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dimanche 10 mars 2024

HOMMAGE À FEODOR MEROWKA


Feodor Merowka
(2011)



Le 28 février dernier, Feodor Merowka, l'époux de notre présidente, Michèle Merowka, s'est éteint à l'âge de 96 ans. 

Il avait contribué à la création de notre association, dans laquelle il s'était impliqué avec efficacité pendant des années. 

Les membres et amis de l'AMEJDAM n'oublieront pas sa gentillesse, son doux sourire et sa discrète présence à toutes les réunions. Il a été inhumé le 4 mars dernier au cimetière de l'Est, en présence d'un groupe important de ses enfants, amis et connaissances, dont le maire de Nice, Christian Estrosi. (Vous pourrez lire son discours ci-dessous). Les prières ont été prononcées par Monsieur le rabbin Martiano, dont la seule voix est toujours un réconfort. Un hommage a également été rendu par M. Maurice Niddam, président de la communauté juive de Nice.



* * * * *


ALLOCUTION DE MONSIEUR LE MAIRE 

"Peu à peu, les voix des témoins directs de la Seconde Guerre mondiale et de la Shoah se taisent. 

Celle de Feodor Merowka s'est tue à son tour par une belle journée d'hiver.

C'était il y a quelques jours. Il avait 96 ans ; et Nice et la France pleurent une grande voix, et une grande personnalité. 

Celle d'un homme qui a consacré sa vie à dire ce qu'il a vécu, lui, l'enfant juif sauvé. 

À raconter que, pour sa famille et lui, la France avait été un asile, que Nice avait été une promesse de sécurité, d'avenir.

À raconter comment cette promesse s'était peu à peu assombrie, jusqu'à s'évanouir complètement à la fin de l'année 1942. 

Lui, l'enfant né en Allemagne de parents polonais, qui avait dû fuir les bruits de bottes, les chemises brunes et la haine antisémite, lui qui, à l'âge de sept ans, avait déjà connu deux exils, avait pourtant cru que Nice serait un refuge. 

Après l'hostilité d'une Allemagne devenue nazie, Nice avait en effet tout du refuge. 

Et pendant quelques années, cette promesse que la France et notre ville lui avait faite, a été tenue. 

Ces années, ce sont celles de l'école communale de Fouont Cauda, celles de la boulangerie de l'avenue Malausséna que son père avait reprise, devenant boulanger après avoir été VRP. 

Des années difficiles mais heureuses, parce que l'essentiel était là. 

Des années qui auront, a posteriori la saveur d'une grande illusion.

Car peu à peu, ce monde de la sécurité se fissure de toutes parts. 

Il y a d'abord eu les reculs diplomatiques, les mobilisations partielles, et enfin la guerre. Un père appelé sous les drapeaux, qui revient de la grande débâcle parce qu'il avait eu la chance d'être déployé dans le Sud-ouest. 

Il revient, mais la guerre est là. Elle s'installe dans le quotidien, inévitable. Angoissante. Dangereuse.

La guerre, c'est la boulangerie parentale qui tombe sous le contrôle d'administrateurs, parce qu'ils étaient juifs. 

C'est le père qui dit non, et entre en résistance. 

C'est la dénonciation et l'internement du père à Sospel. Puis à Embrun.

C'est enfin le tournant de la fin de 1942. Le départ des Italiens, l'arrivée imminente des nazis. 

Et la menace qui, du jour au lendemain, de latente devient mortelle. 

S'ensuit la décision, inéluctable, de se cacher en famille. D'abord à Saint-Jeannet chez un ami, puis dans la forêt de Saint-Paul-de-Vence. 

Feodor a 14 ans. Lui qui devait faire l'école hôtelière Paul Augier doit laisser son avenir derrière lui pour entrer en clandestinité. 

Il devient Félicien Maurel, parce qu'il ne pouvait plus être Feodor Merowka. Parce qu'il était né juif.

