Image empruntée ici
Mila Racine est née le 14
septembre 1919 à Moscou. Sa famille fuit l’Union Soviétique et se rend en
France en 1922. En 1936, Mila obtient son certificat de fin d’études
secondaires. En 1942, elle se rend dans les Pyrénées avec sa famille et elle rallie la Résistance. Elle devient assistante sociale dans les camps
d’internement du sud de la France, (plus particulièrement à Gurs) où elle
déploie une énergie de tous les instants et fournit aux internés des vivres,
des vêtements et de couvertures. Elle prend soin des enfants et les place dans
des familles d’accueil pour les sauver de la déportation.
À partir de la
« Rafle du Vel’d’hiv’ », le 16 juillet 1942, la situation s’aggrave
pour la population juive. En 1943, Mila Racine choisit de rejoindre une organisation
juive de résistance en Haute-Savoie et devient responsable du groupe de la
MJS (Mouvement de la Jeunesse Sioniste) de Saint-Gervais après un passage par Nice où elle s'est occupée de sauver des enfants.
Image empruntée ici
Bravant tous les dangers,
elle devient "convoyeuse" d’enfants – la Suisse est toute proche. Le 8 septembre
1943, les troupes allemandes occupent la zone précédemment sous contrôle
italien, (des Alpes-Maritimes à la Savoie) compliquant considérablement la
tâche de la jeune femme qui travaille en étroite collaboration avec son frère,
Emmanuel, sous la responsabilité de Georges Loinger, créateur de cette filière clandestine.
Le 21 octobre 1943, alors
qu’elle accompagne un groupe d’enfants avec Roland Epstein, une patrouille
allemande les intercepte à Saint-Julien-en-Genevois. Elle ne révèle pas sa
véritable identité et dit s’appeler Marie-Anne Richemond. Elle est ensuite incarcérée
à l’hôtel Pax à Annemasse. Cet hôtel est un centre de détention et de torture.
On y procède également à des exécutions sommaires. Les 32 enfants, âgés de 2
ans et demi à 18 ans, sont tous arrêtés.
Image empruntée ici
Jean Deffaugt (1896-1970),
maire d’Annemasse, parvient à leur rendre visite et à leur apporter un peu de réconfort.
Il fait libérer quelques enfants et imagine un plan d’évasion pour Mila Racine
qui, craignant de mettre en péril la vie de ceux dont elle a la charge, refuse
catégoriquement cette solution. Elle est séparée de son frère et ne le verra
plus. Elle est ensuite transférée à la prison de Fort Montluc, à Lyon, puis
envoyée au camp de Compiègne.
Le 30 janvier 1944, elle
est déportée en tant que résistante au camp de Ravensbrück où elle arrive le 3
février. Elle force l’admiration de toutes ses compagnes tant elle met
d’énergie à venir en aide aux autres. Elle parvient même à organiser une
chorale au sein de toute cette horreur.
Les grandes figures de la
Résistance telles que Marie-José Chombart de Lauwe (1923-), Germaine Tillion
(1907-2008) et Denise Vernay, née Jacob (1924-2013), ont souligné la conduite
exceptionnelle de la jeune femme.
Le 7 mars 1945, elle est envoyée
au camp de Mauthausen avec un groupe de détenues, afin de réparer les voies
ferrées détruites par les bombardements alliés. Le 30 mars 1945, elle meurt sous les bombes. Elle n’avait que
26 ans…
Fonds OSE Saint-Gervais
Lycée Racine © André Panczer
Plaque apposée en hommage à Mila Racine, son frère, Emmanuel, et sa sœur Sacha, sur l'immeuble qu'ils habitaient avec leurs parents. La cérémonie a eu lieu le 17 mars 2016 à Paris.
©André Panczer
Lycée Racine © André Panczer
Plaque apposée en hommage à Mila Racine, son frère, Emmanuel, et sa sœur Sacha, sur l'immeuble qu'ils habitaient avec leurs parents. La cérémonie a eu lieu le 17 mars 2016 à Paris.
©André Panczer
Cérémonie du 17 mars 2016
© André Panczer
Une bande dessinée
Femmes en Résistance, Mila
Racine, Numéro 4
Éditions Casterman, 2016.
Il s’agit du quatrième
opus d’une série intitulée, « Femmes en Résistance ». Chaque album
retrace le destin d’une femme résistante : Amy Johnson, Sophie Scholl,
Berty Albrecht et Mila Racine.
Image empruntée ici
Emmanuelle Polack,
historienne, est à l’origine de ce projet et elle en est la caution historique.
