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vendredi 6 mai 2016

MILA RACINE, DE MOSCOU À MAUTHAUSEN...


 Sauver les enfants



Image empruntée ici

Mila Racine est née le 14 septembre 1919 à Moscou. Sa famille fuit l’Union Soviétique et se rend en France en 1922. En 1936, Mila obtient son certificat de fin d’études secondaires. En 1942, elle se rend dans les Pyrénées avec sa famille et elle rallie la Résistance. Elle devient assistante sociale dans les camps d’internement du sud de la France, (plus particulièrement à Gurs) où elle déploie une énergie de tous les instants et fournit aux internés des vivres, des vêtements et de couvertures. Elle prend soin des enfants et les place dans des familles d’accueil pour les sauver de la déportation.
À partir de la « Rafle du Vel’d’hiv’ », le 16 juillet 1942, la situation s’aggrave pour la population juive. En 1943, Mila Racine choisit de rejoindre une organisation juive de résistance en Haute-Savoie et devient responsable du groupe de la MJS (Mouvement de la Jeunesse Sioniste) de Saint-Gervais après un passage par Nice où elle s'est occupée de sauver des enfants.


Image empruntée ici

Bravant tous les dangers, elle devient "convoyeuse" d’enfants – la Suisse est toute proche. Le 8 septembre 1943, les troupes allemandes occupent la zone précédemment sous contrôle italien, (des Alpes-Maritimes à la Savoie) compliquant considérablement la tâche de la jeune femme qui travaille en étroite collaboration avec son frère, Emmanuel, sous la responsabilité de Georges Loinger,  créateur de cette filière clandestine. 

Le 21 octobre 1943, alors qu’elle accompagne un groupe d’enfants avec Roland Epstein, une patrouille allemande les intercepte à Saint-Julien-en-Genevois. Elle ne révèle pas sa véritable identité et dit s’appeler Marie-Anne Richemond. Elle est ensuite incarcérée à l’hôtel Pax à Annemasse. Cet hôtel est un centre de détention et de torture. On y procède également à des exécutions sommaires. Les 32 enfants, âgés de 2 ans et demi à 18 ans, sont tous arrêtés.


Image empruntée ici

Jean Deffaugt (1896-1970), maire d’Annemasse, parvient à leur rendre visite et à leur apporter un peu de réconfort. Il fait libérer quelques enfants et imagine un plan d’évasion pour Mila Racine qui, craignant de mettre en péril la vie de ceux dont elle a la charge, refuse catégoriquement cette solution. Elle est séparée de son frère et ne le verra plus. Elle est ensuite transférée à la prison de Fort Montluc, à Lyon, puis envoyée au camp de Compiègne.

Le 30 janvier 1944, elle est déportée en tant que résistante au camp de Ravensbrück où elle arrive le 3 février. Elle force l’admiration de toutes ses compagnes tant elle met d’énergie à venir en aide aux autres. Elle parvient même à organiser une chorale au sein de toute cette horreur.

Les grandes figures de la Résistance telles que Marie-José Chombart de Lauwe (1923-), Germaine Tillion (1907-2008) et Denise Vernay, née Jacob (1924-2013), ont souligné la conduite exceptionnelle de la jeune femme.

Le 7 mars 1945, elle est envoyée au camp de Mauthausen avec un groupe de détenues, afin de réparer les voies ferrées détruites par les bombardements alliés. Le 30 mars 1945,  elle meurt sous les bombes. Elle n’avait que 26 ans…

Fonds OSE Saint-Gervais




Lycée Racine © André Panczer



Plaque apposée en hommage  à Mila Racine, son frère, Emmanuel,  et sa sœur Sacha,  sur l'immeuble qu'ils habitaient avec leurs parents. La cérémonie a eu lieu le 17 mars 2016 à Paris. 
©André Panczer



Cérémonie du 17 mars 2016
© André Panczer


Une bande dessinée

Femmes en Résistance, Mila Racine, Numéro 4
Éditions Casterman, 2016.



Il s’agit du quatrième opus d’une série intitulée, « Femmes en Résistance ». Chaque album retrace le destin d’une femme résistante : Amy Johnson, Sophie Scholl, Berty Albrecht et Mila Racine. 


Image empruntée ici

Emmanuelle Polack, historienne, est à l’origine de ce projet et elle en est la caution historique. Elle est aussi spécialiste du marché de l'art à Paris durant l’occupation allemande.
Le scénario de Mila Racine est de Régis Hautier et Francis Laboutique. Les dessins sont d’Olivier Frasier.

