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lundi 2 janvier 2017

SHOLEM ALEIKHEM, "L'HOMME DE L'AIR "



Cholem Aleikhem ou Sholem Aleichem (1859-1916)

SholemAleichem.jpg

Image empruntée ici

Cholem  Aleichem renvoie à la salutation usuelle en yiddish (et en hébreu) Que la Paix soit avec vous.

Cholem-Aleikhem, de son vrai nom, Chalom Rabinovitch, avait choisi ce nom de plume car, à l’époque, le yiddish était considéré par nombre d’intellectuels juifs comme un jargon indigne. Il choisit donc de s’appeler « Que la Paix soit avec vous » et c’est sous ce pseudonyme qu’il devint un écrivain apprécié de tous.

Il est né à Péréiaslav (Petite Russie), il perd sa mère à l’âge de 13 ans. Son père se remarie et cette marâtre lui inspire son tout premier texte : un recueil des malédictions qu’elle imposait à son entourage. Il n’a que 15 ans lorsqu’il publie des poèmes hébraïques dans un journal. Après de solides études, il devient rabbin d’État (secrétaire communal) tout en continuant à écrire dans des journaux.

Il épouse la fille d’un riche administrateur de bien qui lui laisse une petite fortune à sa mort. La petite fortune sera vite engloutie dans des projets fantasques. Il publie un annuaire de la littérature yiddish en s’entourant des meilleurs écrivains qu’il paie à prix d’or. Il se lance dans des spéculations boursières hasardeuses. Il est très vite ruiné et doit vivre de sa plume. Il voyage entre Kiev et Odessa et, à la suite du pogrom de 1905, il part pour l’Amérique où il est accueilli par Mark Twain. Il revient en Europe où il accomplit une tournée triomphale aussi bien en Pologne qu’en Russie. Il contracte la tuberculose et sera soigné en Suisse et en Italie. Il est à Berlin lorsque la guerre éclate en 1914. Il s’échappe de justesse et retourne à New York où il meurt en 1916, entouré de sa nombreuse famille.

Il a contribué à immortaliser le shtetl, zone de résidence assignée aux Juifs de l’Empire des Tsars.
Les héros de ses récits sont désormais des types littéraires bien connus.  Ménahem-Mendel, le malchanceux famélique, qui transporte la guigne et dont tous les projets échouent. Tévié le laitier, le philosophe au cœur simple.
Vaste galerie de personnages au destin à la fois tragique et cocasse, ils nous font rire et nous émeuvent.



Sholem Aleichem à sa table de travail (1904)

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Citations

Un célibataire est un homme qui se rend à son travail chaque matin en provenance d'une direction différente.

Le commérage est le téléphone de la nature.

La vie est un rêve pour le sage, un jeu pour le fou, une comédie pour le riche et une tragédie pour le pauvre.

Quelles que soient les mauvaises nouvelles, vous devez continuer de vivre, même si cela vous tue.

Le riche est gonflé par l'orgueil, le pauvre par la faim.



Pluie, Marc Chagall, 1911
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La réactualisation du récit de tradition hassidique

Dans les cycles de récits consacrés à Menahem Mendl le Luftmensch ou Tévié le laitier, Sholem Aleikhem réactualise la tradition hassidique du récit née du Baal Shem Tov et de Rabbi Nahman de Bratzlav. S'il ne peut être qualifié, comme Péretz, d'auteur de contes « néo-hassidiques» (on notera chez ce dernier la modernisation des motifs hassidiques, qui s'entremêlent à des influences romantiques, symbolistes ou expressionnistes), Sholem Aleikhem n'en a pas moins porté l'art narratif juif à un très haut degré́ de sophistication. Son œuvre est une « œuvre de fusion» (de la même façon qu'on peut parler de « langue de fusion» pour le yiddish) dont les origines folkloriques sont nombreuses et variées. En ce sens, la littérature hassidique constitue pour lui un réservoir inépuisable et une source vive de création.

