Le Mémorial de la Shoah est un musée, un centre de documentation et un lieu de mémoire.
Il se situe au 17, rue Geoffroy l'Asnier à Paris dans le quatrième arrondissement.
© Jacques Lefebvre-Linetzky
Ouvert depuis 2005, le Mémorial de la Shoah est aujourd’hui
l’institution de référence en Europe sur l’histoire de la Shoah. Il intègre le Mémorial du martyr juif
inconnu inauguré en 1956, dont les façades, le parvis et la crypte ont été
conservés, et le centre de documentation juive contemporaine (CDJC), créé en 1943 par Isaac Schneersohn.
Source : Mémorial de
La Shoah
Que trouve-t-on au
Mémorial de la Shoah ?
Un auditorium, salle
Edmond J. Safra (niveau -1)
La librairie
(rez-de-chausée) : plus de 1000 références. Librairie dédiée au génocide
des Juifs d’Europe.
Un centre d’enseignement
multimédia (rez-de-chaussée) : on peut y regarder des films, écouter des archives sonores.
Une exposition temporaire
(niveau 1)
La salle des Noms (niveau
1) : on peut y retrouver un membre de sa famille, se documenter un dossier
d’indemnisation.
L’Institut pédagogique
Edmond J. Safra (niveau 2)
Un centre de documentation
(niveau 4) : consultation du fonds documentaire.
©JL+L
Les lieux du souvenir au Mémorial
Le Mémorial de la Shoah
abrite le tombeau du martyr juif inconnu. Ce monument, mis en œuvre en 1950 par
le fondateur du C.D.J.C., Isaac
Schneersohn, et inauguré le 30 octobre 1956, est composé de plusieurs
espaces et éléments, tels que : le parvis et
la crypte où se déroulent les principales cérémonies liées à la
Shoah, le fronton monumental du
bâtiment et le cylindre de bronze situé dans l'axe du parvis qui évoque les
cheminées des camps de la mort. Le
Mur des noms, érigé en 2004, ajoute une nouvelle dimension au lieu de
mémoire du génocide.
Source : Mémorial de la Shoah
Le Mur des noms
©JL+L
Sur ce mur ont été gravés
76 000 noms, parmi eux, 11 000 enfants, déportés de France dans le cadre du
plan nazi de la destruction des Juifs d’Europe, avec la collaboration du
gouvernement de Vichy.
Source : Mémorial de
la Shoah
On sait aujourd'hui avec certitude que 75 721 Juifs et, parmi eux, 11 400 enfants, furent déportés depuis la France.
On sait aujourd'hui avec certitude que 75 721 Juifs et, parmi eux, 11 400 enfants, furent déportés depuis la France.
Le Mur des Noms a été établi d'après le Mémorial de la Déportation des Juifs de France, résultat des recherches de Serge et Beate Klarsfeld.
Exposition
temporaire : Après la Shoah, 1944-1947
Du 27 janvier 2016 au 30
octobre 2016
Après la catastrophe. La libération de l'Europe et le fin de la Seconde Guerre mondiale soulèvent un immense sentiment de soulagement, de joie, d'espoir. Pourtant, le retour à une vie normale semble à peine possible pour les Juifs d'Europe qui ont pu échapper à la destruction générale organisée par les nazis et leurs complices locaux. Malgré tout, les rescapés aspirent tous à retrouver leurs proches, retourner chez eux, ou trouver un refuge, reprendre une activité, imaginer à nouveau un avenir. Ici ou ailleurs. L'incertitude et le chaos règnent cependant partout.
Source :
Mémorial de la Shoah
Ce qui
impressionne le visiteur, c’est la rigueur
et l’originalité de la scénographie de cette exposition. Des
panneaux informatifs jalonnent le parcours qui explore les aspects les plus
importants de ce retour si complexe et si douloureux. Les textes sont traduits
en anglais. On passe d’une étape à une autre grâce à un agencement de cubes de
couleur « kraft ».
Le regard s’arrête sur un écran, les témoignages sont sous-titrés, la taille des écrans varie. On peut revenir sur ses pas et progresser à nouveau en direction d’une vitrine, accrocher un visage sur un écran de plus grande taille. C’est à la fois varié et d’une extrême efficacité pédagogique.
©JL+L
Voici
quelques extraits de textes figurant sur les panneaux
Les rescapés
et les survivants
Le terme de
« rescapés » désigne ici l’ensemble des 4 à 5 millions de Juifs des
territoires ayant été sous contrôle des nazis et de leurs alliés encore en vie
au moment de la libération de l’Europe. Le terme de « survivants »
s’applique, lui, plus spécifiquement aux 60 000 rescapés des camps
d’extermination, de concentration, de travail forcé ou d’autres lieux d’enfermement. (…) Cette distinction
sémantique n’existe pas dans le monde anglophone.
Source : Mémorial de la Shoah
La sortie du
génocide
La sortie du
génocide est, elle aussi, longue et chaotique. Dès 1945, apparaissent les
premières estimations du nombre de victimes : de 5,7 à plus de 6 millions
de morts (dont 1,5 million d’enfants de moins de 14 ans) sur une population de
près de 10 millions de Juifs vivant avant 1939 dans les territoires tombés sous
la domination ou l’influence nazie. Pour les 4 a 5 millions de rescapés, la fin
de la guerre inaugure une autre séquence qui prolonge pour beaucoup et pour
longtemps les souffrances déjà endurées.
