André Isaac, dit Pierre Dac (1893- 1975)
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Farceur et courageux
Son père est boucher à Châlons-sur-Marne. La famille s’installe à Paris lorsque le jeune André a trois ans. Élève doué et farceur, ses parents encouragent ses dons artistiques. Il est mobilisé en août 1914 et passe quatre ans au front. Il est blessé à deux reprises. Son frère, Marcel, meurt à la guerre.
Après la Grande Guerre, André vit de petits boulots et commence une carrière de chansonnier en 1923. Il se produit dans de nombreux théâtres et entame une carrière à la radio dans les années 30.
Après la Grande Guerre, André vit de petits boulots et commence une carrière de chansonnier en 1923. Il se produit dans de nombreux théâtres et entame une carrière à la radio dans les années 30.
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Le 13 mai 1938, il fonde L’Os à Moelle, organe officiel des loufoques, une publication humoristique hebdomadaire. Le journal cesse de paraître le 7 juin 1940. Il reparaîtra en 1945-46, puis au milieu des années 60.
Philippe Henriot fut exécuté le 28 juin 1944 par la Résistance (commando COMAC – Comité d’action militaire). Pierre Dac avait vu juste...
Pierre Dac tente de rejoindre Londres en 1941, après un séjour à Toulouse. Il est arrêté à plusieurs reprises et vit des aventures rocambolesques entre la France et l’Espagne. Il quitte l’Espagne pour le Portugal en 1943, et rejoint Alger pour finalement être intégré à l’équipe des "Français parlent aux Français" de Radio Londres. Il parodie des chansons à la mode, il s’en prend aux collaborationnistes et au régime nazi avec une verve extraordinaire.
Le slogan qu'il chante sur les ondes de la BBC, Radio-Paris ment, Radio-Paris, ment... Radio-Paris est allemand, lui assure une audience fidèle, attentive et enthousiaste.
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Le 10 mai 1944, Philippe Henriot s'en prend violemment à Pierre Dac et l'accuse, entre autres, d'être un mauvais Français parce que juif. Le lendemain, Pierre Dac lui répond en ces termes:
Le slogan qu'il chante sur les ondes de la BBC, Radio-Paris ment, Radio-Paris, ment... Radio-Paris est allemand, lui assure une audience fidèle, attentive et enthousiaste.
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Le 10 mai 1944, Philippe Henriot s'en prend violemment à Pierre Dac et l'accuse, entre autres, d'être un mauvais Français parce que juif. Le lendemain, Pierre Dac lui répond en ces termes:
« Eh bien ! Monsieur Henriot, sans vouloir engager de vaine polémique, je vais vous le dire ce que cela signifie, pour moi, la France.
Laissez-moi vous rappeler, en passant, que mes parents, mes grands-parents, mes arrière-grands-parents et d’autres avant eux sont originaires du pays d’Alsace, dont vous avez peut-être, par hasard, entendu parler ; et en particulier de la charmante petite ville de Niederbronn, près de Saverne, dans le Bas-Rhin. C’est un beau pays, l’Alsace, monsieur Henriot, où depuis toujours on sait ce que cela signifie, la France, et aussi ce que cela signifie, l’Allemagne. Des campagnes napoléoniennes en passant par celles de Crimée, d’Algérie, de 1870-1871, de 14-18 jusqu’à ce jour, on a dans ma famille, Monsieur Henriot, lourdement payé l’impôt de la souffrance, des larmes et du sang.
Voilà, Monsieur Henriot, ce que cela signifie pour moi, la France. Alors, vous, pourquoi ne pas nous dire ce que cela signifie, pour vous, l’Allemagne ?
Un dernier détail : puisque vous avez si complaisamment cité les prénoms de mon père et de ma mère, laissez-moi vous signaler que vous en avez oublié un, celui de mon frère. Je vais vous dire où vous pourrez le trouver ; si, d’aventure, vos pas vous conduisent du côté du cimetière Montparnasse, entrez par la porte de la rue Froidevaux ; tournez à gauche dans l’allée et, à la 6e rangée, arrêtez-vous devant la 8e ou la 10e tombe. C’est là que reposent les restes de ce qui fut un beau, brave et joyeux garçon, fauché par les obus allemands, le 8 octobre 1915, aux attaques de Champagne. C’était mon frère. Sur la simple pierre, sous ses nom, prénoms et le numéro de son régiment, on lit cette simple inscription : "Mort pour la France, à l’âge de 28 ans". Voilà, monsieur Henriot, ce que cela signifie pour moi, la France.