Il a finalement survécu.

Il est devenu médecin. Comme pour se mettre au service des autres et de l'humanité, après tout ce qu'il avait vécu. 

Combien de personnes ont appris la nouvelle de son décès avec tristesse, se souvenant du médecin qu'il a été, à l'écoute, profondément humain. Soignant les âmes autant que les corps. 

Combien de vocations a-t-il suscitées ? Il est des médecins qui se souviendront de Feodor Merowka comme celui à qui l'on doit d'être devenu médecin. Quel plus bel héritage ? 

Il a survécu pour dire. Pour témoigner, inlassablement. Pour laisser une trace. 

Notamment au sein de l'Association pour la Mémoire des Enfants Juifs Déportés des Alpes-Maritimes, avec sa chère épouse, chère Michèle Merowka. 

Lui témoignant, supervisant l'activité "recherches" de l'association, et vous, chère Michèle, dirigeant cette association pour que les destins d'enfants juifs assassinés ne se perdent pas dans les limbes du temps qui passe. 

Le rôle que vous avez joué dans l'édification du Mur des Déportés, du Mur des Justes, dans le surgissement de cette mémoire, nous oblige profondément. 

Car ces noms et ces destins nous scrutent et nous murmurent : "Zakhor !", ce beau verbe hébreu qui veut dire "Souviens-toi !" et "ne cesse jamais d'en parler."

Peu à peu, les voix des témoins directs de la Shoah se taisent. Mais le silence et l'oubli ne sont pas inéluctables. 

Il nous appartient de continuer l'œuvre des survivants, des témoins, des artisans de la mémoire, comme vous, chère Michèle. Comme lui, votre époux, Feodor Merowka. 

De continuer à notre tour de dire "Zakhor". 

Cette mémoire, c'est la nôtre. 

C'est une mémoire française. Une mémoire niçoise. Une mémoire européenne, qui engage toute l'humanité. 

C'est une mémoire que nous continuerons à entretenir et à défendre. C'est un engagement. 

Je vous remercie. "

Christian Estrosi


* * * * *


TOUS LES MEMBRES ET AMIS DE L'AMEJDAM S'ASSOCIENT BIEN SÛR À LA PEINE DE LA FAMILLE DE FEODOR MEROWKA. AVEC LEUR PLUS PROFONDE RECONNAISSANCE POUR CE QU'IL LEUR A APPORTÉ À TOUTES ET À TOUS, ET EN ESPÉRANT ÊTRE DIGNES DU TRAVAIL DE MÉMOIRE QU'IL AVAIT SI BIEN INITIÉ.

Ils garderont aussi au cœur les belles réunions que Michèle et lui organisaient chaque année dans leur jardin pour réunir les membres de l'AMEJDAM, et surtout le sourire amical et l'hospitalité de leur ami Feo.  



NB. Nous avons également rendu hommage à Feodor Merowka lors de notre émission "Au nom des enfants" sur RCN 89.3. Vous pouvez la réécouter ICI

 

dimanche 27 novembre 2022

FLORENCE DAUMAN PARLE DE NUIT ET BROUILLARD

Sur RCN 89.3, dans le cadre de notre émission "Au nom des enfants", nous sommes toujours heureux de recevoir des invités qui nous parlent, sur place ou par téléphone, d'un sujet qui nous tient mutuellement à cœur. 

Cette semaine, nous avons ainsi pu interviewer Florence Dauman. Il y a quelque temps, nous avons consacré une émission au film que son père, Anatole Dauman, avait courageusement produit, au début des années 50 : NUIT ET BROUILLARD. 



Il nous a ensuite paru intéressant (et cela l'a été, pour nous en tous cas !) d'interviewer sa fille, qui depuis le décès d'Anatole Dauman en 1988, veille sur la pérennité des films  d'Argos, sa maison de production. 

"NUIT ET BROUILLARD" a connu des débuts complexes. 

