Une cérémonie inhabituelle s'est déroulée ce 2 juillet à l'École des Baumettes 2 à Nice : une "pré-pose de plaque", officieuse, mais parfaitement organisée par les enfants et les enseignantes de cette école primaire de Nice.
Un peu d'histoire pour commencer, grâce aux détails fournis par notre amie Danielle Cherqui, qui en fut longtemps la directrice, et qui a également contribué à la réussite de cet événement :
Cela fait longtemps que nous voulons honorer la mémoire des six enfants qui y ont été élèves avant leur déportation en 1943. Nous avons épluché les listes de Serge Klarsfeld, comme d'habitude, re-vérifié les registres de l'école, sans (heureusement) y trouver d'autres noms de victimes.
Cette école est la plus ancienne des deux écoles des Baumettes. Avant la guerre, dans les années 30, ce beau bâtiment était un "asile", où étaient hébergés des malades mentaux, des vieillards ou des nécessiteux. Plus tard, il devint une école de filles, puisque les écoles ne sont devenues mixtes que bien après la guerre.
Elle accueillait, bien entendu, les enfants du quartier, et ceux des familles réfugiées en centre-ville pendant les années noires dont la langue maternelle n'était pas toujours le français.
C'est toujours le cas, puisque de nombreuses familles du quartier viennent d'horizons très divers. Cet hommage à des enfants juifs persécutés en raison de leur "différence" y a donc du sens.
Au cours des mois passés, des membres de notre association sont intervenus auprès des enfants, notamment Michèle Merowka et Roger Wolman afin, pour ce dernier, de partager avec eux son expérience douloureuse d'enfant caché. Deux des enfants dont le nom figurera sur la plaque ont en effet été ensuite arrêtés, puis déportés de la Maison d'Izieu, où leurs parents les pensaient en sécurité. Roger Wolman fut lui-même un enfant d'Izieu, sorti par chance de ce lieu avant la rafle.
Ces plaques en céramique gravées du nom
des jeunes déportés, ont été réalisées par les enfants
de l'école des Baumettes 2
La cérémonie du 2 juillet n'avait rien d'officiel, malgré la présence amicale de Madame Martine Ouaknine, qui représentait Monsieur le Maire. En effet, aucune date n'ayant pu être fixée par le service du protocole pour une pose de plaque cette année, et afin de ne pas nier le travail impressionnant des enfants de l'école et de leurs enseignantes, nous, à l'AMEJDAM, avons décidé de les écouter, devant la maquette de la plaque.
Ils avaient préparé des chansons, car il y a une chorale à l'école, qui se réunit chaque vendredi matin. Nous avons du reste admiré les compétences pédagogiques de Mme Gauthier, leur enseignante, qui les a fait chanter pendant la longue attente qui a précédé l'arrivée de la représentante de l'Académie (il manque décidément un parking dans le quartier !) et noté la patience de ces enfants, sagement assis par terre, ou gardés debout pendant si longtemps.
Leurs chansons, la lecture par les enfants du texte qui figurera sur la plaque, les discours successifs, si pédagogiques, de Mme la Directrice – Mme Baldit –, de Michèle Merowka (Présidente de l'AMEJDAM), de Mme Ouaknine ont tous eu pour but de remercier les enfants de leur travail de mémoire, de leur rappeler leur futur rôle de citoyens, la nécessité d'apprendre à vivre dans la tolérance. Leur choix d'interpréter tour à tour l'Hymne à la Joie (en partie en allemand), La Marseillaise (la main droite sur le cœur) et Nissa la Bella nous a particulièrement touchés !
Très pertinente aussi, cette adaptation
de la "Chanson pour l'Auvergnat"
de la "Chanson pour l'Auvergnat"
de Georges Brassens
Quand on y réfléchit, c'est très triste pour les enfants de côtoyer chaque jour cette empreinte de la mémoire. Cela pourrait être même une source d'angoisse, de crainte. Toutefois, le superbe travail, si approfondi, effectué par les professeurs de cette école (et de tant d'autres) permet une prise de distance, qui mènera – nous le souhaitons, et le croyons – à une réflexion ultérieure sur la nécessité du respect de l'Autre.
La cérémonie s'est terminée vers midi, avec le pot de l'amitié, et la promesse de se retrouver sur place d'ici la fin de l'année pour une pose et un dévoilement officiels de ces plaques. D'autres enfants y seront associés, faisant de l'École des Baumettes 2 un cas très particulier dans l'histoire de l'AMEJDAM !
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Photos © Jacques Lefebvre-Linetzky
Texte et mise en page : Cathie Fidler
Merci Cathie de nous communiquer toutes ces info et l émotion est bien présente ,
RépondreSupprimerémotion d autant plus grande que ma fille ainée a été scolarisée en 1978 à l école des Baumettes , quartier que nous aimions beaucoup puisque nous y résidions .
Merci de nous communiquer les dates de pose de plaques
. Amicalement Danièle Assas