Le destin de Mila Racine est restitué  avec une grande précision, mais l’histoire qui est racontée s’inscrit dans une fiction représentée par la présence d’une héroïne, Gerda, l’espionne de l’Abwehr, et d’une narratrice, la journaliste Claire Guissart. Celle-ci découvre que l’espionne a joué un rôle déterminant dans son histoire familiale. Le scénario voyage entre le présent et le passé grâce à une série d’habiles flashbacks qui obligent le lecteur à une grande vigilance.
Le dessin est âpre, le trait est net, sans fioritures. Les scènes de nuit sont particulièrement réussies et plongent le lecteur dans un monde terrifiant où l’on perçoit, de l’intérieur, l’effroi des enfants.
C’est un album vigoureux dont l’esthétique rappelle le courant expressionniste.

L’exposition au Mémorial de la Shoah

Femmes en résistance

Du mardi 8 mars 2016 au vendredi 30 septembre 2016

La publication par les éditions Casterman de la série d’albums dédiée aux femmes résistantes pendant la Seconde Guerre mondiale, dont le dernier opus est consacré à la résistante française Mila Racine, est une double occasion : rendre hommage aux résistantes juives et saluer la vivacité de la création graphique et éditoriale de la bande dessinée historique.
Ces femmes luttèrent contre l’ennemi, tant en France que dans l’Europe occupée, les camps de concentration et les centres de mise à mort.
Composée de nombreux documents d’archives originaux et de photographies, d’une soixantaine d’objets et de planches de bandes dessinées, cette exposition dresse le portrait de ces femmes sans qui, selon la citation d’Henri Rol-Tanguy, « la moitié de notre travail eût été impossible ».


Source : Le Mémorial de la Shoah
Consultez le site ici



Pour en savoir davantage

Écoutez l'entretien avec Régis Hautière, scénariste en cliquant ici 
  
Écoutez l'entretien avec Emmanuelle Polack en cliquant ici 

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 À la télévision :

Un film où la parole des enfants se libère 

"Les enfants de la nuit"

Diffusé sur France 3 le 28 avril 2016.

Réalisation : François Levy-Kuentz
Co-auteurs : François Levy-Kuentz, Frank Eskenazi
Production : THE FACTORY
Participation : France Télévisions


Image empruntée ici


Les «Enfants de la nuit» sont les enfants des survivants des camps de déportation. Tous âgés aujourd'hui de 50 à 60 ans, ils se sont pour la plupart construits comme des «enfants de déportés». Cette génération, qui n'avait jusqu'ici jamais pris la parole pour elle-même, fut pourtant celle de tous les cauchemars, témoin d'une volonté de vivre, mais porteuse de drames difficiles à partager. Ce documentaire se penche sur le parcours de ces personnes, contraintes de se construire une vie à partir d'une enfance traumatisée, alors que l'on commémore les 70 ans de la libération du camp d'Auschwitz-Birkenau.

Source : France 3

Ce documentaire est fort, poignant. Il donne la parole aux enfants des survivants de La Shoah. La sobriété des témoignages laisse poindre la détresse d’une enfance traversée par l’angoisse des parents. La caméra est à l’écoute et les filme avec justesse. Le décor est nu : une grande table, des chaises vides dans un jeu d’ombre et de lumière. Le cauchemar des camps est reconstitué au fil du récit grâce à des marionnettes dans des décors stylisés.

Une voix off ouvre le film

Loin, au-delà des barbelés, le printemps chante, mes yeux se sont vidés et nous avons perdu la mémoire. Aucun de nous n’aurait dû revenir.
Des camps d’Auschwitz, de Buchenwald ou de Dachau, les déportés sont rentrés sans bruit, comme des ombres. Alors, sous la forme d’une existence qui leur échappe, ils devront tout réapprendre, continuer à vivre. Comment partager ce qu’ils ont vécu là-bas ? Comment se mêler à nouveau au présent de la vie ? Leurs enfants, nés quelques années après leur retour, seront les premiers témoins de cette terrible reconstruction. Dans quel silence ont-ils grandi ? Dans quels cris ? Témoins de la folie ramenée des camps, c’est à leur tour de raconter cette histoire…

Prochaine diffusion le mercredi 11 mai 2016 à 03:45



Texte et mise en page: Jacques Lefebvre-Linetzky




















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