Le documentaire a été présenté au Festival de Cannes, et a rencontré un grand succès critique et commercial.  Puis il a été projeté en RDA, premier pays étranger à vouloir le montrer, comme si ce pays ne s'était pas senti concerné par les atrocités nazies. Argos a eu plus de difficultés avec la RFA – encore truffée de Nazis, qui voulaient "oublier" très vite. Pour la version allemande, Argos a engagé le poète Paul Celan pour ré-écrire le commentaire en allemand, qui avait été ... massacré – comme, au sens propre, l'avaient été dans les camps, les parents de Paul Celan lui-même. Anatole Dauman connaissait l'allemand...  

Vous en saurez davantage sur le sujet, en écoutant le podcast de l'émission*. Mais, en prime, vous pouvez aussi lire ci-dessous quelques détails supplémentaires à ce sujet, qui nous ont été généreusement  confiés par Florence Dauman :


Je souhaite signaler l’excellent livre de Sylvie Lindeperg  "Nuit et Brouillard, un film dans l’histoire », passionnant ouvrage qui se lit comme un roman tant il est bien écrit, et où l’on trouve mille details dont j’ignorais moi-même l’existence jusqu'à la lecture de ce livre.




Au sein des commémorations ayant lieu pour le 10ème anniversaire de la Libération, le Comité d’histoire de la 2ème Guerre mondiale décide de faire une grande exposition à Paris en 1955, avec principalement de grands résistants. L’exposition s’appelait « Résistance, Libération, Déportation ».

 

Il ne faut pas oublier le rôle très important du « Réseau du Souvenir » qui était constitué de déportés, pour qui le devoir de mémoire concernant l’horreur de l’univers concentrationnaire était la base même de leur organisation. Témoigner...

 

Bien sûr, certains se retrouvaient dans les deux groupes, comme Germaine Tillon, mais aussi Henri Michel et Olga Wormser, dont Resnais m’a dit grand bien. 

 

Mon père et Nicole Vedrès, réalisatrice reconnue, dont le magnifique film de montage « Paris 1900 » avait été un succès, allèrent ensemble visiter l’expo et c'est donc là que commença la genèse du film que mon père et son collaborateur Philippe Lifchitz allaient produire, et qu’elle allait réaliser. Puis elle se désiste, trouvant le budget de 5 millions d’anciens francs insuffisant pour réaliser l’œuvre qu’elle envisageait. Le film finit d’ailleurs par coûter, si je me souviens bien, au moins trois fois cela.

 

Les producteurs se tournent alors vers Alain Resnais, un jeune réalisateur d’à peine plus de 30 ans. Ce dernier avait réalisé quelques court-métrages primés, dont Van Gogh, Guernica, et le documentaire anti-colonialiste « les statues meurent aussi » qui avait été promptement censuré, interdit de distribution.  Nous pourrons y revenir plus tard mais Nuit et Brouillard fut aussi censuré. (Demande de coupes du képi de gendarme à Pithiviers, et au festival de Cannes : d'anciens déportés menacent de manifester en tenue de déportés sur la Croisette, car le gouvernement français ne voulait pas présenter le film pour ne pas fâcher les Allemands.)


Resnais refusa d’emblée. Il lui apparaissait évident qu’un tel film devrait être réalisé par un ancien interné. Des amis communs intercédèrent (Tovarnicki et Chris Marker). Je pense qu’engager un grand ami de Marker pour écrire le commentaire, Jean Cayrol, fut sûrement décisif pour emporter l’accord d’Alain Resnais. Cayrol avait été emprisonné à Mauthausen pour faits de résistance. Écrivain et poète il avait écrit les « Poèmes de la nuit et du brouillard" publiés en 1945.  Cayrol apportait donc ainsi à Resnais la caution morale, la caution d’expérience qui lui faisaient défaut. À noter que, quand il s’agirait plus tard d’écrire le commentaire, en visionnant le premier montage de Resnais, les images étaient si terribles qu’elles rendirent Jean Cayrol malade et qu’il ne put écrire en visionnant le film. Ce fut donc un duo de voix qu'on retrouve dans le commentaire car le ton si particulier et sarcastique de Marker ("On affiche complet" ) est omniprésent dans le film.