Elle est aussi spécialiste du marché de l'art à Paris durant l’occupation
allemande.
Le scénario de Mila Racine
est de Régis Hautier et Francis Laboutique. Les dessins sont d’Olivier Frasier.
Le destin de Mila Racine
est restitué avec une grande précision,
mais l’histoire qui est racontée s’inscrit dans une fiction représentée par la
présence d’une héroïne, Gerda, l’espionne de l’Abwehr, et d’une
narratrice, la journaliste Claire Guissart. Celle-ci découvre que l’espionne a joué
un rôle déterminant dans son histoire familiale. Le scénario voyage entre le
présent et le passé grâce à une série d’habiles flashbacks qui obligent le
lecteur à une grande vigilance.
Le dessin est âpre, le
trait est net, sans fioritures. Les scènes de nuit sont particulièrement
réussies et plongent le lecteur dans un monde terrifiant où l’on perçoit, de
l’intérieur, l’effroi des enfants.
C’est un album vigoureux dont
l’esthétique rappelle le courant expressionniste.
L’exposition au Mémorial de la Shoah
Femmes en résistance
Du mardi 8 mars 2016 au
vendredi 30 septembre 2016
La publication par les
éditions Casterman de la série d’albums dédiée aux femmes résistantes pendant
la Seconde Guerre mondiale, dont le dernier opus est consacré à la résistante
française Mila Racine, est une double occasion : rendre hommage aux résistantes
juives et saluer la vivacité de la création graphique et éditoriale de la bande
dessinée historique.
Ces femmes luttèrent
contre l’ennemi, tant en France que dans l’Europe occupée, les camps de
concentration et les centres de mise à mort.
Composée de nombreux
documents d’archives originaux et de photographies, d’une soixantaine d’objets
et de planches de bandes dessinées, cette exposition dresse le portrait de ces
femmes sans qui, selon la citation d’Henri Rol-Tanguy, « la moitié de notre
travail eût été impossible ».
Source : Le Mémorial
de la Shoah
Écoutez l'entretien avec Régis
Hautière, scénariste en cliquant ici
Écoutez l'entretien avec Emmanuelle
Polack en cliquant ici
~~~~~
Un film où la parole des enfants se
libère
"Les enfants de la nuit"
Diffusé sur France 3 le 28
avril 2016.
Réalisation : François
Levy-Kuentz
Co-auteurs : François
Levy-Kuentz, Frank Eskenazi
Production : THE FACTORY
Participation : France
Télévisions
Image empruntée ici
Les «Enfants de la nuit»
sont les enfants des survivants des camps de déportation. Tous âgés aujourd'hui
de 50 à 60 ans, ils se sont pour la plupart construits comme des «enfants de
déportés». Cette génération, qui n'avait jusqu'ici jamais pris la parole pour
elle-même, fut pourtant celle de tous les cauchemars, témoin d'une volonté de
vivre, mais porteuse de drames difficiles à partager. Ce documentaire se penche
sur le parcours de ces personnes, contraintes de se construire une vie à partir
d'une enfance traumatisée, alors que l'on commémore les 70 ans de la libération
du camp d'Auschwitz-Birkenau.
Source : France 3
Ce documentaire est fort,
poignant. Il donne la parole aux enfants des survivants de La Shoah. La sobriété
des témoignages laisse poindre la détresse d’une enfance traversée par
l’angoisse des parents. La caméra est à l’écoute et les filme avec justesse. Le
décor est nu : une grande table, des chaises vides dans un jeu d’ombre et
de lumière. Le cauchemar des camps est reconstitué au fil du récit grâce à des
marionnettes dans des décors stylisés.
Une voix off ouvre le film
Loin, au-delà des
barbelés, le printemps chante, mes yeux se sont vidés et nous avons perdu la
mémoire. Aucun de nous n’aurait dû revenir.
Des camps d’Auschwitz, de
Buchenwald ou de Dachau, les déportés sont rentrés sans bruit, comme des
ombres. Alors, sous la forme d’une existence qui leur échappe, ils devront tout
réapprendre, continuer à vivre. Comment partager ce qu’ils ont vécu là-bas ?
Comment se mêler à nouveau au présent de la vie ? Leurs enfants, nés
quelques années après leur retour, seront les premiers témoins de cette
terrible reconstruction. Dans quel silence ont-ils grandi ? Dans quels
cris ? Témoins de la folie ramenée des camps, c’est à leur tour de
raconter cette histoire…
Prochaine diffusion le mercredi 11 mai 2016 à 03:45
Texte et mise en page: Jacques Lefebvre-Linetzky
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