Sur votre tombe, si toutefois vous en avez une, il y aura aussi une inscription : elle sera ainsi libellée :
PHILIPPE HENRIOT Mort pour Hitler,
Fusillé par les Français...
Bonne nuit, Monsieur Henriot. Et dormez bien. »
Philippe Henriot fut exécuté le 28 juin 1944 par la Résistance (commando COMAC – Comité d’action militaire). Pierre Dac avait vu juste...
Il a aussi écrit de savoureuses chroniques sur sa nouvelle vie en l'Angleterre :
"Je vis maintenant dans la crainte constante de tomber malade, ce qui me mettrait dans l'obligation de prendre ma température. Je frémis à l'idée de me voir avec des 80° ou 90° degrés de fièvre. Je sais bien que pour convertir les degrés Fahrenheit en degrés centigrades, il suffit de soustraire 32, multiplier par 5 et diviser par 9. Je préfère, le cas échéant, prendre ma température avec un baromètre. Je verrai bien si le temps est au beau."
Impressions d'Angleterre, 16 novembre 1943
... "Ce que je ne suis pas encore parvenu à comprendre, c'est la manière employée dans la plus élémentaire des manifestations de politesse ; je m'explique : deux personnes sont présentées l'une à l'autre; la première s'enquiert immédiatement de l'état de la seconde en lui disant: "How do you do?" à quoi celle-ci répond derechef également: "How do you do?" Voilà donc deux personnes apparemment de bonne éducation, qui se posent mutuellement une question demeurée sans réponse et qui ne sauront peut-être jamais à quoi s'en tenir sur leur état de santé réciproque. Avec la meilleure volonté du monde, je sens que je m'y ferai jamais."
L'Angleterre et moi, 29 novembre 1943
"Par contre, quelque chose qui me plaît beaucoup c'est la formule "I am sorry", en raccourci: "sorry", employée n'importe où, n'importe quand et à tout propos, dans n'importe quelle circonstance. Ça, c'est bien; c'est standard, court, définitif et sans appel. Quelqu'un vous écrase-t-il les pieds en disant "sorry", il ne vous reste plus qu'à sourire en murmurant à votre tour : "sorry", comme pour vous excuser de ne pas avoir un troisième pied à ratatiner. Et ça n'est-il pas mieux comme ça ? Pas d'histoires, pas de bruit et tout le monde est content."
L'Angleterre et moi, 29 novembre 1943
"J'allais oublier - et je ne me le serais jamais pardonné - la principale attraction des pubs : le jeu de darts (fléchettes). J'y ai pris un extrême intérêt, quoique, certaines fois, à mon corps défendant. Le jeu de darts demande, d'après mes observations, beaucoup d'adresse : de la part des joueurs, cela va sans dire, pour placer les darts dans la cible, et surtout de la part des spectateurs pour les éviter dans le cours de leur trajectoire."
À vos poches, à vos pubs, 1er février 1944
"Je vis maintenant dans la crainte constante de tomber malade, ce qui me mettrait dans l'obligation de prendre ma température. Je frémis à l'idée de me voir avec des 80° ou 90° degrés de fièvre. Je sais bien que pour convertir les degrés Fahrenheit en degrés centigrades, il suffit de soustraire 32, multiplier par 5 et diviser par 9. Je préfère, le cas échéant, prendre ma température avec un baromètre. Je verrai bien si le temps est au beau."
Impressions d'Angleterre, 16 novembre 1943
... "Ce que je ne suis pas encore parvenu à comprendre, c'est la manière employée dans la plus élémentaire des manifestations de politesse ; je m'explique : deux personnes sont présentées l'une à l'autre; la première s'enquiert immédiatement de l'état de la seconde en lui disant: "How do you do?" à quoi celle-ci répond derechef également: "How do you do?" Voilà donc deux personnes apparemment de bonne éducation, qui se posent mutuellement une question demeurée sans réponse et qui ne sauront peut-être jamais à quoi s'en tenir sur leur état de santé réciproque. Avec la meilleure volonté du monde, je sens que je m'y ferai jamais."