Anatole Dauman. 
Photo aimablement confiée par sa fille Florence.

Et sur ce site vous pourrez 

retrouver les affiches de ses nombreuses 

et prestigieuses productions

Anatole Dauman a toujours pris des risques en privilégiant le coté artistique de l’œuvre, le talent de l’auteur, et la plupart de ses films ont reçu de très grands prix, Cannes, Berlin, Venise, etc. et les critiques les plus élogieuses.


Aussi quand Resnais a fait grimper le budget en demandant de tourner en couleur (les archives sont en noir et blanc, mais les scènes de tournage sont en couleur) ce qui rendait l’exploitation du film très coûteuse car il fallait tirer toutes les copies en couleur, mon père a répondu immédiatement qu’il trouverait le financement. Idem pour l’engagement du compositeur autrichien Hanns Eisler au lieu d’utiliser une musique déjà existante. Hanns Eisler, élève de Schoenberg, compositeur pour des pièces de Brecht, avait aussi écrit l’hymne national de la RDA. Il avait fui l’Allemagne en 33 où il était devenu compositeur non grata.

 

Le film fut, après sa sortie en France, d’abord distribué en RDA, puis en RFA, puis dans de nombreux autres pays. En France il fut très largement diffusé, particulièrement dans les circuits non-commerciaux et éducatifs. Henri Michel et Olga Wormser prirent leur bâton de pèlerin et allèrent présenter le film dans un grand nombre de villes, en France et en Europe...

Florence Dauman



En guise de conclusion, il nous paraît important également de rappeler qu'Anatole Dauman fut, avant de travailler dans le monde du cinéma, un Résistant très courageux, qui s'engagea à 16 ans (il était né à Varsovie en 1925) à Nice, ainsi qu'en témoignent ses états de service, dûment homologués après la guerre, et signés par le chef de bataillon Lecuyer, dont – signalons-le pour nos membres des Alpes-Maritimes – le fils, colonel lui-même, est un ami de notre association !


Anatole Dauman est entré au groupe Liberté en février 41, puis au groupe Veny, Mouvement de la France au combat en février 1942 en qualité d’organisateur de l’imprimerie clandestine pour la rédaction de fausses pièces d’identité, puis, en janvier 1943, il dirige le même service pour le compte de Libération Sud dans la biscuiterie Isnard, à Nice, et par la suite à l’Hôtel du Pré Catelan. En mars 1943, il travaille à l’évasion de Marianne Joseph, ex-agent du 2èmebureau, internée au camp de Gurs, ainsi qu’à l’évasion d’autres détenus. 

Il est arrêté le 30 octobre 1943, Bd de la Madeleine – où il habitait sous la fausse identité de Philippe Dumont –, par la police allemande, des SS & des SD, et il est interné aux "Nouvelles Prisons de Nice", pour être déporté. Il s’évade du train de déportation le 6 novembre au niveau de la gare de Valence. 

Il a fait partie du réseau Georges-France 31. 

Et, à partir du 1erjuillet 44, il a préparé les parachutages annoncés et reçus par des messages personnels : « Il est né sur les bords du Rhin » / « La côte est dure » ! Il a aussi participé à des embuscades et à des sabotages. 

Tout cela a été consigné noir sur blanc à la Libération, et il a reçu la Croix de Guerre avec étoile d’argent, qui lui fut remise par le Général de Brigade Vincent. 


* * * * 

 


*À PRÉSENT, SI VOUS SOUHAITEZ ÉCOUTER OU RÉ-ÉCOUTER CETTE ÉMISSION, IL VOUS SUFFIRA DE CLIQUER SUR CE LIEN. BONNE ÉCOUTE, ET À BIENTÔT !