Catherine Géry

Source, cliquez ici 



La maison grise, Marc Chagall, 1917
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Un monde magique

Le shtetl

Sur le plan linguistique, il s’agit simplement du diminutif de Shtot, ville. Le shtetl serait donc une bourgade, un bourg. Mais les diminutifs en yiddish, comme la plupart des langues, ne sont pas seulement révélateurs d’une dimension, ils impliquent aussi la proximité, la familiarité, la tendresse. C’est pourquoi, dans la conscience des Juifs d’Europe de l’Est, il est non seulement un lieu habité par leurs semblables, mais aussi une structure économique et sociale particulière, un réseau de relations inter-individuelles et collectives, une façon d’être à soi et au monde, un mode de vie spécifique, un espace juif, dans tous les sens du terme. 



Au-dessus de la ville, Marc Chagall, 1917
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Sur le plan numérique, certains appliquent ce terme à des agglomérations comprenant entre 3000 et 10 000 habitants. Ce chiffre est contesté par d’autres pour qui le shtetl peut décrire des bourgs renfermant jusqu’à 20 000 personnes. Dans ces conditions, près de deux millions de Juifs sur 3 250 000, c’est-à-dire les deux tiers environ de la population juive de Pologne, vivaient en 1931 dans des shtetleh, ces agglomérations aux confins du monde rural et urbain et qui participaient des deux à la fois.

Source : akadem, cliquez ici 


 La musiqueMarc Chagall,1920
© Jacques Lefebvre-Linetzky

Le violon

Vous me demandez d’où nous vient ce génie de la musique. Peut-être l'avons-nous hérité, peut-être aussi tient-il tout simplement de la région. C’est que dans notre région de Kiev, vous ne trouverez pas une maison qui n’ait son violon. Un fils de bonne famille ou, comme on dit chez nous, un « fils à papa » doit absolument posséder un violon à lui et doit savoir jouer. Vous voulez savoir combien d’hommes habitent telle ou telle maison, vous n’avez qu’à jeter un regard sur le mur. Comptez : tant de violons accrochés au mur, tant d’hommes dans la maison. Chacun manie son violon. Le grand-père fait de la musique, le père fait de la musique, le fils fait de la musique. Le seul inconvénient, c’est que chaque génération a son propre répertoire, joue autrement, fait sa musique particulière. Le vieux grand-père joue des airs du Sinaï ou des morceaux tirés du répertoire synagogal [...]. Le père, Hassid comme il se doit, donne naturellement dans les airs hassidiques. Mais le fils, lui, cherche déjà sa musique dans les notes. Il joue des airs d’opéra. Telle génération, telle musique.

Y.L. Peretz, Métamorphose d’une mélodie, traduction du yiddish de J.Gottfarstein, Paris, Albin Michel, 1977, p. 19-20.

Source, cliquez ici 

Le violon sur le toit (Fiddler on the roof), 
Norman Jewison, 1971.


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Le film est adapté de la comédie musicale créée à Broadway en 1964. Tévié le laitier est interprété par Chaim Topol. 
La comédie musicale a été popularisée en France par Yvan Rebrov. 

Pour écouter If I were a Rich Man, cliquez ici

Pour écouter Matchmaker, cliquez ici

Pour écouter Sunrise, Sunset, cliquez ici


Le théâtre, Marc Chagall, 1920
© Jacques Lefebvre-Linetzky

Œuvres traduites en français

Le Tailleur ensorcelé et autres contes, Paris, Albin Michel, 1960, collection "Présences du judaïsme".
La Peste soit de l'Amérique, Paris, Liana Levi, 1972. 
"L'Allemand" in Regards sur la littérature yiddish par Cécile Cerf,  Académie d'Histoire, 1974.
Menahem-Mendl, le rêveur, Paris, Albin Michel, 1975, collection "Présences du judaïsme"
Un violon sur le toit. Tévié le laitier, Paris, Albin Michel, 1990.
Menahem-Mendl, le rêveur, Paris, Rivages, 1993.
Tévié le laitier, Temps actuels, 1991, collection "Littérature étrangère".
Contes ferroviaires, Paris, Liana Levi, 1991.
Gens de Kasrilevkè, Paris, Julliard, 1992, collection "Littérature yiddish".
Le dixième homme, Paris, 10/18, 1995. 
Le Traine-savates, Paris, Liana Levi, 2002.
Un conseil avisé, Paris, Liana Levi, 2002.
La Peste soit de l'Amérique, Paris, Liana Levi, 2006. 
La vie éternelle, 13 histoires courtes pour marquer le temps, Livre Metropolis, 2012.
Guitel Pourishkevitsh et autres héros dépités, L'Antilope, 2016.

