Photo © JL +L
Mardi 15 novembre 2015, j’ai eu le plaisir recevoir
Jacqueline Parienté, correspondante régionale de Passerelles, à l’antenne de RCN dans le cadre de l’émission
de l’AMEJDAM, Au nom des enfants.
Jacqueline Parienté effectue un travail essentiel au Centre Elie Wiesel de Nice.
Souriante et dynamique, elle conseille, elle cherche des solutions aux
problèmes que rencontrent ses interlocuteurs, elle est présente et chaleureuse.
Sa formation de psychologue donne à son action une efficacité remarquable.
Laissons-lui la parole...
Le bassin aux nymphéas, harmonie verte,
Claude Monet, 1899.
image empruntée ici
À l’écoute…
"Passerelles est le service d’écoute, d’aide et
d’orientation pour les victimes de la Shoah et leurs enfants. Le Fonds Social
Juif Unifié a été créé en 1950. Au lendemain de la guerre, il s’est occupé de
venir en aide, d’accompagner tous les survivants de la Seconde Guerre mondiale,
anciens enfants cachés, personnes déportées et leur famille. Le FSJU est intervenu pour subvenir à des
besoins matériels immédiats, essentiellement d’ordre financier. Immédiatement,
on s’est aperçu que les personnes qui revenaient des camps ainsi que les
anciens enfants cachés qui essayaient de reprendre une vie à peu près normale, avaient des besoins d’écoute auxquels le
Fonds Social ne pouvait pas répondre. Ces personnes éprouvaient beaucoup de
difficulté à s’exprimer et lorsqu’elles tentaient de le faire, elles n’étaient
pas entendues.
La Commission Mattéoli
Au fil des années, certains dispositifs ont été mis
en place par le gouvernement français, notamment à la fin des années 90. En
1997, la Commission Mattéoli a enquêté sur les spoliations dont les Juifs ont
été victimes durant l’Occupation. Cette commission a mis en évidence l’importance
de ces spoliations. C’est en 2000 que la Commission d’indemnisation pour les
victimes des spoliations a été créée en France. Elle indemnise toute personne qui
fait une demande concernant des biens mobiliers ou immobiliers ou des biens
bancaires restés en déshérence.
La Fondation pour la Mémoire de la Shoah
Dans ces mêmes années 2000, a été crée la Fondation
pour le Mémoire de la Shoah, un partenaire essentiel du Fonds Social Juif
Unifié, notamment du service Passerelles. Nous avons des liens réguliers, et
chaque année, nous effectuons un bilan qui permet à Passerelles de recevoir des
subventions du Mémorial. Une grande partie de mon salaire est assumée par la
Fondation pour la Mémoire de la Shoah. Cette fondation est constituée de
multiples départements qui ont pour but de transmettre l’histoire de la Shoah au
plus grand nombre. Le département pédagogique propose des stages aux
enseignants et s’adresse également au public scolaire.
La Fondation pour la Mémoire de la Shoah joue un rôle
éminemment social et met à disposition un certain nombre de financements pour
des maisons de retraite, pour des soins et des accompagnements divers.
Passerelles
C’est en 2002 que le service Passerelles a été créé, afin
de proposer une écoute plus spécifique auprès des survivants de la Shoah. Il y a
d’abord eu une plateforme à Paris. Ensuite, ce service a été implanté dans
chaque délégation du Fonds Social Juif Unifié, à Paris, bien sûr, à Toulouse, à Lyon, à Marseille, à Strasbourg
et à Nice. Au départ, tous les appels ont été réceptionnés à Paris grâce à un
numéro vert gratuit, le 0800 39 45 00. Ces appels étaient reçus par des
écoutants qui, tous, avaient un lien avec la Shoah – anciens enfants cachés,
anciens déportés… Au fur et à mesure, les appels étaient dispatchés en
direction des correspondants régionaux dans les différentes régions
concernées. Certaines régions n’ont pas
de délégation du FSJU et une collègue de Passerelles à Paris en a la charge.
Passerelles, un lieu d’écoute et d’orientation accessible
gratuitement au 0800 39 45 00 et sur passerelles@fsju.org
Pour en savoir davantage cliquez ici
Contact Nice Côte d’Azur:
Jacqueline Pariente04 93 82 47 03
j.pariente@fsju.org
Le travail au quotidien
J’ai plusieurs "casquettes". J’accompagne et je reçois
les personnes concernées à la permanence du FSJU. Quand elles ne peuvent pas se
déplacer, je fais une visite à domicile. Mon secteur comprend les Alpes Maritimes,
l’arrière-pays, la Corse et une partie du Var. Je les contacte ou
elles me contactent par téléphone et je
les accompagne dans leurs dossiers d’indemnisation lorsque cela s’avère
nécessaire. Les anciens enfants cachés
grâce à la Claims Conference et à l’État allemand, peuvent toucher une
indemnisation mensuelle. Cela concerne
également certaines personnes de Tunisie et du Maroc depuis quelques années. L’allocation
d’indemnisation n’est pas la même, la durée non plus. Celle des enfants cachés
est une indemnisation à vie et mensuelle. Pour les personnes d’Afrique du Nord,
de Tunisie ou du Maroc, à l’exclusion de l’Algérie, c’est une indemnisation
forfaitaire. Nous avons également le souci
d’accompagner ce public qui est âgé dans sa majorité et qui peut
souffrir de perte d’autonomie. Je travaille beaucoup avec le service social de
Nice, le CASIN qui lui-même travaille en coordination avec les
services sociaux de la ville pour aider ces personnes au maintien à domicile ou
à les accompagner dans des maisons de retraite. Je m’occupe aussi de
l’accompagnement en fin de vie afin d’assurer à ces personnes une vie décente.
