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jeudi 26 janvier 2017

REGARDS SUR "UN SAC DE BILLES"




Voilà un livre dont la première publication date d'il y a déjà 44 ans ! Il a été traduit en 18 langues, vendu à 20 millions d’exemplaires. D'abord refusé par plusieurs éditeurs, il a été  accepté par JC Lattès, qui débutait alors. Il a été revu au plan littéraire par Claude Klotz, plus connu sous le nom de Patrick Cauvin. 

Joseph Joffo, qui avait alors 42 ans et 3 enfants, a dit avoir écrit ce livre pour ses enfants, mais aussi que ce livre "est sorti de lui comme une chose naturelle, parce que cela lui était peut-être nécessaire". Il dit aujourd’hui que c’était "écrire, ou aller voir un psy", or il y a quelques décennies, cette démarche était moins courante qu'elle ne l'est maintenant. 
Il l’a également écrit à une époque où l’on pensait que tout ceci était derrière nous, et que les jeunes ne pouvaient imaginer que de telles persécutions aient pu avoir lieu. Son discours d’alors est un peu différent de celui qu’il tient aujourd’hui.

En 1975, le livre fut adapté pour le cinéma par Jacques Doillon. Toutefois, Joseph Joffo n'a pas vraiment adhéré à cette vision-là de son épopée. Il le précise dans la postface de l'édition du Livre de Poche : il n'avait pas été consulté, donc plusieurs passages et personnages ne correspondaient pas à sa réalité. Quand le film a été presque achevé, il en a vu les rushes, mais c'était trop tard...

Par exemple, le personnage du père des enfants, dont Joseph Joffo mentionne le sang-froid permanent, apparaissait comme indécis, au bord de la dépression nerveuse… pas du tout comme était leur père dans la réalité. Ni comme l’a représenté Christian Duguay dans cette dernière version, à laquelle Joseph Joffo a été associé de bout en bout, travaillant avec l'équipe et les acteurs, partout où ceux-ci se sont déplacés. 
Pour se mettre dans l'ambiance, voici la bande-annonce du film. ICI


Grande surprise à Nice, lors du tournage du film, à la vue 
de cette bannière nazie flottant sur le Palais de la Préfecture. 
Image prise sur ce site. 

Joseph Joffo dit avoir une très grande admiration pour le travail de Christian Dugay. Il cite, par exemple, Jappeloup, ou Belle et Sébastien, qui ont remporté un vif succès et qu'il considère être des films remarquables. 

Nous vous suggérons d'écouter cette interview de Christian Duguay... Cliquez donc ici

Il nous paraît intéressant de souligner que ce film est présenté du point de vue de l'enfant. Nous avons donc noté le choix des plans rapprochés, comme si le spectateur voyait les scènes à travers les yeux du petit Jo. C'est flagrant dans les scènes de poursuite, sur le marché, par exemple. Par contraste, les scènes qui se passent lors de leur grand voyage à travers la nature sont filmées en plans d'ensemble : ils paraissent petits dans cet environnement sauvage, immense. 

Le film est servi par un casting impeccable. "De rêve" dit Joseph Joffo. Tous les acteurs sont parfaits, Patrick Bruel, bien sûr, et Elsa Zylberstein, mais aussi Christian Clavier qui crève l'écran, alors que sa participation est très brève. Les jeunes acteurs sont magnifiques... 


Patrick Bruel entouré de Batiste Fleurial et Dorian Le Clech
(Photo prise sur ce site.) 

Les décors sont également soignés, ainsi que le choix de la musique : celle de la bande-son, comme celle composée pour la scène du violon. Celle-ci devait être "juive" mais pas trop... elle attire l'attention des miliciens, qu'Elsa Zylberstein roule dans la farine pour la plus grande joie des russo-phones ! (elle leur fait croire qu'elle est russe en leur disant quelque chose qui ressemblerait à "my tailor is rich, and my sister is not a boy" - en russe, et ils s'en vont).

Voilà d'ailleurs ce qu'explique le compositeur, Armand Amar :