L'Angleterre et moi, 29 novembre 1943
"Par contre, quelque chose qui me plaît beaucoup c'est la formule "I am sorry", en raccourci: "sorry", employée n'importe où, n'importe quand et à tout propos, dans n'importe quelle circonstance. Ça, c'est bien; c'est standard, court, définitif et sans appel. Quelqu'un vous écrase-t-il les pieds en disant "sorry", il ne vous reste plus qu'à sourire en murmurant à votre tour : "sorry", comme pour vous excuser de ne pas avoir un troisième pied à ratatiner. Et ça n'est-il pas mieux comme ça ? Pas d'histoires, pas de bruit et tout le monde est content."
L'Angleterre et moi, 29 novembre 1943
"J'allais oublier - et je ne me le serais jamais pardonné - la principale attraction des pubs : le jeu de darts (fléchettes). J'y ai pris un extrême intérêt, quoique, certaines fois, à mon corps défendant. Le jeu de darts demande, d'après mes observations, beaucoup d'adresse : de la part des joueurs, cela va sans dire, pour placer les darts dans la cible, et surtout de la part des spectateurs pour les éviter dans le cours de leur trajectoire."
À vos poches, à vos pubs, 1er février 1944
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Au lendemain de la guerre, Pierre Dac reprend ses activités de
chansonnier et revient au cabaret et au théâtre. Il rencontre Francis Blanche et, ensemble, ils créent de nombreux sketchs dont le célèbre, Le
Sâr Rabindranath Duval ainsi qu’un feuilleton radiophonique intitulé, Malheur aux Barbus. De 1956 à 1960, il signe Signé Furax (1034 épisodes).
Entre 1965 et 1974, il confectionne la série Bons
Baisers de partout, en collaboration avec Louis Rognoni. Il s’agit d’une
parodie en 740 épisodes des romans et films d’espionnages à la mode dans les
années 60.
Il est aussi l’inventeur du Schmilblick – selon Pierre Dac, « cet objet ne sert absolument
à rien et peut donc servir à tout car il est rigoureusement intégral ».
Candidat à l’élection
présidentielle
Le 11 février 1965, Pierre Dac annonce sa candidature à l’élection
présidentielle. Son mouvement s’appelle le MOU
(Mouvement Ondulatoire Unifié).
Il désigne Jacques Martin, Premier ministre et nomme Jean Yanne et René
Goscinny, membres de son prochain gouvernement. Sa candidature trouve un écho
et bientôt un conseiller du Général de Gaulle, lui demande de retirer sa
candidature. Par fidélité au général, Pierre Dac se retire…
Ultime facétie
En 1972, il est convié à l’inauguration d’un square et d’une
statue à Meulan en son honneur. Il s’y rend en compagnie de Francis Blanche.
Les deux compères se font photographier en satisfaisant un besoin naturel…
Personnalité attachante à l’humour corrosif, c’était en fait
un homme discret et même timide à bien des égards. Il lui arrivait également d'être déprimé au point de vouloir mettre un terme à ses jours.
Il meurt « sur la pointe des pieds » le 9 février 1975.
Il meurt « sur la pointe des pieds » le 9 février 1975.
« La mort n’est, en définitive, que le résultat d’un
défaut d’éducation puisqu’elle est la conséquence d’un manque de savoir vivre. »
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Parler pour ne rien dire et ne rien dire pour parler sont
les deux principes majeurs et rigoureux de tous ceux qui feraient mieux de la
fermer avant de l’ouvrir.
Une fausse erreur n’est pas forcément une vérité vraie.
Il vaut mieux à mon avis, être en bon état de santé qu’en
mauvais état d’arrestation. Encore que l’un n’empêche pas l’autre.
Il est démocratiquement impensable qu’en république il y ait
encore trop de gens qui se foutent royalement de tout.
Tout penseur avare de ses pensées est un penseur de Radin.
Texte et mise en page: Jacques Lefebvre-Linetzky
Encore un magnifique blog je ne savais pas tout de Pierre Dac et grâce à vous je la prends il est encore plus extraordinaire que je ne le pensais
RépondreSupprimerMerci
Max