 

 

 


vendredi 28 octobre 2022

HERBERT TRAUBE & CLARA LAURENT. LE FILM.






L'AMEJDAM a eu l'honneur et le plaisir de participer à la soirée unique de présentation du film documentaire de Clara Laurent sur Herbert Traube "Le destin français d'un indésirable". Ce documentaire retrace en 1 heure 30 le parcours exceptionnel d'Herbert Traube, qui a notamment échappé à la déportation en sautant par la lucarne d'un wagon, puis finalement réussi à intégrer la Légion Étrangère pour combattre les nazis, grâce à de rocambolesques concours de circonstances, initiés, il faut le dire, par son intelligence et sa phénoménale capacité d'adaptation !

Ceux et celles d'entre vous qui n'ont pas pu assister à cette soirée exceptionnelle – à la suite de laquelle Herbert Traube et la jeune réalisatrice de ce film, Clara Laurent, ont répondu aux questions et remarques de la salle (comble ce soir-là au cinéma Jean-Paul Belmondo, ex-Mercury) – pourront, nous l'espérons, en guetter ailleurs une prochaine projection, en attendant qu'une chaîne de télévision avisée l'achète et le diffuse à son tour. 

Le parcours incroyable de ce héros peu ordinaire a ébloui les spectateurs présents, autant que ses réponses percutantes et pertinentes à leurs questions. 

Plutôt que de vous les détailler ici, nous vous renvoyons à cet article paru lors de la sortie de son livre autobiographique, ICI



Et, pour compléter vos connaissances sur le "making of" du film, écoutez aussi l'interview que nous a accordée la réalisatrice, Clara Laurent, toujours dans le cadre de notre émission "Au nom des enfants". Ce sera 

Pour clore, un article de Nice-Matin à son sujet, et quelques photos, ci-dessous, des privilégiées de l'AMEJDAM qui ont pu  figurer à ses côtés ce soir-là ! 




Herbert Traube et Clara Laurent, la réalisatrice de ce documentaire



Herbert Traube en compagnie 
de notre Présidente, Michèle Merowka, 
et de la rédactrice de ce billet, à gauche 


Bonnes découvertes, à bientôt sur ce blog, et n'oubliez pas de nous suivre aussi sur RCN !


DERNIÈRE MINUTE : SUR LE SITE DE CLARA LAURENT, VOUS POURREZ DÉCOUVRIR LES DATES À VENIR DE PROJECTION DE CE FILM. 

 

lundi 10 octobre 2022

MICHÈLE MEROWKA : UNE RÉCOMPENSE MÉRITÉE

 Le 30 septembre dernier a eu lieu une cérémonie particulièrement importante et émouvante pour tous les membres de notre association, puisque a été remis ce jour-là, à la Villa Masséna, à Nice, l'insigne de "Chevalier dans l'Ordre National du Mérite"




Cette récompense lui a été remise par Serge Klarsfeld, en présence de Christian Estrosi, le maire de Nice, de Beate Klarsfeld, des membres de sa famille proche, et d'une nombreuse assemblée. Inutile de dire que ce fut une magnifique cérémonie, très émouvante, au cours de laquelle les discours prononcés ont été pertinents et percutants. 







Pour rappel : 

Après la Légion d'Honneur, l'Ordre National du Mérite est le second ordre national visant à honorer des citoyens français. Il récompense les mérites distingués acquis soit dans une fonction publique, civile ou militaire, soit dans l'exercice d'une activité privée. Vous ne pouvez pas en faire la demande vous-même : il faut être proposé par quelqu'un d'autre. L'Ordre National du Mérite se compose de Chevaliers, Officiers, Commandeurs, 
puis Grands Officiers et Grand-Croix. 

En l'occurence, c'est notre trésorier, Serge Binsztok, qui en a fait la demande pour Michèle Merowka. Belle initiative, merci à lui !
