Sélection bibliographique



Menahem-Mendl, le rêveur
Rivages Poche, février 1993



Image empruntée ici

Présentation de l’éditeur

Sous forme de lettres échangées entre le héros, soudain transplanté dans le "grand monde" d'Odessa et de Kiev, et sa femme Scheiné-Scheindl, demeurée dans sa bourgade de Kassrilevké, l'auteur narre les aventures ou plutôt les mésaventures burlesques de ce rêveur impénitent avec, en contrepoint, les commentaires acides mais pleins de bon sens de son épouse. Menhamen-Mendl a quitté le monde endormi et miséreux de la "zone de résidence" assignée aux Juifs de la Russie tsariste, pour les mirages des grandes villes modernes, mais il ne fait que s'agiter dans la poursuite de gains hypothétiques, et les plans fabuleux qu'il échafaude ne tardent pas à s'effondrer. Heureusement, c'est un optimiste incorrigible. Quand il essuie un revers, il se lamente brièvement et déjà son imagination féconde, toujours aux aguets, le lance avec enthousiasme dans la nouvelle aventure que Dieu lui envoie... Le comique de situation est ici largement renforcé par le comique du langage : l'écriture est en effet l'un des éléments majeurs du talent de Sholem Aleikhem. Celui-ci, l'un des plus grands écrivains de la littérature yiddish classique, fait penser à Gogol, à Tchékhov, à Dickens, à Mark Twain, à Chaplin... Quant à la profondeur de son exploration psychologique, elle l'apparente à La Bruyère, mais un La Bruyère plus humain par l'indulgence et la tendresse que l'auteur éprouve pour ses personnages.


Un violon sur le toit, Tévié le laitier
Bibliothèque Albin Michel, 1990



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Avant-propos

Ce pauvre laitier, qui n’a d’autre histoire que celles de ses sept filles et qui, attelé à sa peine journalière comme son cheval à sa charrette, trouve, avec ou sans à-propos, - sans à-propos surtout, - en chaque situation, ou tragique ou comique, un texte saint à travestir ou une prière à murmurer ; ce rêveur toujours éveillé qui, contemplant sa malchance au travers de je ne sais quelle ironie métaphysique, attend la justice et le bonheur comme Israel attend le Messie, et dont aucune déception ne rebute l’espoir ; ce révolté toujours soumis, qui sans cesse réclame à Dieu des comptes est sans cesse prêt à l’excuser ; ce Père Goriot de la misère juive, ce Don Quichotte ou ce Pança de l’illusion juive, cet Écclésiaste ou ce Job de l’humour juif, se classera peut-être quelque jour, en toute humilité, au nombre des figures atypiques obscurément créées par le génie des grandes races.


Un conseil avisé
Sholem Aleikhem
Editeur : Lian Levi
Collection Piccolo, 2002


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Présentation de l’éditeur

Un conseil avisé. c'est ce que vient chercher un jeune homme affolé chez l'écrivain Sholem Aleikhem. Les mots se bousculent, le voilà déjà qui vide son sac, raconte sa vie, sa femme si souvent malade. sa femme, c'est bien là le problème. Que veut-elle de plus qu'elle n'a déjà ? et pourquoi fait-elle venir à tout bout de champ le nouveau docteur. Nous voilà en plein vaudeville, mais un vaudeville d'Europe de l'est, avec une pointe d'accent yiddish.

