Anna Marly (1917-2006)
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Anna Marly, de son vrai nom, Anna Betoulinsky,
est née le 30 octobre 1917 à Saint- Pétersbourg. Son père est fusillé lors de
la Révolution russe. Sa mère quitte la Russie pour la France en 1920. Très tôt
la jeune fille se passionne pour la musique et pour la danse. Elle change nom
pour danser dans les Ballets russes et finalement, elle se consacre à la chanson.
En 1941, elle s’engage comme cantinière au quartier général des Forces
françaises libres à Londres. C’est là qu’elle compose sa chanson la plus
célèbre, Le Chant des partisans.
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En 1943, Le
Chant des partisans est choisi comme indicatif musical de l’émission Honneur et patrie animée par André
Gillois, sifflé par Claude Dauphin, André Gillois et Maurice Druon. L’air est
sifflé pour qu’il soit perceptible malgré les brouillages des Allemands. Le 30
mai 1943, Joseph Kessel et Maurice Druon en écrivent les paroles françaises.
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Cette même année, elle compose la musique de La Complainte du partisan dont le texte est écrit par Emmanuel d’Astier de la
Vigerie.
Après la guerre, Anna Marly quitte la France.
Elle parcourt l’Amérique du Sud, sillonne l’Afrique et décide de s’installer
aux Etats-Unis.
Elle est décorée de l’ordre national du mérite
en 1965. Elle est nommée chevalier de la Légion d’honneur par François
Mitterrand, président de la République en 1985 à l’occasion du quarantième
anniversaire de la victoire des Alliés.
Le 17 juin 2000, elle chante Le Chant des partisans avec le Chœur de
l ‘Armée française au Panthéon dans le cadre des cérémonies du 60e
anniversaire de l’Appel du 18 juin 1940.
Elle est décédée à Palmer en Alaska le 15 février
2006.
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Le texte de La Complainte du partisan
Les Allemands étaient chez
moi
On m'a dit
"Résigne-toi"
Mais je n'ai pas pu
Et j'ai repris mon arme
Personne ne m'a demandé
D'où je viens et où je
vais
Vous qui le savez
Effacez mon passage
J'ai changé cent fois de
nom
J'ai perdu femme et
enfants
Mais j'ai tant d'amis
Et j'ai la France entière
Un vieil homme dans un
grenier
Pour la nuit nous a cachés
Les Allemands l'ont pris
Il est mort sans surprise
Hier encore, nous étions
trois
Il ne reste plus que moi
Et je tourne en rond
Dans la prison des
frontières
Le vent souffle sur les
tombes
La liberté reviendra
On nous oubliera
Nous rentrerons dans
l'ombre
Pour écouter Anna Marly, cliquez ici
Les Compagnons de la chanson
Dans les années 1950, La Complainte du partisan, plus intimiste que Le Chant des partisans, est chantée notamment par Les Compagnons de la chanson où la voix chaude et puissante de Fred Mella fait merveille.
Pour écouter la version des Compagnons de la
chanson, cliquez ici
Aux États-Unis, La Complainte du partisan est popularisée grâce aux travaux d’Alan
Lomax (1915-2002), musicologue et folkloriste. La chanson est citée dans
l’édition de 1948 de The People’s Song
Book. Le texte de la chanson a été traduit en anglais par Hy Zaret
(1907-2007), célèbre parolier et compositeur. C’est vraisemblablement cette
version qu’écoutait Leonard Cohen dans sa jeunesse.
Leonard Cohen
En 1969, Leonard Cohen (1934-2016), reprend La Complainte du partisan dans son
deuxième album intitulé, Songs From a
Room, enregistré à Nashville. Elle figure sous le titre, The Partisan. Leonard Cohen mêle
l’anglais et le français dans cette version très personnelle empreinte de
mystère et de mélancolie où la tension du danger frémit à chaque vers. On ne se
lasse pas d’écouter la voix grave du chanteur qui nous fait partager la
solitude du « partisan ». La « complainte » prend grâce à
lui une dimension universelle. En grand poète, Leonard Cohen insuffle aux mots
un pouvoir à la fois secret et magique.