Michèle elle-même a ensuite prononcé un discours de remerciement qui nous a tous émus. 




Michèle remercie Christian Estrosi, sous le regard attentif 
de Serge Binsztok et de son épouse Élise




Cet événement majeur honore également le travail de tous les membres de l'association, car Michèle a tenu à souligner que nous constituons depuis les débuts une équipe à laquelle chacun et chacune apporte sa petite pierre. Nous lui en sommes tous reconnaissants.  



Pour plus de détails personnels, nous vous engageons à cliquer sur ce lien, qui renvoie à l'interview menée sur RCN 89.3 par ses ... acolytes, au cours de laquelle Michèle a détaillé les points essentiels de son travail pour l'AMEJDAM. 

Ce sera par ICI



Merci aussi à tous les photographes qui ont bien voulu nous confier leurs précieuses images. 

vendredi 7 octobre 2022

ACTUALITÉ RÉCENTE

CE MOIS-CI, NOUS AVONS VÉCU QUELQUES ÉVÉNEMENTS IMPORTANTS POUR NOTRE ASSOCIATION 


-– Le 22 septembre dernier, nous avons reçu, sur l'antenne de RCN 89.3, dans le cadre de notre émission hebdomadaire AU NOM DES ENFANTS, Élise et Serge Binsztok, tous deux membres essentiels du bureau de notre association. 


Ils sont venus évoquer, pour nos auditeurs et auditrices, leur passé d'enfants cachés pendant l'Occupation. Leurs frayeurs, leur douleur, mais aussi leur vie d'enfants presque normaux, malgré la menace omniprésente. Tous deux en sont sortis physiquement indemnes et sont devenus de très belles personnes, que nous sommes fiers et honorés de connaître. Merci à eux d'avoir eu le courage de venir revivre à l'antenne ces moments difficiles de leur longue vie. 

Vous pouvez ré-écouter leur témoignage en cliquant ICI

* * * * *

– Nous avons également interviewé, le 29 septembre, le musicien Maurice Vinitzki, qui vient de publier un livre, co-écrit avec Christian Zerri : SAUVÉS PAR LA MUSIQUE, aux éditions Ovadia, dans la collection Atmosphère. Il y raconte l'épopée musicale étonnante de toute sa famille, et la manière dont en effet, la musique leur a sauvé la vie...




Vous pouvez réécouter son témoignage en cliquant ICI. Il nous a tenus en haleine pendant les 30 minutes de l'émission, et même au delà.

* * * * *

– Le même jour, nous avons assisté, grâce au FSJU, à l'avant-première du film SIMONE, LE VOYAGE DU SIÈCLE. Un film d'Olivier Dahan, dont nous avons longuement parlé sur RCN le 6 octobre dernier : Ce sera par .





Un très beau film, 

présenté avec émotion à un public de scolaires

et de membres de "Passerelles", par 

Stéphanie Assor-Lardant, du FSJU

et Michèle Merowka


– À voir également (et rapidement) sur les écrans niçois : BABI YAR.  CONTEXTE. 




C'est-là un film documentaire néerlando-ukrainien, de Serge Loznitza, qui a reçu de nombreuses récompenses, au Festival de Cannes et ailleurs dans le monde. 

Il est intéressant, en cette période de guerre en Ukraine, de voir ces images, qui évoquent notamment le massacre de Babi Yar et le pogrom de Lviv, perpétrés en 1941. Il s'agit-là d'un documentaire sobre, majoritairement en noir et blanc, empreint de silence, car dénué de tout commentaire en voix off, mais dont la bande son a été magistralement retravaillée. Seuls des cartons très simples donnent des informations sur le contexte. Le film donne à penser que les Ukrainiens dans leur majorité ont accueilli les Nazis avec enthousiasme, par rejet pur et simple des communistes, et que tous ont participé à l'extermination des Juifs... Une position qui est toutefois controversée par de nombreux contemporains, qui rappellent que l'Ukraine compte l'un des plus grand nombre de "Justes Parmi les Nations", soit plus de 2600, et que le sentiment antisémite y est, paraît-il l'un des plus faibles au monde*. 