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La vie éternelle : 13 histoires courtes pour marquer le temps, Metropolis, 2012



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Sholem Aleikhem est sans doute l’écrivain le plus caractéristique de la littérature yiddish moderne. Empreints d’un humour dévastateur, les treize récits réunis dans ce recueil nous font découvrir l’univers des Juifs d’Europe orientale au tournant du XXe siècle. L’auteur y dessine à traits mordants et tendres la vie des petites gens et celle de la bourgeoisie naissante.
Dans ce recueil de nouvelles encore inédites en français, Arthur Langerman et Ariel Sion ont choisi de prendre comme trame le calendrier juif et la rencontre chaotique entre le monde juif et les autres.
« La vie éternelle » est un recueil de nouvelles de Sholem Aleikhem traduites en français. Il se présente comme une salutation aimable, un « la paix soit sur vous » d’un monde  qui n’est plus et qui pourtant persiste. 
« La vie éternelle » est une promenade avec le plus populaire des écrivains juifs de son temps au gré du calendrier juif, de la société juive et de sa rencontre avec elle-même et les autres dans ce délicat moment du tournant du XXème siècle. Au fil des pages et  des histoires, un peuple reprend vie et donne à celui qui les lit l’émotion d’un univers à découvrir, à redécouvrir, à retrouver et qui habite celui qui le visite. L’écriture bouleversante et drôle de Sholem Aleikhem, son style incomparable continuent au-delà des ans à faire passer sans trêve le lecteur du rire aux larmes au rire dans les larmes. Il faut souligner le soin de la traduction faite par Arthur Langerman et Ariel Sion qui restitue à merveille la saveur inimitable du yiddish.

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Contes ferroviaires ou le traîne-savates
Sholem Aleikhem
Editeur : Lian Levi
Collection Piccolo, 2016



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Présentation de l’éditeur

Le lieu de l'action ? Un train dénommé le Traîne-savates. Les personnages ? Ces Juifs d'Europe orientale contraints à la débrouillardise par des siècles de vilénies et de pogroms. Munis de cette seule arme, ils s'exercent à affronter les tracasseries quotidiennes et les embrouilles administratives, mais aussi, et surtout, à l'art de compliquer les choses... Dans le train, ils se racontent tout, leurs histoires tragicomiques font revivre le monde disparu du shtetl, et soulignent avec drôlerie l'absurdité de la vie.

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La peste soit de l’Amérique
Sholem Aleikhem
Editeur : Lian Levi
Collection Piccolo, 2013



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Présentation de l’éditeur

Menahem-Mendl, le héros de ce livre, nous est familier comme l'est le Vagabond de Chaplin. Ce volume rassemble les lettres qu'il échange avec sa femme demeurée à Kasrilevke, l'archétype du shtetl, tandis que lui va de Yehoupetz à Yehoupetz (plus connue sous le nom de Kiev) en passant par New York, Varsovie et Vienne. Nous sommes en 1913, au cœur de la crise des Balkans. Misère et antisémitisme déchirent l'Europe de l'Est et le sionisme se cherche encore.
C'est dans cet univers que Menahem-Mendl, acteur et observateur, prend place avec ses projets grandioses et ridicules, avec ses citations talmudiques et ses explications cocasses. Sholem Aleikhem est un de ces alchimistes qui savent transformer le plomb du malheur en pépites de rire. Un classique de l'humour juif !

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Extrait

"Il n’y a rien de neuf chez nous. Maintenant, Dieu merci, tout est rentré dans l’ordre. Les riches vont bien comme d’habitude et les pauvres crèvent de faim comme partout. Nous, les artisans sommes sans le moindre travail, mais il y a une chose, Dieu merci, avec laquelle nous sommes bien servis, c’est avec des pogroms (...) Le pogrom est même arrivé chez nous un peu tardivement, mais c’est pourquoi nous avons eu un pogrom avec tout le clinquant."

La vie éternelle, 13 histoires courtes pour marquer le temps.


Liens utiles


De Sholem Aleichem à Charlie Chaplin, de Menahem Mendl au personnage de Charlot… Morgane Jourdren, article publié sur le site de l’ENS de Lyon. Cliquez ici

L'éloge du récit: Nikolaj Leskov et Sholem Aleichem, Catherine Géry, professeur à l'Inalco. Cliquez ici


Texte et mise en page: Jacques Lefebvre-Linetzky






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