Pour écouter Leonard Cohen, cliquez ici
When
they poured across the border
I
was cautioned to surrender
This
I could not do
I
took my gun and vanished.
I
have changed my name so often
I've
lost my wife and children
But
I have many friends
And
some of them are with me
An
old woman gave us shelter
Kept
us hidden in the garret
Then
the soldiers came
She
died without a whisper
There
were three of us this morning
I'm
the only one this evening
But
I must go on
The
frontiers are my prison
Oh,
the wind, the wind is blowing
Through
the graves the wind is blowing
Freedom
soon will come
Then
we'll come from the shadows
Les
Allemands étaient chez moi
Ils
me dirent, "résigne toi"
Mais
je n'ai pas peur
J'ai
repris mon âme
J'ai
changé cent fois de nom
J'ai
perdu femme et enfants
Mais
j'ai tant d'amis
J'ai
la France entière
Un
vieil homme dans un grenier
Pour
la nuit nous a caché
Les
Allemands l'ont pris
Il
est mort sans surprise
Oh,
the wind, the wind is blowing
Through
the graves the wind is blowing
Freedom
soon will come
Then
we'll come from the shadows
Isabelle Aubret
La « complainte » fait ensuite son
retour en France, chantée par Isabelle Aubret en anglais.
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Pour écouter la version d’Isabelle Aubret,
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Esther Ofarim
En 1969, Esther Ofarim chante Leonard Cohen. Son album intitulé simplement, Esther Ofarim, rend hommage à quatre chansons du poète canadien : You know who I am, Bird on a Wire, Don't pass me by, The Partisan.
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Pour écouter la version d’Esther Ofarim, cliquez
ici
Buffy Sainte Marie
Buffy Sainte Marie, chanteuse canadienne
d’origine indienne, très engagée politiquement, reprend la
« complainte » dans l’album, She
Used to Wanna Be a Ballerina en 1971. Cette version revient aux sifflements
de la version chantée par Anna Marly.
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Pour écouter Buffy Sainte Marie, cliquer ici
Je terminerai ce florilège par Joan Baez qui, dans son album, Come From the Shadows (1972), parvient à donner à la « complainte » un souffle à la fois épique et intimiste. Il y a chez cette chanteuse une sorte d'universalité triomphante, servie par une voix dont Martin Luther King disait que c'était celle d'un ange. Elle apporte quelques modifications au texte et rajoute une strophe abandonnée dans les précédentes versions.
Joan Baez
Je terminerai ce florilège par Joan Baez qui, dans son album, Come From the Shadows (1972), parvient à donner à la « complainte » un souffle à la fois épique et intimiste. Il y a chez cette chanteuse une sorte d'universalité triomphante, servie par une voix dont Martin Luther King disait que c'était celle d'un ange. Elle apporte quelques modifications au texte et rajoute une strophe abandonnée dans les précédentes versions.
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D’autres versions existent chantées, entre
autres, par Leny Escudero, Ana Prucnal, Daiano (version en italien), le groupe 16 Horse Power ou encore Other Lives.
C’est toutefois celle de Leonard Cohen qui
s’inscrit dans la mémoire collective parce qu’elle allie densité et sensibilité
au point qu’on en oublie que la chanson a été composée par Anna Marly.
Le poète n’est plus, il nous manque terriblement et nous restons partagés entre le bonheur de pouvoir l’écouter grâce à ses enregistrements et la douleur de la perte que cette « présence enregistrée » imprime en nous...
Le poète n’est plus, il nous manque terriblement et nous restons partagés entre le bonheur de pouvoir l’écouter grâce à ses enregistrements et la douleur de la perte que cette « présence enregistrée » imprime en nous...
So long Leonard…
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Hors Série
Disponible en kiosque dès le 13 décembre 2016
Texte et mise en page de ce billet : Jacques Lefebvre-Linetzky
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