Il faut veiller à ce que les factures du quotidien (loyer, EDF, assurance,
mutuelle) soient réglées. Nous les
aidons aussi à bénéficier de portage de repas par la ville de Nice. Et nous faisons en sorte qu’elles puissent
faire face à des frais médicaux prioritaires – appareils auditifs, lunettes, soins
dentaires… Nous assurons ce suivi
régulièrement. Ces personnes peuvent bénéficier d’une bonne situation à un
moment donné et au décès de leur conjoint, leur condition peut se dégrader très
rapidement. Il faut ne pas les perdre de vue
et je les appelle régulièrement. Nous avons d’ailleurs un service dédié au
FSJU dont s’occupe Sylvia Bruter. Il s’agit d’un service d’écoute, d’appels
téléphoniques auquel participent deux bénévoles et qui, chaque semaine, appellent
des personnes isolées afin de s’enquérir de l’évolution de leur situation. Il y
a certaines personnes qui n’ont aucun lien avec la communauté, aucun lien avec
qui que ce soit dans la cité et je suis en quelque sorte leur seul contact. Je
pense à l’une d’entre elles, notamment à Cannes ; je suis le seul lien que cette personne a avec
la vie. Je ne peux pas me rendre à son domicile car elle refuse que je découvre
son environnement. Nous nous voyons dans un café, c’est assez exceptionnel et nous parlons, bien sûr de sa situation,
mais pas seulement – ce monsieur a envie
de refaire le monde; il aime beaucoup la musique, le cinéma. L’écoute peut
passer par là, bien sûr.
La Claims Conference, voir lien ici
Le CASIN, voir lien ici
Les activités
Nice a été l’une des premières régions à mettre en
place des actions. Le lundi est consacré aux ateliers en général. Nous avons un
atelier judéo-espagnol pour les personnes issues du bassin méditerranéen, de Grèce,
de Turquie qui parlent encore le fameux Ladino.
L’après-midi, nous avons deux
ateliers pour les Ashkénazes qui
parlent, eux, le yiddish à différents niveaux.
Certains le parlent très bien, d’autres
ne connaissent que quelques mots et se souviennent de bribes transmises
par leurs parents qui préféraient qu’ils s’expriment en français afin de
faciliter leur intégration. Ces cours sont très vivants ; les personnes
qui sont là sont certes âgées, mais dynamiques et c’est un peu l’heure de
récréation.
On a également mis en place un atelier d’écriture
animé par Cathie Fidler depuis 7 ans. C’est un travail remarquable. L’été
dernier, j’ai pu assister à un atelier et écouter tous les travaux des « élèves » qui ont progressé de manière impressionnante. Ils y trouvent énormément de plaisir et de réconfort de surcroît.
Le blog de Cathie Fidler, voir lien ici
Le blog de Cathie Fidler, voir lien ici
Chaque mois, le lundi après-midi, en alternance avec
les ateliers yiddish, nous recevons un invité. La dernière invitée a été Susie
Morgenstern qui est venue présenter deux de ses derniers ouvrages.
Prochainement, nous aurons un invité qui nous parlera du peintre Turner.
L’année dernière Serge et Béate Klarsfeld sont venus à notre siège pour la
sortie de leur autobiographie à quatre mains et il y avait plus de 100 à 120
personnes présentes dans nos locaux.
J.M.W. Turner, Alnwick Castle, 1829.
Image empruntée ici
Nous avons fait aussi une action conjointe avec le
Mémorial de la Shoah. Le service de la
photothèque, en partenariat avec Passerelles, a recueilli des archives
familiales dans différentes régions de France. Chaque famille qui le souhaitait
a déposé des photos, des lettres, des
documents précieux témoignant de ce qui s’était passé pendant la Seconde Guerre
mondiale. D’autres documents couvrant la période de l’avant-guerre et de
l’après-guerre ont également été collectés."
Écouter est peut-être le
plus beau cadeau que nous puissions faire à quelqu’un. D’une certaine façon,
c’est lui dire :
« Tu es important pour moi, tu es intéressant, je suis
heureux que tu sois là. Je suis disponible à ta présence. Je me sens touché par
ce que tu es, parce que tu dis. »
Jacques Salomé
Très beau blog qui reflète bien ce qu'est Passerelles. Jacqueline, l'animatrice des ateliers yiddish et judéo-espagnol, sait écouter et créée une ambiance chaleureuse.
RépondreSupprimerMerci beaucoup à elle et Sylvia et à tout ce service accueillant et dynamique et merci à Jacques pour ce blog.