une étude précise sur les
personnes victimes de la déportation afin de dresser la liste de ces gens. Une
commission d’indemnisation à laquelle je participe a été créée. Elle a depuis
permis d’indemniser des dizaines de familles qui ont fait des requêtes suite à
leur déportation. Il n’y a pas eu de spoliation à Monaco. Les juifs arrêtés
n’avaient que leurs effets personnels, il n’y avait pas de loi pour les
déposséder de leurs biens. En plus de ces dossiers, nous avons continué notre
long travail pour dresser une liste nominative qui a fait l’objet du monument
inauguré il y a quelques jours par le Prince. Par ailleurs, le Prince a aussi
créé un groupe d’experts auquel je participe et qui est chargé de faire toute
la lumière historique sur la façon dont se sont déroulées les persécutions à
Monaco. Ce rapport a été rendu public en février dernier. (…)
Nous avons
établi le déroulement de la rafle du 27 août 1942 qui eut malheureusement lieu
en l’absence du Prince et de son ministre d’Etat - les deux hommes auraient
certainement refusé ! C’est le ministre d’Etat par intérim - un vichyste - qui,
sans demander l’autorisation, a accédé aux demandes du gouvernement Pétain. La
police monégasque a alors arrêté 65 juifs, des non-résidents. Elle a ciblé les
juifs considérés comme apatrides et ceux des nationalités déportables.
Actualité
Juive, 03/09/2015
6 septembre 2015 : Marche de la mémoire à Saint-Martin Vésubie, organisée par le comité Yad Vashem Nice Côte d’Azur. Cette année, elle a réuni au Col de Fenestre, marcheurs français et italiens en une commémoration de l'exode tragique de 1943.
Lors de cette rencontre internationale sont intervenus :
Carlo Greppi, professeur et historien - Université de Turin
Judy Roth, psychologue et psychanalyste - Université de New-York
Arianna Mattio, Paolo et Allessandro Aigotti - musiciens
Daniel Wancier, Président de Yad Vashem, Nice Côte d'Azur
... et la veille, à la médiathèque de Saint-Martin Vésubie, sont intervenus notamment :
Herman VUIJSJE, sur Joseph van Cleef
Lors de cette rencontre internationale sont intervenus :
Carlo Greppi, professeur et historien - Université de Turin
Judy Roth, psychologue et psychanalyste - Université de New-York
Arianna Mattio, Paolo et Allessandro Aigotti - musiciens
Daniel Wancier, Président de Yad Vashem, Nice Côte d'Azur
Photographies © Jean-Pierre David
... et la veille, à la médiathèque de Saint-Martin Vésubie, sont intervenus notamment :
Herman VUIJSJE, sur Joseph van Cleef
Steven Nemetz, le gendre d'Edouard Reiter, venu du Canada pour partager l'histoire familiale.
Eric GILI, expert en histoire locale
AILLEURS ET ICI :
6 septembre 2015 : L’œuvre d’Anish Kapoor, « Dirty Corner » est recouverte d’inscriptions antisémites. Anish Kapoor décide de ne pas effacer ces tags haineux :
"J'en ai discuté avec Catherine Pégard,
la présidente du domaine royal de Versailles, et avec Fleur Pellerin, le
ministre de la Culture, une femme courageuse qui s'est déplacée sur l'heure et
a mesuré aussitôt la gravité des faits. Désormais, ces mots infamants font
partie de mon œuvre, la dépassent, la stigmatisent au nom de nos principes
universels. Et je préfère écouter cette petite voix qui me dit d'oublier
l'artiste et de penser au citoyen. «Dirty Corner» restera donc ainsi, de notre
décision commune, et se montrera ainsi aux visiteurs et aux touristes de
Versailles. Je défie désormais les musées du monde de la montrer telle quelle,
porteuse de la haine qu'elle a attirée. C'est le défi de l'art."
