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mardi 13 décembre 2016

LA COMPLAINTE DU PARTISAN: ANNA MARLY, LEONARD COHEN ET LES AUTRES…

Anna Marly (1917-2006)


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Anna Marly, de son vrai nom, Anna Betoulinsky, est née le 30 octobre 1917 à Saint- Pétersbourg. Son père est fusillé lors de la Révolution russe. Sa mère quitte la Russie pour la France en 1920. Très tôt la jeune fille se passionne pour la musique et pour la danse. Elle change nom pour danser dans les Ballets russes et finalement, elle se consacre à la chanson. En 1941, elle s’engage comme cantinière au quartier général des Forces françaises libres à Londres. C’est là qu’elle compose sa chanson la plus célèbre, Le Chant des partisans.


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En 1943, Le Chant des partisans est choisi comme indicatif musical de l’émission Honneur et patrie animée par André Gillois, sifflé par Claude Dauphin, André Gillois et Maurice Druon. L’air est sifflé pour qu’il soit perceptible malgré les brouillages des Allemands. Le 30 mai 1943, Joseph Kessel et Maurice Druon en écrivent les paroles françaises.


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Cette même année, elle compose la musique de La Complainte du partisan dont le texte est écrit par Emmanuel d’Astier de la Vigerie.

Après la guerre, Anna Marly quitte la France. Elle parcourt l’Amérique du Sud, sillonne l’Afrique et décide de s’installer aux Etats-Unis.

Elle est décorée de l’ordre national du mérite en 1965. Elle est nommée chevalier de la Légion d’honneur par François Mitterrand, président de la République en 1985 à l’occasion du quarantième anniversaire de la victoire des Alliés.

Le 17 juin 2000, elle chante Le Chant des partisans avec le Chœur de l ‘Armée française au Panthéon dans le cadre des cérémonies du 60e anniversaire de l’Appel du 18 juin 1940.

Elle est décédée à Palmer en Alaska le 15 février 2006.


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Le texte de La Complainte du partisan

Les Allemands étaient chez moi
On m'a dit "Résigne-toi"
Mais je n'ai pas pu
Et j'ai repris mon arme

Personne ne m'a demandé
D'où je viens et où je vais
Vous qui le savez
Effacez mon passage

J'ai changé cent fois de nom
J'ai perdu femme et enfants
Mais j'ai tant d'amis
Et j'ai la France entière

Un vieil homme dans un grenier
Pour la nuit nous a cachés
Les Allemands l'ont pris
Il est mort sans surprise

Hier encore, nous étions trois
Il ne reste plus que moi
Et je tourne en rond
Dans la prison des frontières

Le vent souffle sur les tombes
La liberté reviendra
On nous oubliera
Nous rentrerons dans l'ombre

Pour écouter Anna Marly, cliquez ici


Les Compagnons de la chanson


Dans les années 1950, La Complainte du partisan, plus intimiste que Le Chant des partisans, est chantée notamment par Les Compagnons de la chanson où la voix chaude et puissante de Fred Mella fait merveille. 




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Pour écouter la version des Compagnons de la chanson, cliquez ici

Alan Lomax

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Aux États-Unis, La Complainte du partisan est popularisée grâce aux travaux d’Alan Lomax (1915-2002), musicologue et folkloriste. La chanson est citée dans l’édition de 1948 de The People’s Song Book. Le texte de la chanson a été traduit en anglais par Hy Zaret (1907-2007), célèbre parolier et compositeur. C’est vraisemblablement cette version qu’écoutait Leonard Cohen dans sa jeunesse.


Leonard Cohen


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En 1969, Leonard Cohen (1934-2016), reprend La Complainte du partisan dans son deuxième album intitulé, Songs From a Room, enregistré à Nashville. Elle figure sous le titre, The Partisan. Leonard Cohen mêle l’anglais et le français dans cette version très personnelle empreinte de mystère et de mélancolie où la tension du danger frémit à chaque vers. On ne se lasse pas d’écouter la voix grave du chanteur qui nous fait partager la solitude du « partisan ». La « complainte » prend grâce à lui une dimension universelle. En grand poète, Leonard Cohen insuffle aux mots un pouvoir à la fois secret et magique.



Pour écouter Leonard Cohen, cliquez ici


Le texte de The Partisan

When they poured across the border
I was cautioned to surrender
This I could not do
I took my gun and vanished.
I have changed my name so often
I've lost my wife and children
But I have many friends
And some of them are with me
An old woman gave us shelter
Kept us hidden in the garret
Then the soldiers came
She died without a whisper
There were three of us this morning
I'm the only one this evening
But I must go on
The frontiers are my prison
Oh, the wind, the wind is blowing
Through the graves the wind is blowing
Freedom soon will come
Then we'll come from the shadows

Les Allemands étaient chez moi
Ils me dirent, "résigne toi"
Mais je n'ai pas peur
J'ai repris mon âme
J'ai changé cent fois de nom
J'ai perdu femme et enfants
Mais j'ai tant d'amis
J'ai la France entière
Un vieil homme dans un grenier
Pour la nuit nous a caché
Les Allemands l'ont pris
Il est mort sans surprise

Oh, the wind, the wind is blowing
Through the graves the wind is blowing
Freedom soon will come
Then we'll come from the shadows

Isabelle Aubret

La « complainte » fait ensuite son retour en France, chantée par Isabelle Aubret en anglais.


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Pour écouter la version d’Isabelle Aubret, cliquez ici 

Esther Ofarim

En 1969, Esther Ofarim chante Leonard Cohen. Son album intitulé simplement, Esther Ofarim, rend hommage à quatre chansons du poète canadien : You know who I am, Bird on a Wire, Don't pass me by, The Partisan.  


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Pour écouter la version d’Esther Ofarim, cliquez ici

Buffy Sainte Marie

Buffy Sainte Marie, chanteuse canadienne d’origine indienne, très engagée politiquement, reprend la « complainte » dans l’album, She Used to Wanna Be a Ballerina en 1971. Cette version revient aux sifflements de la version chantée par Anna Marly.


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Pour écouter Buffy Sainte Marie, cliquer ici 



Joan Baez

Je terminerai ce florilège par Joan Baez qui, dans son album, Come From the Shadows (1972), parvient à donner à la « complainte » un souffle à la fois épique et intimiste. Il y a chez cette chanteuse une sorte d'universalité triomphante, servie par une voix dont Martin Luther King disait que c'était celle d'un ange. Elle apporte quelques modifications au texte et rajoute une strophe abandonnée dans les précédentes versions. 



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 Pour écouter Joan Baez, cliquez ici


D’autres versions existent chantées, entre autres, par Leny Escudero, Ana Prucnal, Daiano (version en italien), le groupe 16 Horse Power ou encore Other Lives

C’est toutefois celle de Leonard Cohen qui s’inscrit dans la mémoire collective parce qu’elle allie densité et sensibilité au point qu’on en oublie que la chanson a été composée par Anna Marly.

Le poète n’est plus, il nous manque terriblement et nous restons partagés entre le bonheur de pouvoir l’écouter grâce à ses enregistrements et la douleur de la perte que cette « présence enregistrée » imprime en nous...


So long Leonard…



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Hors Série
Disponible en kiosque dès le 13 décembre 2016



Texte et mise en page de ce billet : Jacques Lefebvre-Linetzky













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