Il n'en reste pas moins que ce film est extrêmement intéressant, sans jamais être complaisant, et qu'il informe les moins avertis de ce que fut la "Shoah par balles", que le Père Desbois fait connaître dans le monde depuis de nombreuses années. 

Rappelons à ce propos que Babi Yar ne fut pas le seul lieu de massacre en masse, puisque de nombreuses fosses communes ont été découvertes grâce à ce prêtre, un peu partout en Ukraine.  Un film à voir, et à faire connaître, quelles que soient les polémiques qui l'accompagnent. 


* * * * *

– Le 30 septembre, nous avons eu l'immense plaisir d'assister à la remise de la Médaille du Mérite à notre Présidente, Michèle Merowka. Un billet complet lui sera consacré, qui inclura une interview sur RCN, donc revenez vite sur ce blog !





*Lire notamment à ce sujet l'article des Cahiers du Cinéma qui nous a éclairés sur le contexte. ce sera par ICI



mardi 30 août 2022

OPIO 2022

UNE ÉMOUVANTE CÉRÉMONIE 

CE 24 AOÛT, À OPIO 


Les lecteurs et lectrices de ce blog connaissent bien à présent l'état de nos recherches sur les 5 membres de la famille Bocobza qui ont été arrêtés à Opio le 23 décembre 1943, et déportés sans retour... Pour rappel, vous pouvez cliquer sur ce lien si votre mémoire flanche un peu, et ensuite sur les liens qu'il contient, car c'est une enquête qui a eu de nombreux rebondissements !

Comme chaque année depuis 4 ans, et en présence de nombreux membres de notre association, nous avons donc déposé une gerbe de fleurs devant la plaque, tandis que M. Thierry Occelli, le maire d'Opio, et sa première adjointe y déposaient chacun une pierre, en signe de respect pour les traditions juives. Après quelques mots d'hommage et  de remerciement de notre Présidente, M. Occelli a  souligné l'implication de son village dans le rappel de ce tragique épisode. 

Photo ©Suzanne Beer

    Photo ©Jacques Lefebvre-Linetzky

Mais cette année, Monsieur le Maire nous a réservé une surprise : il a obtenu de Mme Veronika Fiala-Feurstein, la propriétaire actuelle du Castillo, qu'elle permette à notre groupe de visiter le jardin de sa propriété, dont on se souvient qu'elle avait appartenu à Mme Elisabeth Starr, une Américaine dévouée à la cause des Résistants, qui avait également aidé des soldats de la Première Guerre mondiale. Elle avait commencé à cacher des enfants juifs, et a tellement aidé les autres, en général, qu'elle en est morte de malnutrition, en 1942. 


Ci-dessus, un document exceptionnel que m'a confié Mme Maureen Emerson. Cette carte postale lui a été envoyée par la famille d'une femme qui avait servi avec Elisabeth Starr pendant la Première Guerre mondiale. Elisabeth avait noté, de son écriture si reconnaissable :
"Fermière un jour, fermière toujours" ! 
Il semblerait que c'est la seule fois, depuis la guerre, qu'elle apparaissait revêtue d'une jupe ! 
(Propos rédigés par Maureen Emerson)

On voit bien sur la photo ci-dessus l'état assez sommaire du Castello à l'époque, et le fait que le jardin ressemblait à celui d'une ferme. Ce n'est plus le cas actuellement !



Photos ©Jacques Lefebvre-Linetzky

C'est à la Bastide, une autre maison proche, que résidait la famille Perles, qui fut sauvée grâce à Robert Bocobza. Celui-ci avait couru depuis la Villa San Peyre, cavalant à travers les restanques pour avertir les Perles de l'arrivée des sinistres Citroën, dites 'tractions avant', et des miliciens qui allaient les arrêter. 