Le Figaro, 07/09/2015
Quelques expositions à ne pas manquer :
Image empruntée ici
Il vous reste encore du temps pour vous rendre à la
Fondation Maeght et ainsi retrouver
Gérard Garouste au détour du chemin. L’exposition
s’intitule « En Chemin » et se termine le 29 novembre. Vous y verrez
80 peintures, sculptures et dessins. Certaines œuvres, inédites, ont été
réalisées spécialement pour cette exposition. Vous y verrez le travail d’un
homme singulier et déroutant. On se perd à essayer de définir son œuvre ;
c’est à la fois aérien, lumineux, jubilatoire, terrifiant, angoissant,
théâtral, littéraire, baroque, artificiel et douloureux. Le peintre s’y met en
scène, se dédouble et parsème ses toiles de signes et de références qu’il nous
invite à décrypter. C’est souvent une tâche monumentale tant l’artiste est
riche d’influences et de figures obsessionnelles.
L’histoire familiale du peintre ne cesse de le
torturer. Le père est un fardeau – il est le salaud, l’antisémite, celui qui a
spolié les biens des Juifs durant l’Occupation. Rongé, meurtri par le poids de
ce passé qui ne lui appartient pas, l’artiste se défait de son éducation
catholique et apprend l’hébreu pour lire et étudier l’Ancien Testament et le Talmud
dans le texte. Son épouse est juive et, formidable pied de nez à
l’antisémitisme paternel, ses deux fils sont juifs.
Peintre de la démesure, de l’accumulation et de la
dislocation, Gérard Garouste a souvent
plongé dans la folie – des accès délirants qui l’envoient en hôpital
psychiatrique à de nombreuses reprises. Mais cette folie, selon ses propres
termes, ne nourrit pas son œuvre :
« Cela
m’agace toujours un peu qu’on lie la folie à l’art. Moi, ma mamaldie m’a
empêché de créer autant que j’aurais voulu. Et ce que j’ai peint pendant mes
périodes de délire, je l’ai souvent détruit après, car je n’en étais pas
satisfait. Heureusement, avec les nouveaux traitements, la psychiatrie, j’ai pu
avoir de longs intervalles stables pour travailler. Je suis sûr que si Van Gogh
avait eu cette chance, son œuvre serait encore plus riche. »
In L’OBS,
le dossier, le 09/02/2013.
Rendez vous à la Fondation Maeght et lisez le
magnifique récit autobiographique de Gérard Garouste, L’Intranquille, autoportrait d’un fils, d’un peintre, d’un fou…
« Quand je peins, c’est comme si mes mains
décidaient, j’aime ce moment où il n’y a plus qu’elles, la tête se relâche. Je
vis la peinture au premier degré, comme une matière, une chimie, une alchimie.
Je ne la fabrique plus maintenant, mais elle reste à mes yeux des pigments et
de l’huile sur une palette, elle ne prend son sens que sur la toile,
lorsqu’elle donne vie au sujet, à l’histoire que j’ai choisi de raconter. »
L’Intranquille, autoportrait d’un fils, d’un peintre,
d’un fou…, Gérard Garouste avec
Judith Perrignon, Le Livre de Poche, 2009, p . 122.
Et si vous désirez aller
plus loin dans l’analyse de son œuvre, plongez dans le texte de Michel Onfray, L’Apiculteur et les Indiens, la peinture de
Gérard Garouste, Editions Galilée, 2009.
Jusqu’au 12 septembre 2015
Sacha Sosno, "Regards"
C’est à Beuil que vous pourrez découvrir cette
exposition, mais il faudra faire vite car elle se termine le 12 septembre 2015.
Têtes carrées, visages « oblitérés » et
révélés, corps mis en scène, rencontres insolites entre la peinture victorienne
et l’Antiquité, télescopages de matière(s) et de lumière(s), jeux de miroirs
entre le vide et le plein; les formes exposées convoquent le silence de
l’imaginaire.
