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jeudi 1 novembre 2018

RAPPELLE-MOI D'OUBLIER, par Agathe Celeyrette

Cette semaine, Jacques Lefebvre-Linetzky et moi-même avons eu le plaisir d'inviter dans le studio de RCN, lors de notre émission "Au nom des enfants", une jeune auteure dont nous avons beaucoup aimé le premier roman. Il s'agit d'Agathe Celeyrette, et son livre s'intitule Rappelle-moi d'oublier. 



Voici donc quelques pistes pour vous engager à le découvrir à votre tour. 

Tout d'abord, le début du texte que l'on trouve sur la 4ème de couverture, en retournant le livre, ainsi qu'on le fait volontiers dans les librairies :

"Ce roman est tiré d'une histoire vraie. 
L'histoire vraie d'une extraordinaire coïncidence. 
Un jour, une vieille dame qui tuait le temps dans un salon d'antiquités en attendant son train reconnut en s'arrêtant à l'un des stands un objet qui lui avait appartenu, qui était dans sa chambre de petite fille avant. Avant la guerre, avant les camps, avant la mort de toute sa famille en déportation". 

"C'est une histoire qui m'a été racontée par un ami antiquaire italien" nous confirme Agathe. La dame en question a refusé de récupérer cet objet, mais souhaité qu'on en raconte l'histoire. Agathe a en quelque sorte respecté son vœu, en imaginant le mystère qui avait entouré cet objet resurgi du passé. C'est ce que nous révèle, de manière originale, la suite de cette 4ème de couverture, qui explique les motivations de l'auteure : 


Avant toute chose, nous avons eu envie de demander à Agathe la raison de son intérêt pour ce thème, cette période, alors même qu'elle même n'est pas juive. Sa réponse a été claire : "Chacun peut découvrir que c'est son histoire aussi. Juif ou pas juif, ce pan de notre histoire nous marque tous encore... " 


 
Image prise sur ce site, où vous trouverez un rappel
de cette légende grecque. Agathe Celeyrette est aussi
agrégée de lettres classiques...

Agathe nous a dit avoir situé son roman en 2005, afin que son héroïne, la vieille dame qui redécouvre cet objet – une statuette en bronze représentant le chasseur grec Actéon, transformé en cerf par Artemis  puis dévoré par ses propres chiens – soit encore suffisamment jeune pour être capable de témoigner. Nous qui voyons avec tristesse disparaître les témoins, comprenons le choix de l'auteur, qui sait mener son récit de bout en bout, en ménageant ses effets de main de maître. 

La passion de l'auteure pour les romans policiers (d'Agatha Christie, en particulier) et pour le cinéma, n'est pas étrangère à la construction fascinante et très efficace de ce roman. Sans en dévoiler les détails, l'enquête que va mener le héros, Vincent Boyer, l'amènera à découvrir la vérité, bien sûr, mais aussi  sa vérité. "Il lui faudra pour cela se déconstruire, avant d'entamer une phase douloureuse de reconstruction", nous explique Agathe. Il sera question d'amour, mais aussi de désamour. De mémoire et d'oubli, aussi : Annie, la mère de Vincent est atteinte de la maladie d'Alzheimer. Son présent est fait d'oubli, de confusions, de flou, mais les souvenirs anciens demeurent : 

"Elle voudrait oublier, mais elle ne sait plus. Elle ne se rappelle plus comment on fait. Avant, elle y arrivait si bien à tout garder en elle. Mais maintenant elle ne peut plus retenir sa mémoire. Elle ne peut plus se retenir."  

Et, un peu plus loin, on découvre cette phrase terrible : "Annie Sérier a soixante-dix neuf ans et la petite fille en elle n'a jamais cessé de crier." ... 

Il s'agit bien là de la persistance de la voix de l'enfant qui est en nous et qui ne disparaît jamais, nous confirme Agathe. Un autre passage nous a interpelés. Il révèle à nouveau la capacité de l'auteur à se mettre dans la peau des personnages les plus divers. Ici, c'est une petite fille qui parle, qui se parle, et la scène se passe dans les années 30 :

 ""Juive". La petite fille ne sait pas ce que ça veut dire. Mais elle devine que ce n'est pas bien. Qu'une femme comme il faut ne peut pas être juive. Elle le sent bien au ton qu'a pris sa mère pour prononcer le mot. Plein de mépris. Le même que pour parler de Pierre, le cousin qui a mal tourné et qui a attrapé une drôle de maladie dont les adultes discutent à voix basse. Est-ce que c'est ça "juive" ? Cette maladie dégoûtante dont il ne faut pas parler devant les enfants ? Vierge Marie, faites que je ne sois jamais juive. Je vous promets de toujours bien écouter la maîtresse à l'école, même pendant la leçon de géographie, mais je ne veux pas devenir juive quand je serai grande."

Ce roman aux facettes multiples est aussi un roman de la recherche, et pas uniquement de celle du temps perdu. La recherche de ce qui construit ou détruit un couple. Celle de l'amour, de la sincérité. De la vérité, on l'a dit : celle du héros, de la nature de ses sentiments et de ses émotions. Agathe précise que l'histoire tragique de la statuette d'Actéon est à l'image de l'autre drame qui se joue au cœur du roman – que nous saurions révéler ici, bien entendu. Nous souhaitons avant tout vous laisser le plaisir de la découverte de ce roman original, à l'écriture soignée, dont le sujet, nous en sommes sûrs, ne manquera pas de vous captiver.  Bonne lecture !



Rappelle-moi d'oublier
par Agathe Celeyrette
Éditions Au Pays Rêvé
20 €

Disponible partout, et ici en particulier. 



(Vous pouvez aussi écouter 
notre interview sur RCN, 
et découvrir les belles musiques 
qui l'accompagnent,
 en cliquant ici.) 


Texte et mise en page : Cathie Fidler. 











1 commentaire:

  1. Histoire très intéressante. J'ajoute ce livre à la liste de ceux que j'ai l'intention de lire.
    Merci, Cathy, de m'avoir fait découvrir cette jeune auteure.
    Bises

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