On comprend, sur les images ci-dessous, la position dominante des maisons de cette allée qui longe les restanques maintenant plantées de magnifiques oliviers. À l'époque on y cultivait de quoi subvenir aux besoins des habitants des quatre maisons de San Peyre.

Photo ©Cathie Fidler 

Photo ©Jacques Lefebvre-Linetzky

Nous avons pu imaginer la paix relative dont ont joui ces réfugiés, et nous nous sommes tous fait la réflexion que leurs derniers mois avaient dû être bien paisibles, malgré l'angoisse sous-jacente, et le danger permanent d'une arrestation.


Photo ©Suzanne Beer

Mme Veronika Fiala-Feurstein, entre notre présidente, 
Michèle Merowka (à droite) et Cathie Fidler


Un sympathique apéritif a ensuite été servi en cet endroit spectaculaire aux nombreux membres de l'AMEJDAM qui étaient présents, parfois venus de loin, et ce,  grâce à  M. le Maire et à son équipe. 

Pour clore, nous informons nos lecteurs assidus (et les autres) qu'un membre de la famille Bocobza nous a contactés l'an dernier, Robert ayant eu des descendants. 

À présent, un lieu de recueillement les attend à Opio, et c'est cela qui compte pour nous. Notre travail de mémoire est achevé. Cette histoire appartient désormais aussi à la Ville d'Opio, ainsi que l'a dit M. le Maire le matin, et également lors de la cérémonie dédiée à la Libération du Pays Grassois, qui a eu lieu le même jour à 18:30. Ceci est particulièrement important pour nous, et nous l'en remercions vivement. 

L'AMEJDAM est donc très satisfaite de cet épilogue, et d'avoir contribué, ainsi que le veut sa vocation, à la pérennité de la mémoire.  


POUR NE PAS LES OUBLIER 


* * * * * *


Ci-dessous le texte de la courte allocution que j'ai prononcée lors du dépôt de notre gerbe : 

Voilà, c’est la 4ème année que nous nous réunissons ici pour honorer la mémoire des 5 membres de cette famille Bocobza qui ont été arrêtés dans ce village et déportés sans retour. Je ne reviendrai pas sur le détail de cette tragique histoire, mais rappellerai juste qu’ils étaient venus de Marseille où le père était épicier, pour se réfugier ici. Hélas ils y ont été arrêtés en décembre 1943, à la villa San Peyre… là-haut sur la colline … Le plus jeune fils n’avait pas 18 ans et il était handicapé physiquement, partiellement paralysé, suite à la polio. Seuls ont survécu la maman qui était catholique, et un autre fils, Robert qui s’était échappé à temps pour prévenir une autre famille juive réfugiée un peu plus loin : grâce à lui ses membres ont survécu à cette tragédie. Chaque année nous honorons ici la mémoire de ces déportés et postons sur notre blog ce que nous avons découvert. L’an dernier nous avons finalement été contactés par une descendante de Robert, qui avait survécu. Nous espérons que cette plaque pourra servir de lieu de mémoire à cette famille ainsi qu’à tous les habitants d’Opio, dont bon nombre sont les descendants des villageois témoins de cette époque si tragique. C’est pour eux tous que cette plaque existe en ce lieu, afin de rappeler à quoi mènent les fanatismes. Je voudrais aussi rajouter une pensée reconnaissante pour Elisabeth Starr, qui repose ici à Opio : cette Américaine très francophile protégea les résistants et se dévoua à la cause des enfants juifs cachés. 

Merci, Monsieur le maire, d’avoir accompagné notre travail et permis à vos administrés de continuer à honorer ici la mémoire de ces déportés. Leur histoire fait aussi partie de la vôtre. Que leur souvenir soit source de paix et de fraternité. Je vous remercie. 


Cathie Fidler