Sous l’impulsion du maire, Stéphane Simonini, la
poste a été convertie en galerie d’art. Cette magnifique exposition a été
réalisée par Susie et Michel Remy avec le soutien de Masha Sosno.
photographie © JL + L
Avant de vous y rendre munissez vous d’une clé qui
vous permettra d’entrer de plain-pied dans l’univers de Sasha Sosno :
« L’oblitération est la clé esthétique et conceptuelle
du travail de Sacha Sosno. Il inaugure ce qui deviendra sa stratégie esthétique
principale un jour de 1971 où il rature machinalement une photo de guerre d’un
large trait de feutre, s’apercevant immédiatement du potentiel esthétique et
émotionnel, moral même, de son geste. (…)
Les sculptures de Sosno s’imposent à notre œil comme
doubles. A la fois pleines et vides, le
marbre luttant avec le métal, l’organique avec l’inorganique, le dur avec le
doux, elles plongent l’œil, pris dans l’impossibilité d’unifier ces deux
parties, dans un espace intermédiaire, qu’il s’agisse (…) d’une oblitération
par le plein ou par le vide, l’œil cet intermédiaire entre le monde extérieur
des apparences et le monde intérieur de l’imagination. »
Charlotte Salomon à Villefranche-sur-Mer, Chapelle
Saint Elme, au cœur de la Citadelle, jusqu’au 30 septembre 2015
Il en aura fallu du temps pour que les peintures de Charlotte Salomon reviennent là où elles furent initialement créées. C’est une petite exposition qui regroupe une sélection de gouaches. Ce sont, en fait des fac-similés de très bonne qualité. On peut également y voir un film sur la vie de Charlotte ainsi qu’un ensemble de témoignages émouvants dont celui de son père. Le visiteur voyage dans l’univers de Charlotte Salomon au gré de ses gouaches aux couleurs vives où s’inscrivent souvent des messages, des bribes qui d’autres fois envahissent totalement la feuille de papier tandis qu’il peut entendre les musiques choisies par l’artiste en prolongement de l’œuvre picturale. Elle avait en effet conçu son œuvre comme une comédie musicale, une sorte de « jeu chanté ». L’exposition ne rend pas compte de la folle entreprise de l’artiste qui « composa » quelques 1300 gouaches, mais elle en restitue l’intensité fébrile, la quête douloureuse de l’absolue vérité. Enfin, et il convient d’insister là-dessus en ces temps si troublés, cette exposition signifie à la fois la présence de l’œuvre et l’insupportable disparition de l’artiste dans d’atroces conditions. À ce titre, cette exposition est bien sûr un hommage, mais c’est aussi un acte pédagogique nécessaire et impérieux.
Une visite a été organisée le mardi 8 septembre à
14h30 : « D’Amsterdam à la France, itinéraire de Charlotte Salomon,
au destin tragique ».
Ce même jour, à 20 heures, au centre Jean Kling, à
Nice, présentation commentée d’un film sur l’œuvre picturale de Charlotte
Salomon.
... pour vous rendre au Forum Grimaldi… La magnifique
exposition, « De Chagall à Malevitch, la révolution des
avant-gardes » s’est achevée le 6 septembre dernier.
Plus de 200 œuvres (peintures, dessins, documents)
provenant de grands musées russes et européens ont été rassemblés et
parfaitement mis en valeur. Ce fut l’occasion de redécouvrir sous un jour nouveau Chagall et
Malévitch, confrontés aux mouvements avant-gardistes de la
Russie de 1905 à la fin des années 1920.
Quelques dates à retenir :
19 septembre 2015 : "La Promenade des Anglais vue par le cinéma". Conférence de Jacques Lefebvre-Linetzky, Hôtel Negresco - voir ici pour plus de détails sur les activités de l'association, vupasvu.
20 septembre 2015 : « Nice, Soleil, Fleurs.
Chagall et la Baie des Anges », Musée Chagall, Nice. Journée du
patrimoine.
20 septembre 2015 : Synagogue Deloye. Journée
portes ouvertes de 14h à 18h. Journée du Patrimoine. Un office en mémoire des déportés aura lieu à 11h.
20 septembre 2015 : Concert liturgique
« Chants mêlés d’Israël », Synagogue Deloye, 20h.
11 octobre 2015 : « Les ponts de la pensée
juive à la culture universelle, en chemin », hommage à Gérard Garouste,
Fondation Maeght, Saint-Paul-de-Vence, 14h30
Texte: Jacques Lefebvre-Linetzky
Texte: Jacques Lefebvre-Linetzky
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