Source : Mémorial de la Shoah
Aide et
entraide sociale
On a peine à
imaginer la détresse et la misère des Juifs au sortir de la guerre. Beaucoup
sont sans logement, sans travail, sans ressources, sans patrie pour les
réfugiés. Les années de persécutions les ont épuisés physiquement et
psychologiquement. Recommencer ou reconstruire une vie nécessite un secours
extérieur. Une aide financière ou matérielle provient des pouvoirs publics et
d’organisations internationales comme le United Nations Relief and
Rehabilitation Administration et le Comité intergouvernemental pour les Réfugiés.
La majeure partie est fournie par une myriade d’organisations juives, une forme
d’entraide née souvent durant la guerre elle-même.
La
principale vient des Etats-Unis. L’American Jewish Joint Distribution Committee
finance et organise une aide sociale massive destinée à soutenir la
reconstruction et la préservation de ce qui reste du monde juif européen dans
son ensemble : à lui seul, il fournit entre 1945 et 1948 près de 200
millions de dollars, dont 7% à destination de la France et 10 % de la Pologne.
Source : Mémorial de la Shoah
Première
mémoire
Longtemps a
dominé l’idée que les rescapés s’étaient tus au sortir de la guerre, par
pudeur, par honte, par crainte de n’être pas entendus. Longtemps a prévalu le
mythe d’un « silence » sur la Shoah, d’une occultation du sort
singulier réservé aux Juifs, dans le contexte de la reconstruction et de la
réconciliation des sociétés européennes. (…)
Le constat
reste en partie vrai. Pourtant, rien ne caractérise mieux l’immédiat
après-guerre que la floraison de témoignages et de récits de toutes sortes sur
la persécution. Très tôt, en 1945-1946, des rituels funéraires, des
commémorations, des monuments, des mémoriaux virent le jour.
Les enfants
Dans la
lignée des travaux sur l’enfance menés par des scientifiques juifs en Europe
orientale avant la guerre, des milliers de témoignages sont récoltés auprès de
jeunes rescapés dont beaucoup vivent dans des foyers pour orphelins. Ces
collectes ont une dimension thérapeutique – aider à surmonter le trauma grâce à
la parole -, et cherchent à s’informer sur leur état psychologique et leurs
aspirations. Les initiateurs espèrent aussi sensibiliser une opinion publique
qu’ils voient réticente tant sur le martyre subi par les Juifs que sur la
revendication d’un État juif en Palestine.
Source : Mémorial de la Shoah
Avant la guerre, de nombreux exilés allemands,
opposants à Hitler, se réunissaient dans les salons de l’hôtel Lutétia. En
1940, l'amiral Canaris y installa les bureaux du service de renseignements de
l'état-major allemand, l'Abwehr. En 1945, sur l'ordre du général de Gaulle, il
fut réquisitionné pour accueillir les déportés, Juifs comme non-Juifs. Les
déportés étaient soumis à un interrogatoire très serré car on craignait que
d’anciens nazis ne se soient mêlés à la foule des survivants. C’était en fait
un centre d’accueil et de contrôle. Les structures prévues se sont avérées très
vite insuffisantes.
Image empruntée ici
Après ma libération, le 21 avril 1945,
je suis rentré à Paris, en mai, où j’ai retrouvé mes parents. J’allais à
l’hôtel Lutétia pour attendre mes copains de camp et j’ai parlé, parlé, parlé …
mais personne ne voulait m’écouter. On écoutait les résistants et pas du tout
les enfants juifs déportés. Une femme m’a demandé si je connaissais son fils
(même convoi, même parcours). Je l’avais vu mourir pendant la marche de la
mort. Je n’ai pas pu le dire à sa mère, j’ai dit simplement que je l’avais
perdu de vue lors de l’évacuation du camp. Elle m’a alors insulté, me disant
que son fils était un bon garçon, et que moi je devais être un meurtrier, un
kapo, puisque j’étais revenu.
Addy Fuchs, source ici.
"Devant la gare, des autobus nous attendaient,
les mêmes que ceux qui nous avaient conduits de Drancy à Bobigny pour partir à
Birkenau !
Des scouts nous entourent, venus pour aider des
éclopés à monter dans les voitures... on traverse Paris : est-ce un rêve? On
arrive à l'hôtel Lutétia, Centre d'Accueil et de contrôle des déportés.
La vaste entrée de la résidence est obstruée par une
masse de femmes qui brandissent des photos, hurlent des noms... Il faut foncer
dans le tas pour pouvoir entrer.
A l'intérieur de l'hôtel, c'est encore le brouhaha et
le piétinement de la foule – mais on nous dirige vers des chambres – dortoirs
où nous pouvons nous reposer avant de retourner parmi les autres. Et voilà que
nous retrouvons des camarades du camp ou du voyage : rien ne pouvait être plus
réconfortant, on dirait que nous retrouvons nos vrais pays !"
Odette Abadi, Terre de détresse, L’Harmattan, 2012,
pp 197/198.
Émission présentée par Cathie Fidler et Jacques Lefebvre-Linetzky
Texte et mise en page: Jacques Lefebvre-Linetzky
Émission présentée par Cathie Fidler et Jacques Lefebvre-Linetzky
Texte et mise en page: Jacques Lefebvre-Linetzky
Lu aujourd'hui seulement, mais ce document n'en est pas moins remarquable. Vous parlez d'un domaine dans lequel, hélas, on a toujours à apprendre. Je dis hélas, car extrêmement rares sont les témoignages où l'on perçoit un peu de bonheur. Même le retour à une vie "normale",pour ceux et celles qui sont revenus, ne pouvait effacer ce passé tragique. Merci pour ces informations sur un coin de Paris que j'espère visiter un jour.
RépondreSupprimerÀ noter, à cette date (le 6 mai 2016) : le catalogue de cette exposition est à présent disponible au Mémorial de la Shoah, et sans doute sur commande.
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