"Nous avons commencé à travailler très tôt. Il fallait trouver, en amont, le thème que la mère devait jouer à Nice : un thème qui exprime de la nostalgie, quelques consonances pouvant faire penser à un thème juif, sans pour autant être trop connoté. J’ai repensé à trois notes d’un thème que je n’avais pas pu exploiter dans Amen. Il m’est apparu évident que ce thème convenait parfaitement. Christian a tout de suite adhéré. Il a été très présent tout au long de la conception de la musique, il nous a beaucoup guidés avec intelligence et sensibilité. Aujourd'hui l'amitié nous lie autant que le travail. Il nous est apparu, à Christian et à moi, qu’il fallait débuter par la musique de la fin du film et c’est par cela que j’ai commencé : le piano sur « Je suis juif », le voyage et la scène finale, airs qui sont récurrents dans le film. J’ai essayé d’être au plus près de la sensibilité du film et de celle de Christian sans être trop présent, et sans trop appuyer la douleur. C’est pour cela que le thème des enfants est très important dans le film. Il apporte tout au long du scénario la légèreté de ces deux enfants malgré le drame qui se déroule autour d’eux. J’ai beaucoup travaillé les thèmes autour du piano. Julien Carton, le pianiste, a été très présent tout au long du processus de création. Je me suis entouré, pour l’alto et le violon, de deux magnifiques solistes avec qui je collabore depuis des années : Lise Berthaud à l’alto et Sarah Nemtanu au violon. J’aimerais souligner aussi l’importance de mes collaborateurs qui ont été également très présents pendant ces quatre mois de création : notre ingénieur du son et directeur artistique Vincent Joinville, puis Anne-Sophie Versnaeyen et Hugo Gonzalez-Pioli pour les orchestrations et certains arrangements."

En cliquant ici, vous entendrez un passage de cette belle musique...


 
(image prise ici.) 


   Il faut aussi, bien entendu, souligner le rôle pédagogique du film, voulu par Joseph Joffo lui-même, puisqu'il va à la rencontre des publics scolaires depuis des années... 

Ce film éclairera donc son témoignage avec une grande efficacité, car les enfants s'identifieront facilement aux jeunes héros.

    Nous ne saurions terminer ce billet sans évoquer  Vallauris – Golfe-Juan, et le rôle de l’AMEJDAM dans les recherches concernant les jeunes qui y ont été cachés, puis arrêtés (là ou ailleurs) et déportés... 

Bien évidemment, le passage des frères Joffo au Camp du nom de « Moisson Nouvelle », à Golfe-Juan est représenté dans le film, et de manière étonnante quand on sait que l’endroit a disparu depuis longtemps, et que personne n’en a le souvenir, pas même sur place. Nous-mêmes avons eu du mal à en retracer l’histoire, mais à force de persévérance, nous y sommes parvenus.

Il s’agissait d’une colonie pétainiste, curieusement baptisée "Centre école de céramique" qui, en fait, hébergeait grâce à son directeur, M. Subinaghi, des enfants de résistants et de jeunes Juifs. C’est lui que l’on voit dans le film aller chercher les frères Joffo une fois qu’ils ont été relâchés par la Gestapo.

Malheureusement, six autres adolescents juifs qui y résidaient furent arrêtés les 2 et 4 octobre 1943, et déportés par le convoi 61 vers Auschwitz, le 28 octobre de ce même mois. 

L’AMEJDAM, avec l’aide efficace de la mairie de Vallauris-Golfe-Juan, honorera cette année leur mémoire en apposant à Golfe-Juan une plaque qui portera leurs noms. Joseph Joffo s’y associe déjà, et bien sûr, nous le remercions de son soutien. Naturellement, nous ne manquerons pas de vous tenir informés de la date de cet événement important. 


****

Pour lire l'interview que Joseph Joffo a accordée à Cathie Fidler, commencez-en la lecture là :


Christian Duguay a filmé ce récit sous l’angle de l’enfant, tout est vu à travers les yeux du petit Jo. Alors que vous, dans votre récit, vous vous étiez placé en tant que père, racontant votre histoire pour que vos enfants la connaissent. Vous êtes-vous reconnu dans le regard du réalisateur ?

(...) 


En ce qui concerne le film de Christian, je dois dire que j’ai participé au scénario avec la complicité de ma fille, et d’un jeune garçon qui s’appelle Jonathan Allouche, qui est un peu l’artisan du film, puisque c’est lui qui m’a présenté les producteurs. Ensuite, c’est un travail d’équipe, Christian Duguay, qui est quand même un homme de métier, a fait beaucoup de films, qui sont, il faut le dire, des chefs d’œuvre, et je dois dire que je me suis bien entendu avec lui parce qu’il ne manque pas d’humour. Il est arrivé vers moi, je m’en souviendrai tout le temps, il arrive et il me dit : « Jo, vous n’allez pas me refuser de faire ce film, j’ai envie de le faire, c’est le film de ma vie. » Et moi, j’éclate de rire et je lui dis « Non, ce n’est pas le film de ta vie, c’est la mienne ! » Voilà notre première rencontre !

(....)

... si vous le souhaitez, vous pouvez la terminer ICI
   

*****

À bientôt – et pour les amis et amies de la région niçoise, notez bien la date de notre Assemblée Générale annuelle, qui aura lieu le jeudi 31 janvier à 17:00 à la Maison des Associations, Place Garibaldi. 
Venez-y nombreux pour découvrir tous nos projets à venir !


Textes, recherches et mise en page de ce billet : JL+L & C.F. 




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